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Commerce du bois et des produits forestiers ligneux en Afrique: Un déficit de 65,6 milliards de dollars entre 1992 et 2020

Economie
Les pays africains dépensent plus dans l’importation du bois et des produits dérivés du bois  qu’ils n’en gagnent des exportation Les pays africains dépensent plus dans l’importation du bois et des produits dérivés du bois qu’ils n’en gagnent des exportation

Les pays africains dépensent plus dans l’importation du bois et des produits dérivés du bois qu’ils n’en gagnent des exportations, selon un récent rapport publié par la Bad. Le déficit commercial est estimé à 65,6 milliards de dollars entre 1992 et 2020.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 13 mars 2024 à 02h38 Durée 3 min.
#Commerce du bois et des produits forestiers ligneux en Afrique
En Afrique, les produits forestiers ligneux primaires ont enregistré un excédent commercial total de 23,2 milliards de dollars américains sur la période 1992 à 2020, tandis que les produits ligneux secondaires et des produits ligneux tertiaires ont affiché des déficits commerciaux respectifs de 28,9 milliards de dollars et 59,9 milliards de dollars sur la même période, selon le rapport Regional timber trade flows and trends in Africa (Flux et tendances du commerce régional du bois en Afrique) publié par la Banque africaine de développement (Bad, 2024). Ainsi, la balance commerciale totale du bois et des produits forestiers ligneux en Afrique enregistre un déficit global de 65,6 milliards de dollars, indique le document du Centre africain de gestion des ressources naturelles et d'investissement (Anrc) du groupe de la Bad. Il en ressort que les pays africains dépensent bien plus pour importer du bois et des produits du bois qu’ils n’en gagnent de leurs exportations de produits forestiers bois.
De 1992 à 2020, détaille le rapport, les valeurs des balances commerciales totales des produits ligneux primaires en Afrique ont régulièrement enregistré des excédents, avec des fluctuations entre 1992 et 2008, suivis de récessions en 2009 et 2012 avec des déficits respectifs d’environ 156 millions de dollars et 45 millions de dollars. Sur la même période, les balances commerciales des produits ligneux secondaires ont connu à la fois des excédents et des déficits dont celui de 2014 évalué à environ 3 milliards de dollars Us. En ce qui concerne les produits ligneux tertiaires, les soldes totaux montrent des déficits sur la période d’étude. De 1998 à 2015, les valeurs ont eu tendance à augmenter au fil des années, mais avec un déficit plus bas de 4,8 milliards de dollars en 2012 avant une reprise progressive. 

Parts de marché

Les flux d’exportation et d’importation de produits ligneux primaires, secondaires et tertiaires vers les autres parties du monde varient selon les cinq régions économiques d’Afrique. Le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo et le Gabon figuraient dans le top 10 en termes d’ouverture commerciale pour le secteur forestier.
En termes de concentration commerciale, 68 pays ont importé des grumes de l’Afrique, pour un total de 414,3 millions de dollars américains en 2020, tandis que 109 pays ont importé des grumes de sciage de l’Afrique pour une valeur d’environ 901,5 millions de dollars. 
L’Asie s’est taillée la part du lion dans les exportations de grumes d’Afrique avec 83,0 % en 2020. Les cinq premiers pays sur le marché des exportations étaient : la Chine (70,9 % des exportations totales), le Viêt Nam (8,9 %), l’Inde (1,4 %), Hong Kong (0,7 %) et Taïwan (0,4 %). 
Pour les marchés d’importation, l’Afrique et l’Europe détenaient respectivement des parts de 47,9 % et 47,2 % dans le monde. Les cinq principaux marchés d’importation en Afrique étaient l’Afrique du Sud (34,2 %), l’Eswatini (5,9 %), le Zimbabwe (4,7 %), le Libéria (0,6 %) et le Mozambique (0,5 %). Pour l’Europe, les cinq principaux marchés d’importation de grumes étaient : la Finlande (30,6 %), la Belgique (5,2 %), la Pologne (2,8 %), l’Estonie (2,32 %) et la France (2,31 %). 
Pour les sciages, l’Asie détient sur le marché d’exportation une part de 62,3 % en 2020. Les cinq principaux marchés importateurs étaient : la Chine (46,1 % des exportations totales), le Viêt Nam (5,8 %), l’Inde (3,4 %), la Malaisie (1,7 %) et les Philippines (1,4 %).
Pour le marché d’importation des sciages, l’Europe détenait la part majoritaire avec 76,9 % des importations totales. Les cinq premiers sur le marché d’importation étaient : la Suède (23,4 %), la Finlande (18,0 %), la Fédération de Russie (10,8 %), la Croatie (5,3 %) et l’Autriche (3,9 %).

Trois recommandations

L’Afrique a été un importateur net du bois et des produits forestiers bois au cours des trente dernières années. Les excédents croissants des produits ligneux primaires ne suffisent pas à couvrir les déficits croissants des produits ligneux secondaires et tertiaires. 
Pour inverser la tendance, les industries forestières et les associations commerciales devraient investir dans la transformation ultérieure des produits du bois afin d’accroître leur capacité et d’améliorer leur qualité pour répondre aux exigences du marché intérieur, préconise le rapport de la Bad. Elles sont invitées à organiser des foires commerciales et des expositions aux niveaux national, régional et international et à participer à celles qui se tiennent à l’étranger pour recueillir des informations sur le marché, afin de gagner des clients pour le bois africain et d’attirer les investisseurs.
La collaboration des communautés économiques régionales et de l’Union africaine avec le Secrétariat de la Zone de libre-échange continental en Afrique (Zlecaf) permettront d’exploiter les opportunités d’amélioration du commerce du bois et d’explorer les moyens d’établir des pôles manufacturiers régionaux pour créer des économies d’échelle sur la valeur ajoutée et l'industrialisation du secteur forestier.
Les banques multilatérales de développement et les autres donateurs sont appelés à soutenir les investissements visant à accroître les capacités de transformation des produits ligneux dans les principaux pays producteurs et soutenir la mise en place d’un système d’information marketing pour le bois et les produits de bois au niveau continental.