Commercialisation des noix et amandes de cajou du Bénin: Les acteurs sensibilisés aux nouvelles mesures de contrôles
Economie
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 24 juin 2021
à
09h21
Les acteurs de la filière anacarde ont été entretenus, ce mercredi 23 juin à Cotonou, sur les enjeux de la commercialisation et les dispositions sanitaires prévues pour l’exportation des noix et amandes de cajou du Bénin. Organisée avec l’appui du projet BéninCajù de TechnoServe, la rencontre a permis de les sensibiliser aux mesures de contrôles qui entrent bientôt en vigueur pour préserver la qualité des produits béninois.
Des mesures d’amélioration de l’organisation du contrôle de la qualité des noix de cajou et ses dérivés entrent bientôt en vigueur. Les nouvelles dispositions sanitaires et les enjeux de la commercialisation des produits ont été présentés, ce mercredi à Cotonou, aux acteurs de la filière anacarde. C’est à la faveur d’une rencontre organisée par l’Agence pour la promotion des investissements et des exportations (Apiex) et l’Agence béninoise pour la sécurité sanitaire des aliments (Abssa) avec le soutien du projet BéninCajù de TechnoServe Bénin.
Avec un rendement en amandes (valeur Kor) entre 47 et 49 Ibs, les noix du Bénin ont une réputation mondiale pour leur qualité et leur goût exceptionnels. Ce qui fait gagner des montants substantiels sur la tonne par rapport à des noix d’autres pays de la sous-région. Mais force est de constater que les acteurs n’en profitent pas. Pis, cette qualité continue d’être dépréciée chaque année par les acheteurs internationaux du fait des mauvaises pratiques, fait observer Epiphane Sètondji Hossou, directeur général de l’Abssa.
Le non-respect des normes post-récolte, la baisse de la qualité des noix parfois mélangées à celles d’ailleurs de qualité inférieure et autres mauvaises pratiques contraignent les acteurs à la base à vendre leurs produits sans possibilité de contre-expertise. « Ce phénomène est la conséquence de la méconnaissance du dispositif de contrôle officiel par les acteurs d’une part, et du manque d’organisation de ce dispositif à toutes les phases de la commercialisation des noix et amandes d’autre part », analyse Epiphane Hossou.
Il est donc question de renforcer le dispositif existant et de pallier l’inexistence de certaines mesures règlementant les contrôles en vue de réduire les cas de rejet des produits causant d’énormes pertes aux acteurs de la filière, préconise Laurent Gangbès, directeur général de l’Apiex.
Dispositif renforcé
A en croire Conrad T. Kanmadozo, directeur des Contrôles de l’Abssa, le contrôle des noix de cajou est systématique et doit se faire désormais à trois niveaux : à la collecte, à l’achat et à l’exportation, sanctionnés par les certificats de qualité. Ces contrôles, détaille-t-il, portent sur la vérification des critères tels que l’aspect physique, la maturité, le conditionnement dans des sacs de jute, le grainage total, le taux d’humidité, les contrôles de qualité et phytosanitaire. Ces opérations permettent d’identifier éventuellement le mélange avec d’anciennes noix et le marquage (code de traçabilité), les moisissures, les noix tachetées ou pourries, les corps étrangers, la fumigation des lots, etc.
Depuis le lancement de la nouvelle campagne de commercialisation des noix de cajou, le 11 mars dernier, le Centre de quarantaine végétale et de fumigation (Cqf/Dpv) a contrôlé au port de Cotonou 148 218,478 tonnes de noix exportées principalement vers la Chine, l’Inde et le Vietnam, rapporte Pélagie Léodé, cheffe du centre. « La direction de Production végétale (Dpv) n’a reçu aucune notification d’interception liée à la présence des organismes nuisibles dans les lots contrôlés », se réjouit-elle. Cependant, la Dpv entend maintenir la veille sur la qualité phytosanitaire, en renforçant le dispositif en place.
Tout opérateur devra remplir des conditions avant l’exportation de noix de cajou et ses dérivés à partir du Bénin et au départ du port de Cotonou. Il devra être enregistré auprès de l’Abssa et du Conseil national des exportateurs de cajou (Conec-Bénin). Le processus d’enregistrement des exportateurs de noix et amandes de cajou au cours de l’année 2021 est en cours. A la date du 15 juin 2021, 13 dossiers d’exportateurs de noix de cajou sont en cours de traitement à l’Abssa.
L’exportateur devra se soumettre aux trois niveaux de contrôles de qualité physique des noix et des emballages tels que définis et obtenir les certificats requis, poursuit le directeur des Contrôles de l’Abssa. Aussi, doit-il adresser aux différentes structures de contrôle, quinze jours francs avant l’expédition du lot, une demande d’inspection et d’obtention des certificats requis, laquelle doit s’accompagner du Bordereau de livraison du produit, du Bordereau de réservation des conteneurs (Booking) et du Certificat de poids.
« Le respect de ces mesures de contrôles par tous les acteurs de la filière anacarde est une condition pour pérenniser les marchés et rétablir la confiance entre acheteurs et vendeurs », souligne le directeur général de l’Abssa.
Péniel Fanou, préisdent du Conec-Bénin insiste sur l’amélioration de la qualité des noix de cajou brutes au Bénin qui contribuera à l’augmentation des revenus à tous les maillons de la chaîne ainsi que des recettes de l’Etat.
Atouts et défis de la filière au Bénin
Deuxième pourvoyeur de devises au Bénin après le coton, la filière cajou contribue à hauteur de 7 % au produit intérieur brut (Pib) agricole et de 3 % au Pib global. Cette filière nourrit quelque 200 000 familles béninoises. En dépit de la pandémie de la Covid-19 qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement, quelque 168 000 tonnes de noix sont exportées au cours de la dernière campagne, selon Péniel Fanou, président Conec-Bénin.
L’ambition du gouvernement est de porter la production à 300 000 tonnes et d’en transformer la moitié d’ici 2026, tout en garantissant une valeur Kor entre 48 et 50 Ibs et un rendement d’au moins 800 kg/ha.
Le respect des exigences environnementales et sanitaires, la qualité des emballages utilisés, la traçabilité des produits, la mise en place d’un bon système d’informations commerciales, sont des défis à relever. A cela s’ajoutent les besoins d’une meilleure organisation de la commercialisation et surtout l’accroissement des capacités de transformation locale. Car, pour une capacité des usines estimée à 65 000 tonnes, la transformation réelle des noix sur place ne dépasse guère les 20 000 tonnes par an, soit moins de 15 % de la production nationale totale, selon les chiffres de TechnoServe/BéninCaju.
Les écueils de l’industrialisation ont pour noms : multiplicité d’intermédiaires rendant peu compétitifs les prix, difficultés d’approvisionnement des usines, crédit à taux d’intérêts élevés pour le financement des activités, baisse de prix des noix sur les marchés, non-respect des règles de la commercialisation.