La Nation Bénin...

Covid-19 / Prospérité partagée: Le recul de l’extrême pauvreté à 3 % en 2030 compromis

Economie
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 25 août 2021 à 08h50
L’objectif de réduire le taux de pauvreté extrême dans le monde à 3 % ne sera probablement pas atteint à l’horizon 2030. Le « Rapport 2020 sur la pauvreté et la prospérité partagée : Revers de fortune » indexe la pandémie de Covid-19 dont les effets se sont ajoutés à ceux des conflits armés et du changement climatique. Les ravages économiques de la crise sanitaire de Covid-19, aggravés par les effets des conflits armés et du changement climatique ont réduit à néant les progrès accomplis à grands sacrifices. La pandémie creuse les écarts de revenu, au risque de compromettre les chances d’une reprise et d’une croissance économiques sans exclus, indique le Rapport 2020 sur la pauvreté et la prospérité partagée : Revers de fortune de la Banque mondiale. Le document souligne que les populations déjà pauvres et vulnérables sont les premières victimes des suppressions d’emploi et du marasme causés par la pandémie à travers le monde. La crise modifie également en partie le profil de la pauvreté dans le monde en créant des millions de « nouveaux pauvres ». La pandémie pourrait faire basculer près de 100 millions de personnes dans l’extrême pauvreté à court terme. En fait, la lutte contre la pauvreté enregistre aujourd’hui sa pire régression à cause de la crise sanitaire, après des progrès continus notés depuis deux décennies. Les prévisions économiques annonçaient une contraction mondiale du produit intérieur brut (Pib) par habitant comprise entre 5 % (scénario de référence) et 8 % (scénario pessimiste) en 2020 à cause de la pandémie. Dans le scénario de référence, la pauvreté augmenterait de 1,2 point de pourcentage en 2020 et de 1,4 point en 2021. Dans le scénario pessimiste, elle augmenterait de 1,5 point en 2020 et de 1,9 point en 2021. Suivant ces deux scénarii, le taux de pauvreté dans le monde se situerait entre 9,1 % et 9,4 % en 2020 et entre 8,9 % et 9,4 % en 2021. Le nombre de personnes dans le monde qui basculeront dans la pauvreté, est estimé entre 88 millions et 115 millions. L’Afrique subsaharienne serait la deuxième région la plus touchée avec 26 à 40 millions de personnes supplémentaires, derrière l’Asie du Sud où 49 à 57 millions de personnes supplémentaires sont acculées à la misère. Agir En dépit des progrès, le recul de la pauvreté marquait déjà le pas avant la pandémie, du fait des effets conjugués des conflits armés et du réchauffement climatique. Le changement climatique, à lui seul, pourrait faire basculer 132 millions de personnes dans la pauvreté d’ici à 2030. Dans le scénario de référence, 6,7 % de la population mondiale vivront en dessous du seuil de pauvreté international, alors que l’objectif est de baisser à 3 % en 2030. Dans le scénario pessimiste, le taux de pauvreté extrême atteindrait 7 % en 2030. Pour atteindre un taux de 3 % dans le monde, il faudrait que tous les pays affichent un taux de croissance de 8,0 % par habitant dans le scénario de référence ou 8,5 % dans le scénario pessimiste, soit environ cinq fois plus que les taux historiques en Afrique subsaharienne. A moins d’une action massive, rapide et soutenue, alerte le rapport de la Banque mondiale, il sera encore plus difficile d’éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030, échéance fixée pour la réalisation du double objectif de la Banque mondiale de promouvoir une prospérité partagée en accroissant le revenu des deux quintiles les plus pauvres de la population et des Objectifs de développement durable (Odd) définis par les Nations Unies. L’objectif relève d’une chimère d’autant plus que les conséquences futures de la pandémie sont incertaines, avec l’apparition de nouveaux variants du coronavirus et la lenteur dans la vaccination. Politiques adéquates Les stratégies devront prendre en compte l’évolution du profil de la pauvreté et de la vulnérabilité, recommande l’édition 2020 du rapport biennal sur la pauvreté et la prospérité partagée. En fait, la pauvreté touche essentiellement le milieu rural, les jeunes et les personnes peu instruites. Les femmes sont surreprésentées parmi les pauvres. Il est question de mettre en place des programmes de protection sociale et des mesures qui permettent de créer des emplois et de renforcer le capital humain dans la phase de redressement. Ces programmes devront s’adresser à tous les pauvres, actuels et nouveaux et utiliser des mécanismes de ciblage et de soutien novateurs, notamment pour atteindre les travailleurs du secteur informel en milieu urbain comme rural, précise le document. La lutte prendra en compte les « points chauds » en ce qui concerne les conflits, le changement climatique et la pandémie de Covid-19. Pour ce faire, il faudra supprimer le clivage entre volonté politique et réalisation des objectifs visés pour répondre aux besoins des populations les plus pauvres. La promotion de l’apprentissage et des réponses innovantes s’avère nécessaire pour faire face à l’incertitude sans précédent suscitée par la pandémie. Aussi, faut-il investir dans la préparation et la prévention des crises à travers des programmes globaux au niveau national et international. Aucun pays ne pouvant à lui seul surmonter, et encore moins prévenir les crises comme celle que traverse actuellement le monde, la coopération et la coordination sont essentielles pour l’élaboration de politiques et la promotion de la solidarité sociale dans les pays touchés.