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Crises alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’Ouest et au Sahel: L’anticipation pour éviter le pire en 2021

Economie
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 21 déc. 2020 à 07h56
La 36e réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaire et nutritionnelle s’est déroulée virtuellement dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le 3 décembre dernier. Elle a fait le point de la campagne agropastorale 2020-2021 et des perspectives alimentaires et nutritionnelles, ainsi que des réponses apportées à la crise alimentaire 2020. « Pour la deuxième année consécutive, la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest doit se préparer à une crise alimentaire et nutritionnelle majeure en 2021. Près de seize millions sept cents personnes ont besoin d’une assistance alimentaire immédiate et vingt-trois millions six cents pourraient être concernées pendant la soudure 2021, en juin-août, si des mesures appropriées ne sont pas prises ». Cette alerte a été lancée par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (Csao), à la faveur de la 36e réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaire et nutritionnelle (Rpca). Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la prévalence de la malnutrition aiguë globale dépasse le seuil élevé de 10 % dans plusieurs pays sahéliens. Au regard de ces données, le réseau recommande l’urgence de « sonner au plus tôt la mobilisation politique et financière afin d’apporter des réponses appropriées face à cette situation alimentaire et nutritionnelle inédite, fortement exacerbée par les effets croisés des crises sécuritaire, sanitaire et de l’inflation ». Ibrahim Assane Mayaki, président honoraire du Csao, partage ses inquiétudes : « Cette année 2020 fut particulièrement difficile, car l’espace Sahel et Afrique de l’Ouest a dû faire face à la superposition de plusieurs crises alimentaire et nutritionnelle, sécuritaire, sanitaire, sans oublier la menace du péril acridien qui n’est pas totalement écartée ». Cette situation alimentaire et nutritionnelle sans précédent est provoquée par la conjonction de chocs socioéconomiques, sécuritaires et sanitaires. L’inflation qui frappe le Nigeria, le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée ne facilite pas les choses. Cette perte de pouvoir d’achat des devises locales ajoutée aux effets des mesures sanitaires liées à la Covid-19 maintiennent à la hausse les prix alimentaires et limitent l’accès aux effets des plus vulnérables. Ibrahim Assane Mayaki évoque deux mesures pour réduire les chocs de la crise alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Sahel. La première, indique-t-il, la région doit « s’atteler avec plus de vigueur à mettre à jour le logiciel des instruments de prévention, d’anticipation et de la gouvernance de la sécurité alimentaire en général. L’Afrique de l’Ouest est à la pointe de la réflexion et de l’innovation en la matière ». La seconde, insiste-t-il, «l’Afrique de l’Ouest et le Sahel doivent être en mesure de suivre et d’anticiper un nombre beaucoup plus important de facteurs qui interagissent pour créer la spirale de la faim et de la malnutrition. Cet exercice doit également intégrer un grand nombre de fragilités structurelles qui font que certaines zones et des groupes de la population ne sont pas en état de faire face aux chocs de toute nature ». ------------------- Bonnes perspectives en dépit des crises --------------------------------- Le Rpca note tout de même de bons résultats cette année dans le cadre de la campagne agropastorale 2020-2021. « Elle est globalement bonne malgré des inondations ayant engendré des pertes humaines et d’importants dégâts agricoles, notamment sur le riz au Niger et au Nigeria. La production céréalière prévisionnelle, estimée à 74.7 millions de tonnes, est en hausse de 1.4 % comparée à celle de la campagne précédente et de 9.3 % à la moyenne quinquennale », note le relevé de conclusion de la réunion. La production de tubercules est estimée à 194.8 millions de tonnes, en hausse de 3.7 % par rapport à la dernière campagne et de 11.6 % à la moyenne quinquennale. Comparativement à la précédente campagne, les productions des cultures de rente attendues sont en hausse, à l’exception du coton (-6 %), du niébé (-2 %) et du cacao (-4 %).