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Egalité des sexes devant la loi: 3,9 milliards de femmes se heurtent aux obstacles juridiques

Economie
Les indicateurs sur la sécurité, l’entrepreneuriat et la  garde d’enfants présentent les lacunes juridiques  les plus importantes Les indicateurs sur la sécurité, l’entrepreneuriat et la garde d’enfants présentent les lacunes juridiques les plus importantes

Quelque 3,9 milliards de femmes sont confrontées aux obstacles juridiques qui entravent leur participation à la vie économique, selon le dernier rapport « Les femmes, l’entreprise et le droit 2024» de la Banque mondiale. Les carences persistent surtout dans l’application des lois en matière de sécurité, d’entrepreneuriat, de garde d’enfants et de rémunération.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 12 mars 2024 à 05h09 Durée 4 min.
#Egalité des sexes devant la loi
Le rapport Women, Business and the Law 2024 (Les femmes, l’entreprise et le droit 2024) fait apparaître un écart important en matière d’égalité des sexes devant la loi. Près de 4 milliards de femmes à travers le monde se heurtent à des obstacles juridiques qui entravent leur participation à la vie économique, précise le document lancé, vendredi 8 mars dernier à Lomé au Togo par le Groupe de la Banque mondiale, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. 
Les femmes jouissent d’environ deux tiers des droits reconnus aux hommes et nulle part dans le monde, elles n’ont les mêmes droits que les hommes pour les dix indicateurs mesurés. Le score moyen mondial est de 64,2 sur 100, selon le rapport.
La nouvelle évaluation de l’institution financière est axée sur les lois égalitaires en vigueur, les cadres favorisant la mise en œuvre de ces législations, ainsi que l’opinion d’experts. Aux huit indicateurs qui composent l’indice 1.0 à savoir Mobilité, Travail, Rémunération, Mariage, Parentalité, Entrepreneuriat, Actifs et Retraite, s’ajoutent deux autres pour l’indice 2.0 qui fixe une nouvelle limite pour mesurer l’environnement de l’inclusion économique des femmes. Il s’agit de la « Sécurité» qui mesure les cadres de lutte contre la violence à l'égard des femmes et la «Garde des enfants » qui mesure les cadres de disponibilité, d’accessibilité financière et de qualité des services de garde d'enfants.

Disparités

A partir des données à jour au 1er octobre 2023, aucune des 190 économies examinées dans ce rapport, le dixième de la série, n’a atteint la parité juridique entre les genres dans les domaines mesurés et aucune économie n’obtient donc un score de 100/100. Néanmoins, de nombreux pays ont accompli des progrès considérables dans la promulgation de lois qui garantissent l’égalité des chances, constatent les auteurs. Dans l’indice 1.0, le Togo occupe le 1er rang en Afrique et le 19e au niveau mondial, avec un score de 97,5 sur 100 attribué aux cadres juridiques (largement au-dessus de la moyenne d'Afrique qui est de 74). Le Bénin affiche un score de 83,8 attribué aux cadres juridiques dans l’indice 1.0. Dans l’indice 2.0, le pays se voit attribuer des scores de 70,0 pour les cadres juridiques, 29,2 pour les cadres d’appui et 65,6 pour les opinions d’experts.
L’indice des cadres juridiques révèle des disparités régionales importantes. L’écart entre les scores les plus élevés et ceux les plus bas est plus prononcé dans les économies à haut revenu, avec une différence considérable de 75 points, note le rapport. 
La réglementation du marché du travail, les services de garde d’enfants de qualité et d’un coût abordable, le soutien à l’entrepreneuriat et la sécurité des femmes sont des domaines où le retard est encore considérable et demande le plus d’amélioration.

Lacunes importantes

Plus de 90 % des économies n’ont pas de dispositions juridiques complètes en matière de sécurité, comme en témoigne le score global de 36,3. L’indicateur mondial sur les services de garde d’enfants affiche un score de 47,6 seulement ; une frange importante de pays (90 économies sur 190) présente un score inférieur ou égal à 25. 
Le rapport indique que seuls deux cinquièmes environ (39,5 %) des cadres d’appui nécessaires pour promouvoir la mise en œuvre de lois sur l’égalité des genres sont mis en place. Les mécanismes en la matière font défaut même dans les économies à haut revenu et particulièrement en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il en est de même des cadres d’appui nécessaires pour garantir l’application des lois, qui devront être renforcés davantage dans des domaines critiques comme le travail, les actifs, la garde d’enfants et la rémunération. Car, presque toutes les économies, même celles qui présentent les lois les plus égalitaires entre les hommes et les femmes, laissent apparaître des carences importantes dans l’application des lois dans ces domaines.
Environ 66 % des femmes jouissent des mêmes droits que les hommes, d’après les sondages d’opinion d’experts sur les droits des femmes dans divers domaines dont la perception varie selon les régions et les groupes de revenu. 
La majorité estime que moins de la moitié des femmes sont à l’abri de la violence fondée sur le genre et que les femmes se heurtent à des obstacles importants après avoir eu des enfants.