Evolution des prix à la consommation dans la zone Uemoa: La Bceao prévoit une remontée de l’inflation en 2020 et 2021
Economie
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 22 avr. 2020
à
09h43
Les produits alimentaires, notamment les céréales, devraient connaître une hausse des prix en 2020 et 2021, selon la Bceao. Mais l’inflation restera dans la zone de confort pour la conduite de la politique monétaire dans l’Uemoa, si le coronavirus ne dicte pas autrement sa loi.
Une remontée de l’inflation est anticipée en 2020 et 2021, dans un contexte de hausse des cours internationaux de produits alimentaires, selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Dans son « Rapport sur l’évolution des prix à la consommation dans l’Uemoa en 2019 et perspectives », l’institution projette un renchérissement des céréales locales notamment dans les pays sahéliens enclavés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
A en croire les économistes, après la forte baisse notée en 2019, les produits devraient coûter un peu plus cher en raison des résultats relativement moins satisfaisants de la production au cours de la campagne agricole 2019-2020. Le taux d’inflation, en moyenne annuelle, dans la zone s’établirait à 0,8 % en 2020 suivant le scénario central de prévision. Il se situerait dans un intervalle de 0,4 % à 1,2 % selon les scénarios baissier (optimiste) et haussier (pessimiste) dans l’ensemble des pays. Et, en 2021, la hausse des prix serait de 1,4 % suivant le scénario central et évoluerait entre 0,7 % et 2,2 %, selon les deux autres scénarios, indique la Bceao.
Néanmoins, la hausse des prix en 2020 et 2021 resterait dans la zone de confort définie pour la mise en œuvre de la politique monétaire, précise-t-elle. Seulement, souligne la Bceao, « Les perspectives d’évolution des prix sus-retracées ne prennent pas en compte l’impact du nouveau coronavirus (Covid-19) sur les économies de l’Uemoa». En raison de la pandémie du Covid-19, il peut être relevé une augmentation des prix des produits alimentaires, en lien avec les difficultés d’approvisionnement. Par ailleurs, l’extension de la pandémie pourrait accentuer la baisse du cours du baril de pétrole, les transports et les usines tournant au ralenti.
La Banque mondiale, dans son dernier rapport Africa’s Pulse, annonce une profonde récession dans les pays en Afrique subsaharienne. La croissance économique établie à 2,4 % en 2019 pourrait chuter jusqu’à
-5,1 % en 2020 dans le pire des cas.
La maladie du nouveau coronavirus risque de porter un coup dur aux pays de la zone Uemoa, avec la contraction de la production agricole, entraînant même une crise alimentaire qui se solderait par la baisse des importations de denrées alimentaires du fait du renchérissement des coûts de transaction.
Fortunes diverses
Le taux d’inflation dans les Etats membres de l’Uemoa s’est globalement inscrit en baisse. Mais la situation varie d’un pays à un autre. Globalement, l’on a noté une baisse du niveau général des prix principalement dans les pays sahéliens enclavés (Burkina, Mali et Niger) et dans une moindre mesure au Bénin en 2019 mais les autres pays ont enregistré une progression des prix au cours de l’année.
Le niveau général des prix à la consommation a enregistré une variation moyenne de -0,7 % en 2019 contre 1,2 % en 2018. La hausse de 9,0 % de la production céréalière au cours de la campagne 2018/2019 et la baisse de la demande extérieure dans certains pays, en raison de la situation sécuritaire, constituent les facteurs essentiels de ce repli des prix des produits alimentaires.
A noter que les tarifs de la communication ont également baissé tout comme les prix des produits frais. En revanche, les prix des produits pétroliers ont augmenté en 2019.
Eu égard aux perspectives, il serait judicieux pour les dirigeants d’anticiper cette crise en songeant à des programmes de protection sociale prévoyant des distributions d’aliments, des dispenses de redevances et autres, afin de venir en aide aux ménages les plus vulnérables.