La Nation Bénin...
Si au Bénin comme ailleurs, les exportations sont une source de richesse et de croissance économique, les problèmes de non compétitivité des entreprises sont vécus comme un manque de professionnalisme auquel on tente toujours d’apporter des solutions. Dans cette interview, Florent Kpatindé, consultant-formateur en commerce international, et spécialiste en accompagnement des entreprises, explique l’importance de bien connaître les normes et réglementations pour réussir à l’exportation et éviter pièges fréquents rencontrés par les entreprises sur les marchés étrangers.
Florent Kpatindé : Le commerce international à travers l'exportation peut contribuer au développement d’un pays en y attirant davantage d'investissements. L’exportation peut également permettre aussi bien aux entrepreneurs qu’aux groupes de producteurs et de services d’accroître leurs opportunités de vente. Nonobstant les nombreux avantages liés à ce type de vente, beaucoup d’entreprises qui prospèrent déjà sur le marché local avec des produits innovants potentiellement exportables hésitent très souvent à élargir leurs horizons pour vendre sur des marchés extérieurs. Plusieurs raisons peuvent justifier leur comportement. Il y a, entre autres, la méconnaissance de l’environnement du commerce international.
Sur
le marché international, les opportunités d’accroître le volume des ventes sont
en général plus grandes que celles dont on dispose sur le marché intérieur.
Ainsi, les exportateurs, producteurs et fournisseurs de service peuvent bénéficier
des opportunités du commerce international à travers une bonne maîtrise des
conditions d’accès aux marchés. D’abord, plusieurs raisons peuvent justifier la
nécessité pour toute entreprise d’envisager sérieusement la possibilité de
vendre à l’export. On peut citer la nécessité de développer son entreprise en
diversifiant sa clientèle et d’augmenter le volume de ses ventes, d’être moins
dépendante du marché local et de se protéger contre les effets de la hausse ou
de la baisse de la demande nationale, d’accroître le niveau de rendement, la
productivité et la compétitivité par l’amélioration des produits, des procédés
de production et la performance du personnel en raison des exigences liées à
l’exportation, et de gagner des devises étrangères en faisant des bénéfices en
raison des marges bénéficiaires sur les marchés internationaux plus élevées que
sur les marchés intérieurs.
Pour mieux profiter des avantages liés à l’exportation, l’entrepreneur désireux de vendre à l’export devrait connaître les normes du commerce international et en connaître les sources d’information pour pouvoir saisir des opportunités d’affaires et gérer ses stratégies avec plus de succès. Les entreprises dont les dirigeants prendront conscience de ces réalités et sauront adapter la stratégie de leur entreprise aux exigences du commerce international pourront prospérer.
Certains des défis auxquels doit faire face toute entreprise engagée dans le commerce international portent sur le nombre considérable de normes auxquelles doivent se soumettre les entreprises, la capacité d’adaptation aux fluctuations du marché, la concurrence farouche présente sur le marché international et en particulier dans certains secteurs d’activité, les barrières invisibles bloquant l’accès à des chaînes de valeur. L’entreprise doit en outre prendre en compte certains éléments tels que la capacité d’adaptation des produits existants afin de satisfaire les besoins du marché, l’amélioration des techniques et du savoir-faire du personnel de l’entreprise afin d’être en mesure de satisfaire les nouvelles demandes, la recherche de nouveaux capitaux pour financer le développement de l’entreprise, l’investissement des ressources à long terme conjugué à la patience avant d’avoir un retour sur investissement, la situation politique, financière et le cadre juridique du pays d’importation, les distances d’acheminement et les questions liées au transport, une incapacité d’appliquer une politique de commande en masse et en grande quantité en raison de certains obstacles. A cette phase, l’entreprise doit commencer par comprendre les avantages qu’elle peut tirer de la vente à l’export et les défis auxquels elle peut faire face. Mais la connaissance des normes qui régissent le commerce international permet de comprendre davantage les défis auxquels peut faire face un exportateur sur un marché étranger donné ainsi que les opportunités dont il dispose.
Il
faut dire que la réglementation du commerce international peut freiner ou
faciliter les exportations d'une entreprise. Selon que cette réglementation est
nationale ou internationale, toute entreprise sera appelée à investir davantage
en temps, en fonds et en efforts afin d'accéder à des marchés étrangers et y
survivre. Ces réglementations nationales et internationales consistent au
respect des barrières visibles et invisibles, au coût relatif au respect de ces
barrières et aux dépenses liées à l’adaptation des activités de l’entreprise
aux changements induits par lesdites barrières. Ce qui amène l’exportateur à
fournir des efforts sur les questions juridiques se rapportant au commerce
international.
Il est important que les exportateurs potentiels restent informés des changements et tendances du commerce à l’échelle globale et s'assurent en particulier que leurs services juridiques internes ou externes maîtrisent les lois en vigueur dans d'autres pays. Car malgré les efforts de normalisation de l’Omc qui est la seule organisation internationale légiférant entre les nations en matière de commerce, un certain nombre de divergences d’ordre juridique existent encore entre les pays du monde et cela peut avoir une incidence sur les activités d’exportation. Ces divergences peuvent relever de la propriété intellectuelle. On peut citer les droits d’auteur, les brevets et marques déposées, le règlement sanitaire, les lois sur la préservation de l’environnement, les normes publiques, conditions et taxes d’importation, la langue, notamment celle dans laquelle sont rédigées les étiquettes pour le conditionnement, la protection des consommateurs, les conditions de paiement et transactions monétaires internationales. C’est pourquoi, il est important pour les Pme exportatrices d’être bien informées au sujet de ces aspects juridiques avant de se lancer sur un marché et leurs efforts visant à maîtriser la réglementation en vigueur seront récompensés par une meilleure connaissance des défis auxquels elles peuvent faire face sur un marché étranger donné.
La question à se poser ici est de savoir s’il existe des normes ou des restrictions supplémentaires pour certains produits. Il faut dire que les pays exigent que les marchandises importées se conforment aux normes de qualité, de salubrité et de sécurité requises sur le plan international. Ces normes sont importantes pour la commercialisation des produits et des services sur le marché international parce qu'elles donnent des informations qui permettent à l'acheteur de facilement s’assurer de la qualité du produit, d’en découvrir les spécifications et ainsi se mettre en confiance. Les acheteurs peuvent avoir des hésitations quant à l'achat de produits dont les normes de fabrication sont différentes de celles de leur propre pays. Ces normes servent également à protéger la santé et la sécurité des consommateurs en même temps qu’elles garantissent la préservation de l'environnement.
Le
fait de se conformer aux normes internationales de fabrication facilite l’accès
aux marchés étrangers. Évidemment, celles-ci changent et les exportateurs
devraient être au courant de ces changements. Pour ce faire, ils doivent rester
en contact avec les organismes nationaux de normalisation, qui leur fourniront
les dernières informations sur ces normes. Car, plusieurs pays adoptent
actuellement des règles strictes de protection des consommateurs et de l'environnement
et ces règles diffèrent énormément selon les régions du monde et changent sur
une base presque quotidienne. Ce changement constant s'applique essentiellement
aux produits alimentaires, aux prescriptions de médicaments, aux produits
chimiques, et aux produits de consommation courante. Il est important pour une
Pme exportatrice de comprendre que lorsque ses procédés de production ne
respectent pas les normes en vigueur dans le pays d’importation, ses produits
buteront sur des barrières commerciales. C’est pourquoi la réglementation peut
également exiger que les produits soient testés dans le pays d'importation.
Elle peut aussi imposer des tests plus stricts ou plus coûteux à ces produits
qu’aux mêmes produits locaux et concurrents. Une telle pratique serait assez
éprouvante pour les Pme des pays en voie de développement comme le Bénin.
Les exportateurs doivent s'assurer que les normes de leurs produits ou services sont conformes aux normes du marché cible à travers un test certifiant que les produits répondent aux normes requises, l’homologation du produit dans le pays d'importation donné une fois qu'il est avéré qu’il répond aux normes, et la certification en gestion de qualité.
Il
faut que ces entreprises maitrisent également les accords et traités régissant
le commerce international. Il est officiellement connu que les accords de
l’organisation mondiale du commerce (Omc) sont des conventions qui garantissent
d’importants droits commerciaux aux pays membres et qui obligent les
gouvernements à mener leurs politiques commerciales dans le bien et l’intérêt
de tous.
On
peut citer les traités du Gatt, Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce, qui sont aujourd’hui le principal code des échanges à l’intérieur de
l’Omc. Les accords traitant des échanges des services sont connus sous le sigle
Gats. Les questions se rapportant à la propriété intellectuelle sont régies par
les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce
(Adpic). Selon ce traité Adpic, chaque pays devrait réviser ses lois afin
d'assurer une meilleure protection des brevets et d'autres formes de propriété
intellectuelle. Enfin, pour réussir en commerce international, il est important
de connaître les difficultés et opportunités potentielles pour son entreprise
et maîtriser la réglementation.
Mais,
indépendamment des efforts que l’exportateur doit fournir sur les questions
juridiques se rapportant au commerce international, nous constatons souvent que
certaines des plus grandes difficultés auxquelles font face les exportateurs
des pays en voie de développement peuvent être rencontrées à la frontière de
leur pays d’origine. Ces difficultés portent notamment sur le respect des
barrières visibles et invisibles, le coût relatif au respect de ces barrières
et aux dépenses liées à l’adaptation des activités de la Pme exportatrice aux changements
induits par lesdites barrières■