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Mesures complémentaires pour la relance de l’économie: Du crédit à 12 % maximum pour les exploitants agricoles

Economie
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 04 août 2020 à 08h40
Trois mesures spécifiques pour un montant de 100 milliards F Cfa permettront aux entreprises agricoles d'avoir accès au crédit à 12 % au plus et partiellement garanti par l’Etat. Les tenants et les aboutissants de ce mécanisme visant à atténuer les effets du Covid-19 ont été expliqués, à la faveur d’une conférence animée, jeudi dernier à Cotonou, par cinq ministres. Faciliter et garantir l’accès au financement aux exploitants agricoles pour contribuer à la croissance de la production végétale, animale et halieutique, tel est l’objectif visé par le gouvernement en initiant des mesures complémentaires dans le cadre de l’atténuation des effets économiques de la pandémie du Covid-19. D’un coût total chiffré à 100 milliards de F Cfa, elles permettront aux entreprises agricoles d'avoir accès au crédit à un taux maximal de 12 % et partiellement garanti par l’Etat. Les ministres concernés par le sujet sont montés au créneau, jeudi 30 juillet dernier à Cotonou, pour expliquer le mécanisme de mise en œuvre desdites mesures qui viennent compléter celles prises en faveur de certaines catégories d’entreprises, le 10 juin dernier, par le gouvernement. Les premières mesures s’élevaient à 74 milliards F Cfa dont 63 milliards destinés aux entreprises, 5 milliards aux artisans et environ 6 milliards à titre de subvention sur les tarifs d’électricité et d’eau, rappelle Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement. Comme les précédentes, les nouvelles mesures s’inscrivent dans la même dynamique de relancer l’économie nationale. Il s’agit de faire en sorte que les acteurs principaux qui contribuent à la forte croissance, ces quatre dernières années, soient soutenus dans leur demande de ressources pour accroître leurs activités, explique M. Bio Tchané. Les mesures additionnelles sont constituées d’un package de trois volets destiné à soutenir le secteur agricole, premier contributeur au Produit intérieur brut (Pib) pour plus de 25 %, avec seulement 2,9 % des crédits bancaires, selon Romuald Wadagni, ministre de l’Economie et des Finances. Pour le premier volet, détaille-t-il, les exploitants agricoles peuvent bénéficier de crédit à un taux maximum de 12 % auprès des banques ou systèmes financiers décentralisés (Sfd). Ceux-ci obtiendront un refinancement intégral au taux de 2 %, « donc pas cher », auprès du Fonds national pour le développement agricole (Fnda) à travers son sous-guichet «Fonds de garantie interbancaire pour le refinancement entre Institutions financières », pour un montant total de 50 milliards F Cfa. Une garantie de 50 % Le deuxième volet se traduit par une garantie de 50 % sous forme d'engagement par signature adossé à un « cash collatéral » de 35 milliards de F Cfa déposé à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) au nom du Fnda. Activé à partir du sous-guichet « Fonds de garantie pour l’accès des promoteurs/entrepreneurs agricoles au crédit », il est question, précise le ministre Wadagni, de rassurer les banques en partageant avec elles le risque à hauteur de 50 % du montant du crédit et ce, dans une limite maximale de 500 millions francs Cfa par entreprise. Cette garantie sera appelée après épuisement de toutes les voies de recouvrement des fonds par la banque. Le troisième volet vient en appui aux deux autres et consiste en la mise en place d’un fonds de bonification de 15 milliards de F Cfa qui sera mis en place pour sortir les crédits à un taux de 2 % au profit des bénéficiaires, selon le ministre des Finances. Ces trois instruments cumulables devraient inciter les banques à étudier avec beaucoup plus d’assurance les dossiers de demande de financement des entreprises agricoles qui sont présentes dans les filières porteuses, espère Gaston Dossouhoui, ministre en charge de l’Agriculture. Modeste Kérékou, ministre des petites et moyennes Entreprises, et Albin Fèliho, président de la Confédération nationale des employeurs du Bénin (Coneb) nourrissent le même souhait, après avoir fustigé la frilosité encore patente des banques à octroyer les crédits, malgré les garanties apportées par l’Etat. 10 milliards aux micro entreprises Les micro et très petites entreprises ne sont pas du reste. Le gouvernement leur assure un financement auprès des systèmes financiers décentralisés (Sfd) à des taux n'excédant pas 12 % au lieu de 20 % en moyenne à elles habituellement appliqué. En fait, une ligne de refinancement de 10 milliards de F Cfa leur est destinée auprès du Fonds national de la microfinance (Fnm). Les institutions pourront disposer de ressources à un taux de 2 % qu’elles vont pouvoir prêter à leurs clients. Véronique Tognifodé Mèwanou, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, entend veiller non seulement à ce que les fonds aillent effectivement aux cibles mais aussi au retour des fonds injectés, à travers un dispositif rigoureux de prise de garantie et de suivi-évaluation. En cas de détournement des ressources, le remboursement anticipé des créances sera exigible, a averti le Conseil des ministres en sa séance du mercredi dernier. Le Fnm et l’Agence nationale de surveillance des Sfd (Anssfd) sont instruits pour vérifier l’utilisation des ressources. C. U. P.