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Production agricole: L’Onu appelle à réorienter les subventions « nuisibles »

Economie
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 sept. 2021 à 12h49
Des subventions mondiales à l’agriculture entraînent des nuisances économiques, environnementales et sociales, selon un nouveau rapport de l’Onu. Les gouvernements sont invités à repenser les régimes de soutien en vue de transformer les systèmes agroalimentaires. Environ 87 % des subventions mondiales aux producteurs du secteur agricole entraînent une distorsion des prix et occasionnent des nuisances sur le plan environnemental et social. C’est une conclusion du rapport «A multi-billion-dollar opportunity: Repurposing agricultural support to transform food systems » (Une opportunité de plusieurs milliards de dollars : réorienter le soutien agricole pour transformer les systèmes alimentaires), publié par l’Organisation des Nations Unies (Onu). Quelque 470 milliards de dollars Us sur 540 milliards de dollars au total sont en cause. Dans le même temps, 2,37 milliards de personnes dans le monde n'avaient pas accès à une alimentation adéquate toute l’année et 811 millions étaient confrontées à la faim chronique en 2020, d’après le document. Le soutien actuel aux producteurs, indique le document, consiste essentiellement en des incitations par les prix : droits de douane à l’importation et subventions à l’exportation, mesures fiscales liées à la production d’un produit ou d’un intrant spécifique. Des dispositifs qui s’avèrent «inefficaces, faussent les prix des denrées alimentaires, nuisent à la santé des populations, dégradent l'environnement et sont souvent inéquitables, favorisant les grandes entreprises agroalimentaires au détriment des petits exploitants, dont une grande partie sont des femmes», renchérit un communiqué de presse de l’Organisation publié mardi dernier. Aussi de ce constat, l’Onu recommande la réaffectation des subventions agricoles, afin de promouvoir l'agriculture durable, d’éradiquer la faim, d’améliorer la nutrition. Il est question de récompenser les bonnes pratiques, notamment les approches intelligentes face au climat, pour améliorer à la fois la productivité et les résultats environnementaux, indique Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), cité dans le communiqué. « Cela améliorera également, précise-t-il, les moyens de subsistance des 500 millions de petits exploitants agricoles dans le monde, dont beaucoup sont des femmes, en garantissant des conditions de concurrence plus équitables. ». Restaurer les écosystèmes Des politiques agricoles durables menées en Inde, en Chine, au Royaume Uni, dans l’Union européenne, au Sénégal, sont mises en lumière. Les stratégies déployées mettent l’accent sur l’agriculture naturelle, la protection et la restauration des écosystèmes, la réduction de l’usage des engrais minéraux et des pesticides chimiques, la diversification des cultures. « Les gouvernements ont à présent l’occasion de transformer l'agriculture en un moteur majeur du bien-être humain, et en une solution aux menaces imminentes du changement climatique, de la perte de nature et de la pollution », estime, pour sa part, Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue). Le soutien agricole devra être orienté davantage vers le développement des infrastructures et la recherche, qui concentrent actuellement environ 110 milliards de dollars. Le rapport insiste qu’il faut modifier le soutien à l’industrie laitière et carnée surdimensionnée dans les pays développés, laquelle représente 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dans les pays à faible revenu, les pouvoirs publics sont invités à réorienter leur soutien aux pesticides et engrais toxiques ou à la croissance des monocultures. Le rapport publié par la Fao, le Pnud et le Pnue, vient en prélude au sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires prévu pour le 23 septembre prochain, dans le cadre de la Décennie d’action pour atteindre les Objectifs de développement durable (Odd) à l’horizon 2030. C’est « un appel à la prise de conscience pour que les gouvernements du monde entier repensent les régimes de soutien à l’agriculture afin de les rendre aptes à transformer nos systèmes agroalimentaires et à contribuer à améliorer ces quatre aspects : une meilleure nutrition, une meilleure production, un meilleur environnement et une meilleure vie », lance Qu Dongyu, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).