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Serge Milo Konan, expert sénior en technoligies: « Le travail collaboratif est un enjeu économique »

Economie
Par   Bruno SEWADE, le 19 juil. 2018 à 08h26
[caption id="attachment_30040" align="alignnone" width="1024"]Serge Milo Konan[/caption]

En marge du séminaire de présentation de la nouvelle application « Office 365 », le directeur des opérations commerciales de Cfao Technologies, l’expert sénior, Serge Milo Konan déclare que le travail collaboratif est un enjeu économique et que le monde est en train de changer. Les grandes entreprises ne doivent plus rester dans un système classique, soutient-il.

La Nation : Monsieur Serge Milo Konan lors de la présentation de l’application Office 365, vous avez déclaré que le travail collaboratif est un enjeu économique qui conduit à la route de productivité. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

Serge Milo Konan : Le travail collaboratif aujourd’hui est un véritable enjeu économique parce que lors du forum économique dernièrement, il a été mentionné que les grandes entreprises qui ne veulent pas changer leurs habitudes vont mourir aux dépens des jeunes entreprises qui sont, elles, beaucoup plus innovantes, beaucoup plus collaboratives, axées sur de nouvelles solutions qui permettent entre autres de pouvoir casser les lignes. Je prends une entreprise quelconque qui avait certaines habitudes. Il faut forcément que les employés aillent au bureau, il faut forcément que les employés viennent à 8 h afin de pouvoir être payés, etc. Oui c’est bien, ça a fait la fierté de nos différentes entreprises, ça a fait la fierté de nos différents Etats. Mais, aujourd’hui, il y a des exemples, il y a des cas très pratiques, il y a de jeunes entreprises, vous imaginez des entreprises comme Facebook, Google ou Microsoft, où les employés ne vont plus au travail chaque jour. L’employeur arrive à contrôler, à suivre le travail de ses employés à partir de certains outils, à partir de certaines solutions telles que les solutions que nous sommes en train de mentionner aujourd’hui, à savoir « Office 365 ». Il faut savoir que ces solutions vont permettre de pouvoir collaborer en temps réel, communiquer en temps réel et suivre le travail de vos différents collaborateurs à partir de différents tableaux de bord en temps réel. Ça fait que l’employé, quand il est en train de travailler à la maison, il peut communiquer avec son patron. Et le patron lui-même peut suivre le travail qu’il est en train de faire sans problème. C’est important pour l’employé de se sentir rassuré.

Et comment contrôler l’employé dans ces conditions ?

Aujourd’hui, le management où on poursuivait l’employé, où on suivait l’employé : fais ceci, fais cela, crée de la crispation et démotive les différentes équipes. Si vous permettez à l’employé d’envoyer son travail de la maison, vous verrez que cet employé sera quatre fois plus productif que l’employé qui arrive au bureau chaque matin à 8 h et qui finit à 17 h pour aller à la maison. Vous lui demandez de faire quelque chose, il vous dira : « Vous m’avez demandé de venir à 8 h je suis venu ; j’ai fini mon travail à 17 h et je suis sorti donc je ne suis plus obligé de travailler en dehors des heures convenues». Et comme ça, le travail est bloqué et si vous n’utilisez pas des systèmes qui vous permettent d’aller plus vite, vous allez voir que les petites entreprises qui utilisent de ces solutions qui permettent de travailler 24 sur 24 h, 365 jours sur 365, seront beaucoup plus réactives et vont avoir un volume de marché beaucoup plus important que vous et vous serez surpris.

Mais avec l’esprit « bureaucrate » de l’Africain et plus particulièrement dans le contexte béninois aujourd’hui, pensez-vous que ce système puisse marcher ?

Nous sommes optimistes en quelque sorte. Je pense que progressivement nous sommes en train de casser les lignes. Il faudrait qu’on amène nos différents Etats à comprendre que le monde est en pleine mutation et qu’on doit s’adapter. Je pense que ce sont des solutions qui peuvent vraiment conduire nos entreprises loin et je pense même que ces méthodes sont beaucoup plus intéressantes que les méthodes classiques.

Est-ce que ce n’est pas une manière de faire disparaître les grandes entreprises, en faveur de ce que nous appelons aujourd’hui les start up ?

Non, au contraire ! Je pense que tout ça c’est dans un contexte économique mondial. L’économie change, le monde est en train de changer puis on est dans un contexte où les grandes entreprises ne doivent plus rester dans un système classique où elles avaient le monopole total en quelque sorte. Nous sommes dans un monde aujourd’hui où la demande est vraiment grandissante et il faudrait que l’offre s’aligne à cette demande-là. Et si les grandes entreprises, à un moment donné, comprennent qu’elles ne peuvent plus satisfaire à ces demandes, franchement, il va y avoir de l’émergence. Donc, il y a des start up qui vont voir le jour, et il faudra qu'elles deviennent de grandes entreprises afin d’aider même l’économie de nos Etats. Ce système-là aide nos différentes économies en quelque sorte et l’économie même de nos Etats, parce qu’une entreprise qui se crée, va payer des impôts et des taxes, va embaucher des gens et plus elle grandit, plus les taxes montent et plus elle embauche.

Comment l’Etat peut-il contrôler ces genres d’entreprises ?

En Côte d’Ivoire par exemple, on a créé ce qu’on appelle le guichet unique, on a des structures telles que le Cepici (Centre de promotion des investissements en Côte d'Ivoire) et à un moment donné, notre gouvernement a motivé les différents acteurs à déclarer leurs différentes entreprises afin de bénéficier de certaines facilités. Ils ont créé ce qu’on appelle des canaux pour amener ces jeunes entreprises à se développer plus facilement. Je sais que ce n’est pas vraiment facile parce que ces petites entreprises ont beaucoup de problèmes surtout financiers, et je pense que c’est des points sur lesquels nos différents Etats sont en train de travailler afin d’aider ces entreprises. Quand on prend l’exemple de l’Europe, c’est des petites entreprises, c’est des Petites et moyennes entreprises (Pme) qui aujourd’hui contribuent à l’économie de ces pays, parce qu’à un moment donné ils ont su réguler, ils ont su encadrer ces petites entreprises là à monter. Ce sont ces entreprises qui deviennent des grosses entreprises à travers les filiales qu’elles créent ici. Je pense que nos Etats sont en train de faire le nécessaire et sont en train de tout mettre en œuvre afin d’encadrer les jeunes, car il faut le dire c’est la relève en quelque sorte. Non pas pour dire que nos grosses entreprises vont disparaître mais je pense qu’il leur faut un peu de motivation pour qu’elles puissent aussi changer et se développer.