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Sérgio Pimenta, vice-président pour l’Afrique d’Ifc : « Un nouveau partenariat s’ouvre avec le Bénin pour booster les Pme »

Economie
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 23 mai 2022 à 11h32
Sérgio Pimenta, vice-président pour l’Afrique de la Société financière inter-nationale (Ifc) a conduit, il y a quelques jours à Cotonou, une délégation de haut niveau composée de directeurs d’Ifc en Afrique, pour la tenue d’un atelier de renforcement du secteur privé dénommé « Ifc Day ». Dans cet entretien, il revient sur les objectifs de cette rencontre avec le gouvernement et les chefs d’entreprises du secteur privé et décline les axes de la nouvelle coopération qui s’ouvre entre le Bénin et cette structure du Groupe de la Banque mondiale. La Nation : Qu’est-ce qui justifie l’initiative de l’événement « Ifc Day » que la Société financière internationale a organisé, vendredi 13 mai dernier, à Cotonou ? Sérgio Pimenta : Le choix du Bénin, pour ce tout premier Ifc Day, est une preuve de l’importance stratégique du Bénin pour la Société financière internationale (Ifc). L’idée derrière cette initiative est d’engager une discussion approfondie et concrète avec le gouvernement et les entreprises du secteur privé afin d’aligner la stratégie d’Ifc sur la vision de développement du pays et les besoins du secteur privé. Ces échanges ouvrent la voie à une collaboration encore plus étroite entre Ifc et le gouvernement du Bénin pour booster l’économie béninoise à travers le développement de ses entreprises. Comme vous le savez, Ifc est la plus grande institution de développement axé sur le secteur privé dans les marchés émergents. Membre du Groupe de la Banque mondiale, nous travaillons dans plus de 100 pays dans le monde pour fournir des financements et des services-conseils afin de contribuer au développement du secteur privé. La pandémie de Covid-19 et les nouvelles incertitudes mondiales ont donné un caractère encore plus urgent à notre mission.   Que peut-on retenir des échanges ? Les discussions ont porté sur la stratégie et la proposition de valeur d’Ifc au Bénin, le Programme d’action du gouvernement (Pag II, 2021-2026) et le renforcement des secteurs prioritaires pour le développement économique du pays, notamment l’agro-industrie, le logement et les services financiers numériques. Nous avons échangé sur la manière dont l’institution déploie des investissements et des services-conseils pour stimuler la croissance et favoriser la création d’emplois et d’opportunités en Afrique. Le Bénin a déployé des efforts admirables pour faire face à la crise sanitaire et à ses retombées économiques. Avec une croissance de 6,6 % en 2021, et des prévisions tablant sur 6 % en moyenne sur la période 2022-24, le pays est en train de jeter les bases d’une croissance durable. Mais de nouveaux défis se profilent à l’horizon, surtout avec le conflit en Ukraine dont les répercussions exercent de nouvelles pressions sur l’économie mondiale.   Que préconise Ifc dans un tel contexte ? Il est urgent pour le Bénin de renforcer sa résilience aux chocs extérieurs, en mettant en place les conditions favorisant le développement d’un secteur privé fort, dynamique et créateur d’emploi. C’est ce que prévoit, très justement, le Programme d’action du gouvernement. IFC est engagée à soutenir ce programme et cette dynamique en intensifiant ses investissements et ses services-conseils. Pour cela, nous travaillons sur un certain nombre de projets dans des secteurs clés pour l’économie béninoise, notamment l’agroalimentaire, le tourisme, les infrastructures et les marchés financiers. Pour discuter de ces projets, je suis venu avec une délégation de haut niveau. Celle-ci comprend : Aliou Maïga, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale ; Manuel Reyes-Retana, directeur régional pour les institutions financières ; Linda Munyengeterwa, directrice régionale pour les infrastructures ; Samuel Dzotefe, directeur régional par intérim pour l’industrie manufacturière, l’agroalimentaire et les services. Je suis également accompagné d’Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale au Bénin. Ces projets visent notamment à tirer parti des opportunités offertes par la révolution numérique, dont l’importance a été encore mise en lumière par la pandémie, et les partenariats public-privé. Ils mettent aussi l’accent sur les groupes sous-représentés, en particulier les micros petites et moyennes entreprises (Mpme) détenues par des femmes et les jeunes. Les discussions avec les représentants du gouvernement et du secteur privé dans le cadre d’Ifc Day, ont été fructueuses et ouvrent la voie à un nouveau partenariat entre Ifc et le Bénin. Et j’attends des résultats concrets qui déboucheront sur un plan d’action précis.   Pour soutenir l’économie béninoise, Ifc a mis en place des lignes de partage de risques avec des banques locales. Ce dispositif a-t-il véritablement favorisé l’accès des petites et moyennes entreprises au financement ? Effectivement, nous avons mis en place deux lignes de financement des Pme à travers deux institutions bancaires de la place. Je suis content de voir qu’aujourd’hui ces deux banques ont fait, grâce au soutien d’Ifc, à peu près 800 prêts pour un montant total de plus de 30 milliards de F Cfa et ont donc touché de nombreuses entreprises locales dans leurs efforts d’investissements et d’opérations. C’est particulièrement important à une période où la pandémie a rendu l’accès au financement plus difficile pour les entreprises qui ont connu un ralentissement de leurs activités. Les résultats sont très positifs et nous sommes en train de finaliser deux autres lignes, cette fois-ci, de taille plus grande : les deux lignes feront probablement 30 millions de dollars (soit environ 18 milliards FCfa) au profit du Bénin, du Togo et de la Côte d’Ivoire. Avec cela, nous comptons augmenter fortement le nombre de PME bénéficiaires de financement.   Outre les lignes de crédit, IFC apporte une assistance technique aux entreprises. Quel bilan peut-on en faire à ce jour ? En termes de réalisations notables, nous avons soutenu en 2009 le processus de partenariat public-privé pour le port de Cotonou, qui a permis de mobiliser 250 millions de dollars d’investissement et de créer 450 emplois directs. Dans les lignes de crédit dont je parlais plus tôt, il y avait également une composante consacrée au secteur du tourisme qui a été fortement impacté par la pandémie. Cela a permis d’amortir les chocs et d’aider à maintenir et créer de la valeur tout au long de la chaîne du tourisme. Avec la nomination de notre premier responsable pays, M. Cyndo Obre, nous entendons renforcer notre présence et nos activités de services-conseils sur le terrain.   Comment Ifc entend-elle contribuer à la mise en œuvre du nouveau Pag ? Pendant la période de la pandémie, il était surtout question de la préservation des emplois, du maintien de la stabilité macroéconomique, à travers un niveau d’activité qui permet, au sortir de la pandémie, de reprendre une croissance inclusive. C’est sur cela que nous travaillons aujourd’hui. Nous regardons un à un les projets du gouvernement et du secteur privé qui pourraient bénéficier du soutien d’Ifc en termes de mobilisation de financements ou d’assistance technique. Dans les grands axes du programme gouvernemental, je vois la possibilité qu’Ifc augmente fortement ses opérations, notamment dans la mise en place des infrastructures de développement économique, la transformation des produits agricoles sur place, la modernisation de l’industrie textile, le secteur touristique qui recèle un gros potentiel pour le Bénin, l’inclusion financière et le développement des Pme.   Votre mot de la fin Notre présence ici, c’est un signal que nous voulons donner aux chefs d’entreprises du secteur privé et à tous ceux/celles qui sont intéressés par le Bénin, qu’il y a des opportunités à saisir, que nous sommes là pour les accompagner. Ils/Elles peuvent compter sur Ifc pour la réalisation de leurs projets qui permettront de créer plus de valeur et d’emplois.