La Nation Bénin...
26 pays africains ont signé le 8 juin dernier en Egypte, un traité de libre-échange. Sa conclusion suscite beaucoup d’espoirs en vue de la concrétisation du marché commun africain.
L’évènement semble avoir été relégué au second plan de l’actualité continentale. Pourtant le 8 juin dernier à Charm el-Cheikh en Egypte se jouait une partie du destin économique du continent africain. Ce jour, 26 pays africains ont signé un traité de libre-échange, un projet fondateur dans la construction d’un marché commun africain, considéré jusque-là comme un vœu pieux. Pourtant, il aura fallu cinq ans de négociations pour aboutir à la création de la «Tripartite», cette zone de libre-échange qui s’étend du Cap, en Afrique du Sud, au Caire, en Egypte. L’accord tripartite est conclu par trois régions économiques importantes du continent : le COMESA, le Marché commun des Etats d'Afrique australe et de l'Est, l’EAC (Communauté d'Afrique de l'Est) et la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe). Il englobe 26 pays, constituant un ensemble de 625 millions d’habitants et un PIB global de 900 milliards d’euros. Le traité prévoit la création de tarifs douaniers préférentiels et l’élimination des barrières non tarifaires, le protectionnisme de chaque pays étant l’un des freins à la circulation des marchandises. Il prévoit également l’harmonisation des politiques commerciales. A terme, les pays signataires de cet accord tablent sur une hausse de 20 à 30% des échanges commerciaux entre pays membres de cet espace. Actuellement, le commerce intra-africain est estimé à seulement 11% contre 60% d’échanges entre pays membres de l’Union Européenne.
Des Etats locomotives !
Le plus gros avantage de cet accord réside dans le fait qu’il concerne des pays africains qui affichent une dynamique de croissance, montrent un intérêt certain à conquérir le marché africain et à promouvoir l’intégration. Un exemple frappant : l’Ethiopie. Ce pays fait déjà partie des pays les plus dynamiques en Afrique de l'Est. Grâce à des investissements massifs, Addis-Abeba a affiché une très forte croissante ces cinq dernières années, plus de 10 % par an, la plus forte du continent. Le traité lui offre des opportunités pour devenir un exportateur de sucre, de textiles ou encore de chaussures, dont les usines se développent rapidement. Autre pays pouvant profiter du traité, l'Afrique du Sud. Poids lourd de l’économie africaine, Pretoria a toujours considéré le marché africain comme une opportunité économique pour ses grandes industries. Plusieurs économistes indiquent que le secteur automobile sud-africain pourrait pleinement profiter de la libéralisation des échanges en Afrique. D’autres pays à revenus intermédiaires comme le Kenya et le Rwanda devront aussi tirer le meilleur du nouveau marché pour offrir plus de possibilités à leur secteur privé en quête de débouchés. Du côté de Kigali, la Tripartite est très attendue pour rayer l’enclavement du Rwanda dont le secteur privé compte sur ses avantages comparatifs pour attirer des investissements.
Si la signature du traité est globalement applaudie, il ne manque pas de bémol quant à sa mise en application effective. Déjà, il se dit que la Tripartite est conclue entre trois régions économiques qui n’ont pas encore réalisé leur propre intégration. Pis encore, la zone de libre-échange en construction souffre d’un déficit d’infrastructures d’interconnexion entre les différents pays signataires. A l’étape actuelle des choses, dit-on, il est plus facile d’exporter de l’Uganda vers la Chine que vers l’Egypte. Au-delà des mesures de facilitation du commerce, le challenge reste donc celui de la mise en place des infrastructures routières et ferroviaires transrégionales. Du coup, le souhait de tous est que les programmes de construction d’infrastructures versés dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) se concrétisent afin que les pays signataires de ce Traité puissent donner aux autres régions les raisons de se joindre rapidement à cet accord historique de libre-échange.