La Nation Bénin...

Transformation structurelle de l’économie béninoise: Les satisfactions et propositions de la Bad

Economie
Par   Fulbert Adjimehossou, le 29 sept. 2021 à 16h16
Dans une note de diagnostic pays, publiée le 27 septembre 2021, la Banque africaine de développement (Bad) a salué les efforts du Bénin pour la transformation structurelle de son économie. Des réformes y ont été proposées pour une croissance inclusive. A la Bad, les efforts du Bénin ne sont pas passés inaperçus. En témoignent les points positifs dévoilés dans la note de diagnostic pays publiée lundi dernier. « En ce qui concerne la réalisation des cinq grandes priorités de la Bad (Top 5), le Bénin a réalisé des progrès notables grâce aux réformes sectorielles et de gouvernance menées dans l’exécution du Programme d’action du gouvernement (Pag 2016-2021)», lit-on dans cette Ndp. En effet, parlant des cinq priorités, l’institution fait allusion à la vision du Bénin de contribuer à « éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique, et améliorer la qualité de vie des Africains ». Ce sont donc les secteurs de l’Énergie, de l’Agriculture, de l’Industrie, l’Intégration régionale et celui de la protection sociale qui sont concernés. Et là-dessus, la Bad a des raisons de croire que le Bénin a progressé. « Les capacités de production de l’électricité ont augmenté pour atteindre 209,5 Mw en 2019 contre 180 Mw en 2017, et le taux d’accès à l’électricité est passé de 32 % en 2017 à 35 % en 2019. Le pays est devenu le premier producteur de coton en Afrique en 2019 avec une production estimée à 678 000 tonnes. Les réformes de ces dernières années ont contribué à améliorer le cadre réglementaire et institutionnel de promotion des investissements privés », souligne-t-on dans la note. Par rapport à l’intégration régionale, il a été indiqué que le Bénin joue un rôle de plus en plus important avec la modernisation du Port de Cotonou, notamment pour les marchandises à destination et en provenance du Nigeria et des pays de l’hinterland (Niger, Burkina, Mali). « De même, le réseau routier s’est amélioré, et l’indice d’état général du réseau routier est ressorti à 63 % en 2020 contre 46 % en 2016. Des efforts ont été également consentis en matière d’approvisionnement en eau potable : le taux d’accès des ménages à l’eau potable est passé de 68,1 % en 2014 à 75,5 % en 2018 », précise le document de 161 pages. Le défi de la transformation En réalité, cette note de diagnostic pays évalue la situation macroéconomique, sectorielle et sociale du Bénin à ce jour, ainsi que les stratégies et politiques de développement mises en œuvre au cours des trois dernières décennies. Ainsi, elle a examiné le modèle de développement économique, les performances macroéconomiques et les perspectives, ainsi que des questions transversales relatives à la gouvernance, au développement du secteur privé, aux changements climatiques, au genre et à la pauvreté. Une analyse sectorielle sous le prisme de la mise en œuvre des cinq priorités stratégiques de la Bad (Top5) y a été faite pour aboutir à un modèle de croissance et de développement explorant les perspectives d’une transformation structurelle de l’économie béninoise. Si la Bad se réjouit des progrès faits, il n’est pas tout de même question que le Bénin dorme sur ses lauriers. Puisque, renseigne le document, les performances économiques enregistrées n’ont pas induit un changement de la structure de l’économie qui reste dominée par les secteurs primaire et tertiaire. Sur deux décennies, c’est-à-dire de 2001 à 2020, la part de l’industrie manufacturière (11 % du Pib) s’est même contractée de plus de 8 points de pourcentage. « Il y a eu une migration des travailleurs vers les services au détriment de l’agriculture et de l’industrie », préviennent les analystes de la Bad pour qui les moteurs de la croissance continuent de reposer sur l’agriculture, plus précisément le coton, le commerce et les transports avec un accent sur le Port de Cotonou. «Cette rigidité structurelle de l’économie ne permet pas d’amorcer suffisamment la transformation structurelle ni de réduire significativement la pauvreté », ajoutent-ils. Cap sur l’inclusion Face à ce diagnostic, la transformation structurelle de l’économie est plus que nécessaire. Fort heureusement, le gouvernement y travaille. Cependant, le Bureau d’analyse propose au Bénin, entre autres de renforcer les mesures d’incitations et de soutiens ciblés aux secteurs porteurs de croissance tels que l’agriculture, l’agro-industrie, le tourisme et l’économie numérique. Et ce, à travers des subventions, exonérations fiscales, facilités de financement, participation de l’État au capital de l’entreprise au démarrage et retrait progressif. Le Bénin est encouragé à poursuivre la dématérialisation des procédures pour la mobilisation des recettes fiscales, à accélérer les travaux de viabilisation des zones économiques spéciales et à accorder la priorité au développement des compétences techniques et entrepreneuriales. Du point de vue social, le renforcement de la protection sociale est très souhaité par la généralisation du projet d’Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch). A la Bad, les analystes proposent de contribuer à la réalisation d’études sectorielles entre autres dans l’industrialisation, l’entrepreneuriat et l’autonomisation économique des femmes, l’emploi des femmes et jeunes. La Bad devra accroître aussi son appui pour les investissements structurants dans les secteurs porteurs de croissance et appuyer à travers des projets d’investissements, les Pme/Pmi. Le dialogue va se poursuivre pour la mise en œuvre des politiques économiques régionales dont la monnaie commune, l’Eco.