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Transport maritime 2021 : la reprise de l’économie mondiale menacée

Economie
Par   Catherine Fiankan-Bokonga, le 22 nov. 2021 à 14h23
La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement prévient dans son Rapport 2021 sur le transport maritime que les prix mondiaux à la consommation augmenteront sensiblement au cours de l’année à venir. Si la flambée devait persister, elle pourrait augmenter les niveaux de prix des importations mondiales de 11 % et les niveaux de prix à la consommation de 1,5 % d'ici 2023. La d e m a n d e d e marchandises a rebondi au second semestre de 2020 et en 2021. En effet, pendant la durée du confinement et des restrictions liés à la pandémie, les consommateurs ont acheté des biens plutôt que des services. Le travail à domicile, les achats en ligne et l’augmentation des ventes d'ordinateurs ont imposé une pression sans précédent sur les chaînes d'approvisionnement. Le rapport met également en évidence les défis qui continuent de peser sur le secteur maritime, notamment les longs délais d'escale des navires, les importants problèmes de connectivité du transport maritime de ligne et la baisse des volumes maritimes due aux perturbations causées par la Covid-19. La Cnuced estime que le commerce maritime international de l'Afrique, y compris les marchandises chargées et déchargées, a chuté de 7,6 % en 2020. Reprise inégale Si l'année 2021 a connu une reprise du commerce mondial de marchandises, celle-ci a été inégale. Les exportations de l'Afrique et du Moyen-Orient demeurent sous pression. Cette forte augmentation des flux commerciaux s'est heurtée à des contraintes de capacité de transport des navires, de pénurie de conteneurs, de carence en main-d'œuvre, de restrictions permanentes de mouvements dans les régions portuaires. Ce décalage entre l'explosion de la demande et la réduction de la capacité d'offre a entraîné des taux de fret record pour les conteneurs sur pratiquement toutes les routes commerciales. La Secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, a déclaré que « l'envolée actuelle des taux de fret aura un impact profond sur le commerce et compromettra la reprise socioéconomique, en particulier dans les pays en développement, jusqu'à ce que les opérations de transport maritime reviennent à la normale ». L'impact des frais de transport élevés sera plus important dans les petits États insulaires en développement (+24 %) et sur les prix à la consommation (+7,5 %). Dans les pays les moins avancés, le niveau des prix à la consommation pourrait aussi augmenter (+2,2 %). Les articles à faible valeur ajoutée produits dans les petites économies, en particulier, pourraient subir une grave érosion de leurs avantages comparatifs. Le rapport indique que les taux de fret élevés affectent déjà les chaînes d'approvisionnement mondiales. La Cnuced prévoit une augmentation des prix à la consommation de 10,2 % pour ces articles. L'analyse prévoit également une augmentation de 9,4 % pour les produits en caoutchouc et en plastique, de 7,5 % pour les produits pharmaceutiques et les équipements électriques, de 6,9 % pour les véhicules à moteur et de 6,4 % pour les machines et les équipements. L'impact des taux de fret élevés ne sera pas uniformément réparti, même en Europe, et sera généralement plus important dans les petites économies. On craint également que la reprise de l'industrie manufacturière mondiale soit compromise. Afrique L'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) et le potentiel de la technologie pour faciliter le commerce et le transport sur le continent pourraient soutenir la croissance économique en Afrique. Une étude réalisée par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique à l'horizon 2030 indique que le fret transporté par les navires passerait de 58 millions à 132 millions de tonnes avec la mise en œuvre de l'AfCFTA. Elle ajoute que les Comores, le Gabon, la Gambie, le Ghana, Madagascar, Maurice, le  Mozambique, la Namibie et la Somalie connaîtront une forte augmentation du trafic dans leurs ports d'ici à 2030. Si les projets d'infrastructures nécessaires sont mis en œuvre, la flotte maritime africaine devrait augmenter de 188 % pour le vrac et de 180 % pour les cargaisons en conteneurs. La Cnuced invite les pays à envisager un ensemble de mesures portant sur les infrastructures et les services matériels et immatériels. L'amélioration de la qualité des infrastructures portuaires réduirait les coûts moyens du transport maritime mondial de 4,1 %, tandis que les coûts seraient réduits de 3,7 % par de meilleures mesures de facilitation du commerce et de 4,4 % par l'amélioration de la connectivité du transport maritime de ligne. Rentabilité En 2020, la rentabilité moyenne des ports du réseau a diminué de 12 % en Europe, de 17 % en Asie et de 25 % en Afrique. L'Amérique latine n'a pas connu de changement. Le rapport invite les gouvernements à surveiller les marchés afin de garantir un environnement commercial équitable, transparent et compétitif puis recommande un partage accru des données et une collaboration plus forte entre les parties prenantes de la chaîne d'approvisionnement maritime. À moyen et long termes, la capacité de la logistique maritime sera également affectée par la transition du secteur vers un transport maritime à empreinte zéro carbone.