La Nation Bénin...
Les classes socio-éducatives sont en passe de tenir leur
pari. C’est dans ce cadre que s’est tenu, du 6 au 11 novembre à Cotonou, un
atelier sur l’infusion des thématiques identifiées aux matières retenues en vue
du démarrage imminent de la phase pilote de l'initiative. L’objectif est de
proposer une thérapie de choc à la perte de valeurs observée chez les jeunes à
travers des modules d’éducation scolaire.
La mise en œuvre des classes socio-éducatives se précise.
Et le gouvernement n’entend pas mettre la charrue devant les bœufs. L’atelier
d’infusion des thématiques identifiées aux matières retenues dans le cadre
desdites classes est une étape décisive dans l’atteinte des objectifs. Dans ce
cadre, enseignants, conseillers pédagogiques, inspecteurs, réunis à Cotonou du
6 au 11 novembre, sont invités à passer en revue les programmes d’enseignement
des Sciences de la vie et de la terre, de l’Education physique et sportive, du
Français et de l’Histoire-Géographie afin d’identifier les points d’ancrage
notamment les situations d’apprentissage, les outils nécessaires, les types
d’activités sur lesquels le Bénin peut agir pour intégrer les nouvelles
thématiques à celles existantes pour in fine, promouvoir les valeurs et
corriger les comportements à risques chez les jeunes.
Michel Yaovi Gbèlémè, inspecteur de l’enseignement du
second degré, spécialité Français donne un aperçu de ce que seront les cours de
Français. «Lorsqu’on prend la thématique du patriotisme par exemple, l’atelier
de français nous a permis de comprendre que l’enseignant formé aux classes
socio-éducatives peut exploiter le texte de l’hymne national ou les revues
littéraires pour développer le savoir-être et des comportements patriotiques
chez les apprenants», explique-t-il.
Même approche
L’approche restera la même au niveau des autres disciplines
retenues dans le cadre de ces classes. Les Sciences de la vie et de la terre se
démarqueront par les notions liées à la protection de l’environnement,
l’hygiène et la santé, avec un focus sur la gestion de l’hygiène menstruelle,
les conséquences de la consommation de l’alcool, du gras, de l’excès de sel, la
prévention des Ist/Mst, la sexualité et le mariage précoces, les comportements
pour éviter la déforestation et la dégradation des sols ….
En Education physique et sportive, l’accent sera mis sur la
maîtrise du corps, l’hygiène alimentaire, la gestion des émotions, la culture
de la paix et la sécurité des jeunes, l’estime de soi, etc.
En Histoire-géographie, les enseignants pourront remonter
dans le temps pour montrer aux jeunes apprenants les avantages du
vivre-ensemble, la culture de la paix, l’acceptation de l’autre, l’importance
du respect des droits de l’Homme, le leadership des responsables religieux, le
respect et la sauvegarde de l’environnement….
Les apprenants sont moulés dans cet élan de la 6e en
Terminale. Tout est parti d’un constat. « Les classes socio-éducatives viennent
d’un diagnostic du ministère des Affaires sociales et de la Microfinance que de
plus en plus de déviances prennent corps et s’amplifient. Les réseaux sociaux y
prennent une part importante. La ministre nous a instruits de trouver une
réponse conséquente et durable susceptible de lutter contre ces dérives à
travers des informations qui prônent un changement de comportement », explique
Bruno Gbèhinto, directeur général des Affaires sociales.
Des valeurs
Pour le gouvernement, cette initiative est une réponse aux
pièges sociaux et incertitudes susceptibles de mettre à mal l’avenir de la
jeunesse. Elle gage sur les compétences de vie courante, les valeurs
patriotiques, le leadership, la citoyenneté responsable, la santé sexuelle et
reproductive, l’estime et l’affirmation de soi, la protection de
l’environnement, la prévention de certains phénomènes sociaux tels que la
cybercriminalité, l’arnaque, la toxicomanie…
« Il s’agit d’une approche réfléchie par le gouvernement
pour apporter une solution adaptée à la recrudescence des fléaux sociaux, des
comportements à risque chez les adolescents et les jeunes aussi bien en milieu
scolaire que dans la formation professionnelle », apprécie Véronique Tognifodé,
ministre des Affaires sociales et de la Microfinance.
Yves Chabi Kouaro, ministre des Enseignements secondaire,
technique et de la Formation professionnelle, est convaincu que les fruits
tiendront la promesse des fleurs. Il est heureux de l’engagement des
participants à l’étape de l’infusion des thématiques identifiées aux matières
retenues. « Je me réjouis de constater que vous avez compris que c’est une
nécessité pour l’éducation des apprenants. Les différentes thématiques viennent
en complément à l’éducation scolaire afin qu’ils soient des femmes et des hommes
complets. Nous voulons avoir des jeunes citoyens exemplaires au plan
comportemental pour leur propre avenir et celui de notre société. Cela passe
par le travail, le civisme et le patriotisme dès le jeune âge. Les écoles font
partie des meilleurs endroits pour le faire », indique-t-il.
Bruno Gbèhinto encourage la société à accompagner les
enseignants. « La couche la plus sensible de la jeunesse se trouve dans les
établissements scolaires et les centres de formation technique et
professionnelle. Nous devons encourager les enseignants à jouer pleinement leur
partition pour l’atteinte des objectifs. Nous souhaitons une stratégie pérenne
qui change dans les prochaines années la façon de vivre des adolescents et
jeunes en vue de faire d’eux des citoyens socialement valables », préconise-t-il.
Les classes socioéducatives sont actées par le Conseil des
ministres en sa séance du 20 septembre 2023. Les documents élaborés au cours du
présent atelier serviront à la formation des enseignants dans le cadre de la
phase pilote desdites classes prévue pour se dérouler dans vingt établissements
sur le plan national à partir de janvier 2024.
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