La Nation Bénin...
La multiplication des vagues de chaleur à travers le
monde, conséquence directe du changement climatique, met en péril la santé et
la productivité des travailleurs. Un récent rapport de l’Oms et de l’Omm
appelle à des actions urgentes pour protéger les personnes, les moyens de
subsistance et l’économie.
Près de la moitié de la population mondiale subit déjà
les conséquences des températures extrêmes, avec des répercussions
particulièrement sévères sur les travailleurs des pays en développement, selon
le nouveau rapport et les orientations techniques intitulés Climate change and
workplace heat stress publiés le 22 août par l’Organisation mondiale de la
Santé (Oms) et l’Organisation météorologique mondiale (Omm).
D’après l’Omm, 2024 a été l’année la plus chaude jamais
enregistrée. Et, les vagues de chaleur extrême vont continuer à s’intensifier.
Il est de plus courant de constater des températures diurnes dépassant
régulièrement les 40 °C, voire à 50 °C dans certaines zones sahéliennes,
souligne l’Organisation.
L’impact économique est considérable. Le rapport indique
que la productivité chute de 2 à 3 % pour chaque degré au-dessus de 20°C.
L’agriculture, la construction et la pêche, des secteurs où l’emploi informel
et le travail manuel dominent, figurent parmi les plus touchés.
Au-delà de la baisse de productivité, les populations s’exposent à des risques sanitaires graves tels que coup de chaleur, déshydratation, dysfonctionnements rénaux et troubles neurologiques. Ces affections liées aux fortes chaleurs mettent en danger la vie des travailleurs et compromettent leur sécurité économique à long terme. Les risques s’accroissent pour les personnes qui travaillent à l’extérieur mais aussi pour celles qui travaillent à l’intérieur.
Conséquences
Pour l’Afrique qui abrite une population active jeune et
en forte croissance, le stress thermique menace de réduire les gains
économiques et d’aggraver les inégalités sociales. Le continent est exposé à
une aggravation de la précarité et à une menace directe pour les objectifs de
développement durable, notamment en matière de travail décent et de santé
publique.
Les travailleurs font face au stress thermique de manière
disproportionnée. Les enfants, les personnes âgées et les populations à faibles
revenus en Afrique subsaharienne figurent parmi les plus vulnérables, faute
d’accès à des soins de santé adaptés et à des infrastructures climatisées.
L’absence d’équipements de protection, de pauses régulières et de politiques
nationales de prévention accentue leur vulnérabilité.
« De concert avec l’Oms et l’Omm, nous appelons à une action urgente et coordonnée pour protéger la santé, la sécurité et la dignité de plus de 2,4 milliards de travailleuses et de travailleurs exposés à une chaleur excessive dans le monde », a lancé Joaquim Pintado Nunes, chef du Service de la sécurité et de la santé au travail et du milieu de travail de l’Organisation internationale du travail (Oit).
Mesures recommandées
Sans action immédiate, des millions de travailleurs
africains et dans le monde verront leur santé, leurs revenus et leurs
perspectives d’avenir compromis, avertit le rapport. Face à l’urgence, les gouvernements
sont invités à intégrer le risque de stress thermique dans leurs politiques
nationales sanitaires relatives à la chaleur sur le lieu de travail, assorties
de plans et de conseils adaptés qui tiennent compte des conditions
météorologiques locales, des types d’emploi et des vulnérabilités des
travailleurs.
Les autorités devront accorder une attention particulière
aux travailleurs d’âge moyen et âgés, aux personnes atteintes de problèmes de
santé chroniques et aux personnes en mauvaise condition physique qui risquent
d’être plus vulnérables aux effets du stress thermique.
Les programmes d’action pour le climat et la santé au
travail devront être élaborés en coordination avec les experts de la santé, les
autorités locales, les syndicats, le secteur privé et les organisations
internationales.
En outre, il importe de soutenir la recherche et
l’évaluation afin que les mesures sanitaires contre la chaleur sur le lieu de
travail soient plus efficaces.
Les experts insistent sur la formation et la sensibilisation
du personnel assurant les premiers secours, des professionnels de santé, des
employeurs ainsi que des travailleurs afin qu’ils repèrent et traitent
correctement les symptômes du stress thermique, souvent mal diagnostiqués.
L’accès à l’eau potable sur les lieux de travail, la planification des horaires
en fonction des pics de chaleur et l’investissement dans des infrastructures
résilientes figurent également parmi les solutions proposées.
L’Oms et ses partenaires appellent à agir immédiatement face à l’aggravation de l’impact du stress thermique sur les travailleurs dans le monde entier