Climat du Bénin: Les raisons de la persistance de l’harmattan
Environnement
Par
Fulbert Adjimehossou, le 28 févr. 2023
à
13h57
Au Bénin, l’harmattan est revenu à la charge ces derniers jours, avec une température glaciale, une faible visibilité et des vents chargés de poussières. C’est un phénomène naturel, expliquent les experts.
L’harmattan de cette saison sévit toujours. Ceux qui ont tôt fait de mettre de côté les vêtements de protection devront les porter à nouveau. « Les vents d’harmattan continuent de transporter la poussière désertique sur l'ensemble du pays. On observera des dépôts de poussières sur les objets, une baisse significative de la visibilité et une détérioration de la qualité de l'air. Par conséquent, l’ensemble du pays est placé en vigilance orange face à cet épisode de poussière », alerte Météo Bénin, dans la journée du samedi 18 février 2023. La veille, c’est-à-dire le vendredi, la situation était pareille, ou presque. Une épaisse brume de poussière s’est étendue sur l’ensemble du pays ces dernières 24 heures. Les visibilités étaient mauvaises dans toutes les localités. Aux environs de Kandi et de Bohicon, elles pouvaient être moins d’un kilomètre par moments. Les températures étaient de 20 °C à Kandi, 22 °C à Savè, 19 °C à Natitingou, 23 °C à Bohicon, 21 °C à Parakou et 23 °C à Cotonou.
En provenance du Tchad
Ce phénomène n’est pas enregistré qu’au Bénin. La visibilité est aussi réduite à Accra, Abidjan, Dakar et Guinée, avec une chute des températures minimales. Selon Diane Laourou, prévisionniste à Météo-Benin, c'est lié à une tempête de poussière enregistrée dans l'après-midi du 15 février au niveau du Tchad, dans la dépression de Bodélé, réputée comme une des principales sources de poussières atmosphériques.
« La situation a été favorisée par un fort gradient de pression. Suite à cela, les vents se sont renforcés en surface. Cela contribue à soulever d’importantes quantités de poussières dans l’atmosphère. Les vents de Nord-Est ont aidé à les transporter dans tout le Sahel et vers les pays du golfe de Guinée, dont le Bénin », explique Diane Laourou. Ces poussières sont alors rentrées sur le territoire béninois par le nord, déjà le 16 février et se sont étendues sur le territoire national le 17 février. « Nous avons observé une baisse sensible de la visibilité ; un temps peu ensoleillé, et une baisse sensible des températures dans certaines localités, surtout celles du nord», ajoute la prévisionniste de Météo Bénin.
Changement climatique ?
D’aucuns y voient les effets du changement climatique. Mais pour les spécialistes, c’est un phénomène tout à fait naturel. « Ne mélangeons pas tout», avertit Professeur Michel Boko, climatologue. En effet, le renforcement de l'anticyclone d'Ennedi (sur le Tchad) est une condition nécessaire pour le déclenchement de l'harmattan. Mais ce renforcement se fait par glissement du jet subtropical vers le Tropique sous la poussée du front polaire boréal. En février 2020, une situation pareille avait été constatée. Le phénomène pourrait se poursuivre les prochains jours, selon les conditions météorologiques. « Actuellement, nous avons des vents d’harmattan qui continuent de souffler sur notre pays. Ne soyons pas surpris dans les prochains jours d’être encore sous cette nappe de poussières. Les visibilités vont évoluer s’améliorant, mais elle ne pourra passer que lorsque l’atmosphère va être nettoyée par une petite pluie », fait remarquer Diane Laourou qui appelle les populations à prendre des mesures conséquentes.
« Cela représente un risque pour la santé humaine, surtout pour les personnes sensibles aux affections respiratoires ». Météo Bénin suit de près la situation ■