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Contribution prévue déterminées du Bénin à la COP 21: 30 milliards de dollars à mobiliser à l’horizon 2030
Le Bénin s’est réellement positionné pour tirer profit de la tenue de la Conférence sur le climat de Paris. La contribution que le pays a déposée auprès des Nations Unies table sur un besoin de financement de l’ordre de 30 milliards de dollars US.
Le Bénin s’en va à la Conférence de Paris sur le climat avec une ambition forte. Celle de convaincre les partenaires sur la nécessité de l’accompagner à réaliser les engagements souscrits au titre de la réduction des gaz à effet de serre (Ges). La contribution prévue déterminée nationale (CPDN) qui fait figure de document d’engagement du Bénin à la COP 21 s’est donnée comme objectif de monter la barre assez haut. Le pays table sur un financement global de 30 milliards dollars US dont 2 milliards comme contribution de l’Etat béninois sur la période allant de 2016 à 2030. Cette cagnotte permettra de réaliser ses ambitions d’atténuation des Ges et d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques. « L’objectif global est de contribuer au développement durable et résilient aux changements climatiques en apportant des solutions adéquates aux défis liés aux changements climatiques », souligne le document. Le Bénin fait partie des pays les moins avancés (PMA) dont les émissions de gaz à effet de serre sont estimées à environ 1 t E-CO2 par habitant en 2000 et largement compensées par la séquestration du carbone au niveau du couvert forestier national. Du coup, ses absorptions des Ges sont largement supérieures aux émissions. Mais pour les rédacteurs de la CPDN, le pays est conscient que pour la réduction du réchauffement climatique, dans l’optique d’un accroissement en deçà des 2 degrés, la communauté internationale, sans exclusion aucune, doit s’engager dans des actions ambitieuses d’atténuation des gaz à effet de serre pour que cet objectif soit atteint.
Engagement dans
deux directions
De fait, il oriente son engagement dans deux directions, à savoir atténuer ses émissions dans les secteurs de production et de consommation d’énergie, du transport, de l’agriculture et de la foresterie et puis mettre en œuvre des plans et programmes dans le domaine de l’adaptation avec des co-bénéfices pour l’atténuation. Selon le document, l’impact attendu de ces efforts d’atténuation est estimé, pour les émissions évitées à 120 Mt Eq-CO2 et pour les séquestrations à 163 Mt CO2 de 2020 à 2030.
L’enjeu d’atténuation repose essentiellement sur les efforts que le pays entend consentir dans le secteur de la consommation de l’énergie électrique. Ainsi, le gouvernement mise sur la production de l’électricité principalement à partir du gaz naturel et des sources d’énergies renouvelables (hydroélectricité et énergie solaire photovoltaïque). «Le recours aux potentialités en énergies renouvelables, le développement de la production d’électricité à partir du gaz naturel (capacité projetée 560 MW) dépendra de la possibilité de la mise en œuvre d’une option alternative d’approvisionnement en gaz basée sur les importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Ceci fait appel à un investissement dans l’installation au port de Cotonou d’une unité stockage de GNL et de regazéification », indique-t-on. Le Bénin projette aussi des investissements considérables pour la construction de quatre centrales hydroélectriques pour une capacité totale avoisinant 400 MW et des centrales solaires (50 MW). La mise en œuvre de ce programme portera à 20% au moins, à l’horizon 2030, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale totale d’énergies ¦
Une ambition d’adaptation
Le secteur agricole offre également au pays une niche d’opportunités en matière d’atténuation. La mise en œuvre des mesures visant à limiter la déforestation pourront permettre de réduire le niveau des émissions liées au secteur ATCAFT pour une valeur cumulée estimée à 115 Mt E CO2 pour la période 2020-2030. Mieux, le pays gage sur la mise en œuvre des aménagements durables des forêts naturelles et le renforcement des efforts de reforestation/plantation pour augmenter sa capacité de séquestration par les écosystèmes forestiers, dont le cumul total est estimé à 163 Mt CO2 sur la période 2020 à 2030. « La séquestration du carbone due aux efforts nationaux de reforestation/plantation constitue la contribution inconditionnelle de la République du Bénin », parie le document.
S’agissant des mesures d’adaptation, le Bénin retient une série d’activités. Il s’agit notamment des séances d’information et de sensibilisation sur les enjeux et défis de l’adaptation (PANA), les publications de bulletins agro-météorologiques (PANA1), le renforcement des capacités sur les questions relatives à l’Adaptation aux Changements Climatiques (ACC), la mise en place de systèmes agro-météorologiques. D’autres actions telles que l’adoption et la promotion de pratiques de cultures de variétés à cycle court, la promotion de l’agroforesterie, le développement de la pisciculture en cages flottantes et en bacs hors sol, l’aménagement des bas-fonds sont identifiées. Le Bénin n’occulte pas la lutte contre la pollution atmosphérique. Il envisage à cet effet l’amélioration de la fluidité du trafic notamment dans la ville de Cotonou, l’exonération fiscale et douanière sur les motocyclettes à 4T et leurs pièces détachées au détriment des motocyclettes à 2T, la réhabilitation et la modernisation du réseau ferroviaire existant pour le développement des transports en commun malgré la pression qu’exercent ces mesures sur son budget.
L’objectif des contributions prévues déterminées au niveau national est de situer la progression des pays dans la lutte contre les changements climatiques pour la période 2020-2030 et en cohérence avec la trajectoire à réaliser pour 2050 dans le but de contenir l’accroissement du réchauffement en dessous de 2°C par rapport à la période préindustrielle.
Ces contributions qui devront être jugées au regard des circonstances nationales propres à chaque pays, forment un élément clé des négociations menant vers l’accord de Paris ¦