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Financement de l'hygiène et l'assainissement de base au Bénin: Mobilisation pour une Loi de finances 2026 inclusive

Environnement
Pie Djivo Pie Djivo

Au Bénin, nous faisons face à un faible investissement en matière d’hygiène et d’assainissement de base contrairement à l’accès à l’eau potable et aux autres volets de l’assainissement, c’est-à-dire l’assainissement pluvial et des eaux usées au profit de nos populations. Ces dernières, comme nous le savons si bien, sont déjà exposées et frappées par diverses contraintes socio-économiques. Cette situation est aggravée depuis peu dans certaines régions par les contraintes liées au changement climatique.

Par   Pie Djivo, le 16 sept. 2025 à 10h31 Durée 3 min.
#assainissement de base au Bénin

Nos populations, surtout celles vivant en milieu rural méritent d’être soutenues dans leurs efforts de disposer d’un cadre de vie sain. L’Etat et ses partenaires doivent désormais faire plus d’effort pour accompagner davantage ces populations vulnérables et les sortir de cette zone de non-confort en les aidant à bénéficier des activités de promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base pour l’amélioration de leur cadre de vie.

Cette année, un pas décisif vient d’être franchi par l’Etat, à travers le projet de mise en place d’un plan national d’investissement dans l’hygiène et l’assainissement de base à leur profit.  Mais, nous sommes tous conscients qu’une chose est de mettre en place un plan, une autre est de le financer effectivement. C’est là que se situent toutes nos inquiétudes et préoccupations. Il est donc légitime de veiller à ce que ce plan reçoive toute l’attention qu’il mérite de la part de nos gouvernants ainsi que de nos divers partenaires.

Nous ne sommes pas sans savoir que l’Assemblée nationale détient un pouvoir législatif déterminant dans le vote du budget ainsi qu’un pouvoir de contrôle essentiel pour garantir la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Les parlementaires ont de fait, un très grand rôle à jouer pour faciliter le financement effectif du plan national d’investissement de l’hygiène et de l’assainissement de base.

Un financement soutenu sur les trois prochaines années à hauteur d’au moins 80 % est souhaitable, ainsi qu'un dispositif efficace pour sa mise en œuvre. Cette situation dans laquelle vivent les communautés ne sera pas réglée tant que ce problème perdure.

Les données d’enquêtes de l’Oms/Unicef (Rapport Jmp 2022), nous indiquent que seulement 10 % de la population rurale du Bénin ont accès à un service d’assainissement de base c’est-à-dire des ouvrages d’assainissement améliorés non partagés (latrines, fosses septiques…) et ce taux passe à 30 % en milieu urbain. La même source indique que la défécation à l’air libre est pratiquée par 65 % de la population rurale et 31 % de celle des villes. L’accès à l’hygiène et à l’assainissement de base demeure un pilier fondamental pour la santé publique. Il préserve aussi la dignité humaine, contribue au développement durable et rehausse l’image de notre nation.

Alors que le pays s’est doté de toutes les stratégies nécessaires, tant pour le milieu rural qu’urbain, pour la promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base, la concrétisation de ces ambitions dépend aujourd’hui d’un engagement financier fort, concerté et pérenne de l’ensemble des parties prenantes et en priorité du gouvernement au profit du plan national d’investissement en cours d’élaboration.

Gain inestimable

Les bénéfices d’un investissement accru dans l’hygiène et l’assainissement de base sont indiscutables. L’amélioration de ces services permettra une réduction de façon significative de l’incidence des maladies hydriques et infectieuses, telles que la diarrhée et le choléra, qui constituent un goulot d’étranglement sur la santé des enfants et des populations vulnérables. Selon les estimations, le coût des soins de santé liés au manque d’hygiène et d’assainissement s’élève à 3,1 millions de dollars par an pour le Bénin, sans compter les pertes économiques indirectes dues à l’absentéisme scolaire et à la baisse de productivité (Unicef 2022).

Le Bénin gagnerait énormément à investir dans l’hygiène et l’assainissement de base. En le faisant, le pays investit ainsi dans la résilience des communautés, la réduction des inégalités et l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd), notamment l’Odd 6 relatif à l’eau et à l’assainissement pour tous. Les retombées positives se mesurent en termes de santé, d’éducation, d’environnement et de développement économique local. Chaque franc investi permet d’économiser plusieurs fois ce montant en dépenses de santé évitées et en gains de productivité.

Nous savons que certains diront que l’assainissement est déjà suffisamment financé, mais ils doivent faire une différence entre l’assainissement pluvial, des eaux usées, et l’assainissement de base qui nous concerne au premier chef et demeure le parent pauvre. Les populations doivent disposer de latrines améliorées et cesser d’aller satisfaire leurs besoins à l’air libre. C’est la pollution qui en résulte qui est la cause d’une partie des problèmes de santé auxquelles elles sont quotidiennement confrontées. Nous devons tous en prendre conscience et agir pour changer la donne.

La réussite du plan d’investissement en cours d’élaboration exige une mobilisation de toutes les sources de financement : Etat, collectivités locales, ménages, partenaires techniques et financiers. Il est crucial que le gouvernement béninois dote le secteur de lignes budgétaires dédiées. Nous lançons de ce fait un vibrant appel aux députés pour amorcer le processus de plaidoyer en vue de la création de lignes budgétaires spécifiques, et au gouvernement pour une dotation conséquente de ces lignes.  Nous exhortons aussi les partenaires internationaux et la société civile à soutenir l’initiative, poursuivre et amplifier leur soutien, à la hauteur des enjeux.

Chef Service de l’Assainissement
direction générale du Développement urbain
Ministère du Cadre de vie et des Transports