Petites de taille, le plus souvent de couleur verte et dépourvues de fleurs, les bryophytes constituent encore un mystère à percer au Bénin. En tant que chercheur à l'Herbier national du Bénin et coordinateur de BryBen, Dr Hospice Dassou souligne une carence de littérature taxonomique sur ces espèces qui ne possèdent ni racines ni vaisseaux et qui s'alimentent uniquement par leurs cellules. « Quelques collections ont récemment été réalisées par un doctorant, mais elles sont peu identifiées et ne sont pas intégrées à une base de données. Nous avons donc un besoin urgent d'inventorier et de recenser les occurrences de ce groupe au Bénin afin de les rendre publiques et utiles pour la gestion des ressources naturelles », ajoute Dr Hospice Dassou. Pourtant, les bryophytes, souvent méconnues mais essentielles, occupent une place particulière dans le monde végétal. Elles constituent le deuxième plus grand embranchement végétal au monde avec plus de 20 000 espèces, et elles sont d'une grande utilité. « Les bryophytes possèdent des propriétés médicinales intéressantes. Elles constituent un précieux réservoir de molécules antioxydantes, anticancéreuses et antivirales qui ne sont pas réellement exploitées. Étant donné leur sensibilité à la température, elles sont des ressources peu exploitées pour évaluer les effets du changement climatique sur la biodiversité », déplore le chercheur. Ces dernières décennies, de nombreux efforts ont été faits en matière de recherche sur la flore du Bénin. Le nombre de spécimens à l’herbier national du Bénin est passé d’environ 20 000 spécimens de plantes à 50 000 spécimens. Le nombre d’espèces que compte le Bénin s’établit à 2 807 espèces.
Un vide à combler
On ne sait pas grand-chose sur les bryophytes, vu leurs petites tailles et leurs difficultés d’identification. « Tous les groupes taxonomiques n’avaient pas été pris en compte. L’accent était mis sur les plantes supérieures. Les plantes inférieures étaient occultées. Il y a lieu de combler ce gap », fait savoir Prof. Hounnankpon Yédomonhan, conservateur de l’Herbier national du Bénin. L'absence de données scientifiques sur ces plantes empêche d'explorer tout leur potentiel en tant que ressources végétales et d'établir une politique de gestion responsable et durable. Mais, les choses pourraient changer d'ici quelques mois. L'identification et la taxonomie des bryophytes sont prévues avant la fin de l’année, avec l’appui de Jrs Biodiversity Foundation. Des enquêtes ethnobotaniques seront réalisées pendant plus d'un an pour recueillir des connaissances traditionnelles sur ces plantes et leurs utilisations locales. Les travaux seront réalisés avec le soutien d'un groupe d'experts bryologues de l'Université de Cape Town en Afrique du Sud et du centre de conservation Kew Madagascar à Madagascar. « Nous allons collecter des données sur les bryophytes et les rendre accessibles au public afin de favoriser l'éducation, la conservation et la gestion durable de ce groupe taxonomique jusque-là négligé », assure Dr Dassou. Les attentes sont grandes autour de la connaissance de ces plantes de petites tailles, dotées de grandes valeurs. Dr Rodrigue Akotègnon, pharmacologue, secrétaire général de la Fédération des associations nationaled des acteurs de la médecine traditionnelle du Bénin fait le vœu que des produits puissent être formulés à partir de ces plantes.