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Mauvaise gestion des excréta: Des ménages piétinent la loi

Environnement
Par   Fulbert Adjimehossou, le 25 nov. 2022 à 17h49
A l’occasion de la Journée mondiale des toilettes célébrée le 19 novembre 2022, l’Onu met en exergue le rôle vital des toilettes sûres. Pendant ce temps, dans certains quartiers du Grand Nokoué, l’incivisme continue de prendre le pas sur les bonnes pratiques. Les récits renvoient à une vieille époque. Difficile de comprendre que dans des villes qui aspirent à la modernité, le défaut de latrines soit récurrent, qu’elles ne soient pas souvent vidées à temps ou qu’elles soient plutôt vidées clandestinement, nuitamment. Le témoignage d’Arsène Adononsi, chef quartier Agodokpa  Godomey-Togoudo, est surréaliste. «Des administrés appellent pour se plaindre de ce que des voisins profitent de cette période de pluie pour vider leurs fosses sur la voie. Plusieurs fois, on a reçu de ces plaintes. Les voisins eux-mêmes prennent d’ailleurs des images pour preuves », confie-t-il. Pourtant, la pratique est proscrite par la loi sur l’hygiène publique en République du Bénin. «Il est interdit de rejeter des eaux usées de quelque origine que ce soit, les graisses, les huiles de vidange, les excréments sur les voies et places publiques, dans les caniveaux et les cours d’eau», stipule l’article 17. Arsène Adononsi se réfère dans ce cas à la police. « Nous avons un poste avancé à Togoudo. On informe le Commissaire de police le lendemain pour des poursuites », précise-t-il. Le désastre écologique est énorme sur les ressources en eau. Selon l’Onu, alors que le changement climatique s’aggrave et que les populations augmentent, les eaux souterraines sont vitales pour la survie de l’humanité. Elles devraient donc être protégées de ces pratiques d’un autre siècle.

Réprimer le défaut de Wc

Malheureusement, l’incivisme est persistant à travers le défaut de toilettes, la non vidange des latrines pleines ou la défécation à l’air libre, comme c’est le cas sur les rives du lac Nokoué. En 2018, le projet Ssd a noté que dans les sept premiers arrondissements de Cotonou, sur 10 613 maisons visitées, 2289 ont leurs fosses pleines pendant que 861 maisons sont sans latrines. « Les statistiques sont ahurissantes. Vous imaginez qu’à Cotonou, il y a des maisons mises en location, mais sans latrines. Les locataires sont obligés d’utiliser les toilettes volantes, c’est-à-dire des sachets que l’on jette dans des poubelles et sur les dépotoirs. Pourtant, ce sont des maisons qui rapportent à leurs propriétaires. Ça fait appel à la responsabilité de nos élus locaux d’y veiller et que les autorités compétentes instruisent les unités opérationnelles pour des contrôles», souligne Stephène Quenum, expert. D’ailleurs, selon la loi sur l’hygiène publique, les agents assermentés seront appelés à faire des inspections intra-domiciliaires pour faire appliquer les normes. Ils pourront avoir accès aux heures légales à tous les ouvrages d’assainissement des locaux, des logements, et des établissements, sur la base de leur mandat.

Des WC et non des poubelles

L’incivisme se manifeste aussi par le rejet de déchets ménagers dans les toilettes, en violation de l’article 113 de ladite loi qui interdit tout mélange de matières fécales ou urinaires aux ordures ménagères. Les structures de vidange découvrent par la suite une quantité énorme de déchets de tous genres dans les eaux usées, comme des lingettes, tampons périodiques et des morceaux de tissu. «On retrouve un peu de tout, des mèches, des chaussures usagées, des habits, des morceaux de verre. Ce sont des pratiques à décourager », se plaint Wilfried Djimahloué, acteur du secteur de gestion des boues de vidange. Ces petits riens constituent une charge de plus dans les stations de traitement des boues de vidange (Stbv). «Dans une maison, les ordures ménagères doivent être déposées dans des poubelles adéquates et rangées. Les Wc sont destinés à recevoir uniquement les matières fécales », rappelle Stephène Quenum. Ceux qui s’entêtent à le faire peuvent se retrouver sous le coup de la loi. Les sanctions vont de 10 000 F Cfa à 500 000 F Cfa, selon l’appréciation de l’infraction. Il y a également des peines d’emprisonnement. Les vidangeurs sont tenus de dénoncer les ménages concernés face à ces constats?