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Pollution atmosphérique à Cotonou: Situation relativement «normale»

Environnement

Une étude qui a pris en compte deux carrefours à Cotonou révèle que la qualité de l’air y est relativement conforme aux normes, mais il est indispensable de mettre en place un système de surveillance plus sophistiqué.

Par   Fulbert Adjimehossou, le 09 juin 2023 à 07h28 Durée 4 min.

C’est assez acceptable. Les niveaux de pollution de l’air à Cotonou ne sont pas alarmants, du moins aux abords des carrefours Pk3 et Vêdoko. « Les normes nationales et internationales concernant le monoxyde de carbone (CO) n’ont pas été dépassées. Il en est de même pour les normes concernant le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3). Toutes les valeurs enregistrées étaient inférieures aux normes, même lorsque le couple O3/NO2 était pris en compte au lieu de ces gaz individuellement, à l’exception de la norme de l’Oms pour une exposition d’une heure à l’ozone. En ce qui concerne le dioxyde de soufre (SO2), les normes nationales et de l’Oms ont été dépassées », rapporte Karine Codjo-Seignon, lors de l’atelier «Environnement et Développement durable» organisé à Cotonou le 6 juin 2023 par le ministère du Cadre de vie et des Transports, chargé du Développement durable.
En réalité, cette étude a été menée dans le cadre d’une thèse de doctorat. Son objectif était d’examiner l’évolution temporelle de certains polluants, puis de comparer les valeurs obtenues avec les normes nationales et internationales. Les ronds-points Akpakpa Pk3 et Vèdoko Cica-Toyota ont été choisis en raison de la forte densité de trafic à ces endroits de la ville. De plus, le rond-point Akpakpa Pk3 est situé dans une zone industrielle abritant des usines de brassage, de production de gaz, de fabrication de peinture et une centrale électrique à proximité. Les mesures ont été effectuées à l’aide de capteurs solaires capables de mesurer les niveaux d’ozone/dioxyde d’azote, de dioxyde de soufre, de monoxyde de carbone et de composés organiques volatils non méthaniques.

En fonction du trafic

L’étude révèle des pics aux heures de pointe, le matin et le soir, en corrélation avec le flux et le volume du trafic. « Ce sont les heures auxquelles nous nous rendons et revenons du travail », remarque Karine Codjo- Seignon. Les concentrations de polluants sont élevées le lundi et restent constantes le mardi, puis diminuent légèrement les mercredis et jeudis, puis augmentent pour atteindre leur valeur maximale le vendredi. Les données renvoient à des sources de pollution à la fois mobiles et fixes, notamment les usines du côté d’Akpakpa. « Les concentrations de tous ces polluants sont plus ou moins constantes entre lundi et vendredi. À partir du vendredi, il y a une diminution correspondant à la baisse d’activité. La zone d’Akpakpa, qui abrite des usines qui fonctionnent même le week-end, continue donc de rejeter certains gaz dans l’air », souligne-t-elle.
Certains acteurs estiment que ces niveaux de pollution relativement normaux sont le résultat des actions menées les années précédentes pour améliorer la situation dans les villes du Bénin. Rosaire Attolou, directeur départemental du Cadre de vie du Littoral, mentionne notamment la suppression des motos à 4 temps et les contrôles des réglages antipollution. Cependant, il est nécessaire de surveiller de près ces niveaux d’émissions de polluants de manière continue dans un pays où la grande majorité des véhicules immatriculés ont plus de 10 ans. Sur un total de 192 216 véhicules immatriculés entre 2013 et 2019, seulement 33 955 ont moins de dix ans, soit 17,66 %.
Le ministère du Cadre de vie et des Transports, en charge du Développement durable, prévoit d’installer des capteurs permanents pour mesurer, entre autres, les polluants particulaires.