La Nation Bénin...
La protection des océans et des écosystèmes a été au cœur
des échanges à l'occasion de la troisième Conférence des Nations Unies sur
l'océan à Nice. Occasion également pour des experts de Chine, d'Europe et
d'Afrique, de se pencher sur le sujet.
Des voix expertes pour se prononcer sur un défi
planétaire, une complémentarité des perspectives liées aux océans. A Nice, ce
sont plus que des voix qui se sont élevées. Ce sont aussi des échanges avec une
pluralité d’opinions et une diversité d’engagements autour des géantes eaux.
Parmi ces voix, celle de madame Yu Xiang, directrice du
Bureau de recherche sur l'économie du changement climatique, de l'industrie de
recherche sur l'éco-civilisation de l'Académie des sciences sociales de Chine.
Celle-ci a eu l’occasion de dévoiler “les impressionnantes avancées chinoises
en matière de protection marine”. Son récit sur la restauration des mangroves a
particulièrement retenu l’attention. Elle a exposé comment la Chine a
transformé trente mille hectares de mangroves en véritables « forêts d’or »,
alliant restauration écologique et développement économique ; ce qui témoigne
d'une approche innovante qui réconcilie environnement et prospérité.
Brice Lalonde, fort de son expérience d'ancien ministre français de l'Environnement, a apporté une perspective européenne pragmatique sur le sujet. Son insistance sur l'électrification des ports et la transition énergétique du transport maritime révèle l'ampleur des transformations nécessaires. Il fera observer qu’« une grande partie de la pollution des mers vient des terres ».
L'intervention de Chouaïbou Nchoutpouen de la Commission
des forêts d'Afrique centrale a aussi retenu l’attention. Sa proposition de
renforcer la coopération Sud-Sud et de créer des mécanismes financiers adaptés
aux réalités de chaque bassin forestier tropical a séduit plus d’un. Il
soutient l’idée d'impliquer directement les communautés autochtones dans les
mécanismes de financement. Il insiste aussi sur les liens intrinsèques entre
forêts et océans, expliquant que les forêts tropicales nourrissent les océans
par l'acheminement d'azote et de phosphore via les rivières, ou encore que les
mangroves servent de nurseries pour les espèces marines.
Autre intervention sur le sujet, celle de Michael Grubb
relative à l'innovation technologique. L'exemple des véhicules électriques, à
la fois décarbonés et bénéfiques pour la qualité de l'air urbain, illustre
parfaitement comment une technologie peut servir plusieurs objectifs
environnementaux simultanément. « On ne peut pas s'attendre à ce que les gens
adoptent aveuglément de nouvelles technologies sans en comprendre les avantages
», défend l’expert.
Urgence et espoir…
Xu Zhike, journaliste chinoise spécialiste des questions
environnementales, se dit impressionnée par la convergence remarquable des
préoccupations malgré la diversité des contextes géographiques et culturels.
«Que nos invités viennent de Chine, d'Europe ou d'Afrique, tous partageaient le
même sentiment d'urgence face aux défis climatiques et la même conviction que
des solutions existent », apprécie-t-elle. L'approche chinoise de
l'écologisation de l'industrie et de l'industrialisation de l'écologie a
également retenu son attention à la suite des débats de Nice. «Cette vision,
qui refuse d'opposer développement économique et protection environnementale,
offre une perspective rafraîchissante dans un débat souvent marqué par les
antagonismes », salue-t-elle. « La protection de l'environnement ne peut plus
être pensée en solo, mais de façon globale. Les océans, les forêts, les villes,
les technologies, tout est interconnecté », retient-elle. Selon elle, les
exemples d'étiquetage carbone en Europe ou de l'approche ludique adoptée par la
Chine montrent que l'information et l'incitation peuvent transformer les
comportements individuels en mouvement collectif. « Je ressors profondément
optimiste quant à l'avenir de la protection de l'environnement. Non pas par
naïveté face aux défis immenses qui nous attendent, mais parce que j'ai pu
constater la détermination, l'innovation et la collaboration à l'œuvre aux
quatre coins du monde », indique-t-elle.
Pour elle, la Chine en particulier a opéré une transformation spectaculaire. D'un pays où l'on priait pour entrevoir un ciel bleu, elle est devenue une terre où on le photographie quotidiennement. Ces progrès démontrent que des transformations rapides et profondes sont possibles. L'engagement de l'Europe dans sa transition énergétique, l'innovation africaine dans la gestion forestière durable et l'enthousiasme de la jeunesse mondiale sont autant de signes encourageants, poursuit-elle. Xu Zhike reste optimiste que la troisième Conférence des Nations Unies sur l'Océan à Nice ne constitue qu'un exemple parmi tant d'autres de la mobilisation globale pour une action déterminée.
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