Il y a de quoi avoir la peur au ventre quand on consomme de la laitue au Bénin. Les résultats de l'étude intitulée "Évaluation quantitative des risques liés à Salmonella dans la laitue (Lactuca sativa) consommée au Bénin, en Afrique de l'Ouest", en disent long. « Dans 90 % des cas, l'exposition à Salmonella était comprise entre 3 et 7 log Ufc/portion. Le risque de salmonellose par portion variait de 7,7 % à 95 % en fonction de la réponse à la dose utilisée, en tenant compte des conditions actuelles de manipulation de la laitue », révèle l'étude publiée dans la revue Microbiology Research Journal International. En effet, la salmonellose est l'une des maladies les plus fréquemment signalées dans le monde. Elle se manifeste par une gastro-entérite, une septicémie et une fièvre typhoïde. Et le risque peut provenir des agents pathogènes présents dans les légumes.
Ainsi, les chercheurs ont entrepris d'évaluer quantitativement les risques liés à Salmonella dans la laitue au Bénin. Plus précisément, les travaux ont permis de déterminer les conditions dans lesquelles la laitue est manipulée le long de la chaîne d'approvisionnement, d'évaluer l'exposition à Salmonella par la consommation de laitue, et d'estimer le risque de maladie par portion de laitue. L'enquête a été menée auprès de 550 participants, comprenant des producteurs, des grossistes, des détaillants et des restaurateurs. Différents scénarios ont été testés pour identifier les facteurs pouvant influencer le risque de salmonellose. Une attention particulière a été portée à l'importance d'une chaîne du froid dans le circuit d'approvisionnement.
Des pratiques pour réduire les risques
Il est tout à fait possible de réduire le risque, qui varie de 7,7 % à 95 % en fonction des pratiques de manipulation de la laitue. Cependant, il est essentiel de respecter la chaîne du froid le long de l'approvisionnement, ce qui permettrait de réduire considérablement ce risque, allant de 0 % à 3,3 %. De plus, selon les auteurs, en prenant des mesures appropriées telles que les bonnes pratiques agricoles et les bonnes pratiques d'hygiène pour limiter la concentration initiale maximale de Salmonella, le risque de maladie diminuerait de 89,6 % et de 14,7 %, selon les modèles utilisés.
En revanche, si l'étape de lavage de la laitue avant sa consommation, qui est actuellement prise en compte dans le scénario de référence, n'est pas réalisée de manière adéquate, le risque de maladie par portion varierait de 49,6 % à 100 % selon le modèle de réponse à la dose, ce qui représente une augmentation de 84,9 % avec le modèle de réponse à la dose. « Il est donc important de former les acteurs de la laitue aux bonnes pratiques agricoles et aux pratiques de manipulation sécuritaires des aliments. De plus, il convient de promouvoir des installations de pré-refroidissement et de stockage à froid abordables et écoénergétiques pour les acteurs de la chaîne d'approvisionnement », insistent les auteurs. La publication scientifique est signée par Sylvain Dabadé, Vioutou Coffi et le Professeur Paulin Azokpota du Laboratoire des Sciences alimentaires de l'Uac.