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Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou : Adieu les bars, des squatteurs s’invitent

Environnement
Par   Fulbert Adjimehossou, le 21 avr. 2022 à 10h03
Les occupants de la ceinture du stade Général Mathieu Kérékou ont plié bagage, en espérant des mesures d’accompagnement. Mais d’aucuns redoutent déjà l’installation des squatteurs et l’insécurité. Sur l’esplanade du stade de l’Amitié de Cotonou, règne désormais un calme plat. Ils sont partis ceux-là qui tenaient en haleine, de jour comme de nuit, ce coin chaud de la capitale économique. Sous la pression de l’opération de démolition de la ceinture de ce complexe sportif vieux de quatre décennies, les tenanciers de bars et boutiques ont quitté les lieux. Derrière eux, il n’y a que des bâtiments éventrés ou clos selon le cas. Difficile de trouver sur place, ce mercredi 20 avril 2022, un interlocuteur, en dehors des ouvriers occupés à mettre en pièces des murs ou à charger des véhicules de déménagement. « Nous sommes partis puisque le délai est passé », répond à l’autre bout du fil Simon Todédjrapou, président des tenanciers. Dans ce climat de ruine, quelques rares bars restent encore ouverts, sans « Dj »,ni musique. Les gérants, tout en continuant de vider le local, offrent un service minimum à ceux qui viennent se désaltérer. « Il n’y a plus ici que quelques casiers. Tout est déjà emporté à la maison », répond sèchement une gérante qui a requis l’anonymat. Les visages laissent entrevoir de l’anxiété et la pression de «reprendre à zéro». « Nous ne pouvons rien », confie Jacqueline Attindogbé, tenancière de boutique. Celle-ci n’a qu’un seul vœu : bénéficier d’une assistance de l’Etat. « J’ai emporté pour le moment mes effets à la maison. Si l’Etat peut nous aider, on sera soulagés. J’ai des enfants à charge. Je ne pourrai pas payer un loyer de 300 000 Francs Cfa. On n’est pas vraiment organisés pour plaider. On ne se connaît pas vraiment. Chacun est dans sa boutique », ajoute-t-elle. Certains occupants disent s’en tenir aux messages divulgués dans quelques groupes Whatsapp. Cependant, des tractations sont en cours pour des « mesures d’accompagnement ». Les leaders le reconnaissent, même s’ils portent tous des gants. « Les négociations se poursuivent, mais nous n’avons encore rien sous la main », confie Simon Todédjrapou joint au téléphone. Connu pour sa discrétion, le président du Collectif des promoteurs, Bonaventure Bonou, ne lâche pas non plus le morceau. Néanmoins, il reconnaît que des discussions sont en cours. « L’Etat est engagé dans le sens d’accompagner les promoteurs », confie-t-il. Un expert est commis par le Collectif des promoteurs pour évaluer les besoins. Le rapport attendu devra être déposé par ce collectif à l’Office de gestion des stades du Bénin (Ogsb) « pour exploitation ». De nouveaux maîtres des lieux ! Les regards sont désormais tournés vers l’Ogsb pour les travaux. Le nettoyage par des bulldozers est attendu. Entre autres, l’installation de la base de l’entreprise et le démarrage de la construction du pôle commercial et de l’aménagement du parking devront suivre. Mais avant, ce sont de nouveaux maitres qui prennent le contrôle des lieux. Ils sont pour la plupart invisibles et ne se dévoilent qu’à l’abri des regards. Ceux-ci sont soupçonnés de dérober portes, grilles et fenêtres. Les carreaux, cuvettes de Wc, lavabos, voire les ampoules ne leur résistent pas non plus. « Nous sommes confrontés à une insécurité totale. Ce matin, j’ai constaté que les portes ont été enlevées. Le temps que j’aille discuter avec la voisine, je viens de surprendre un jeune qui partait avec une ampoule. On n’a plus le courage de laisser quoi que ce soit ici. Je dois tout vider aujourd’hui », déplore Jacqueline Attindogbé. Cette nouvelle forme d’insécurité est une réalité à laquelle les agents de sécurité font désormais face. Jean N’tcha confesse avoir été agressé, mardi 19 avril 2022, en tentant d’interpeller les «voleurs». « Ils étaient venus enlever les installations électriques. Quand je les ai apostrophés, ils m’ont frappé avec un bâton, me demandant si c’est moi la propriétaire ‘’Adé’’ pour les interpeller. J’ai été blessé au coude », raconte le cinquantenaire. Cette scène est loin d’être isolée. « Comme on le dit, ils viennent finir le job. Ils emportent les matériaux comme les carreaux pour les revendre. Notre travail devient difficile dans ce contexte puisqu’il qu’il n’y a plus de portes, ni de fenêtres. Si vous tenez à les empêcher, c’est la bagarre », ajoute François Sodohadji, un agent de sécurité. D’autres, notamment les conducteurs de taxi-moto et les belles de nuit squattent les boutiques vides. « Des conducteurs de taxi-moto viennent dormir dans les boutiques vides. Venez la nuit et vous les verrez. Les prostituées font de même la ronde vers minuit, avant de trouver des clients », indique Jean N’tcha. La situation préoccupe. A son passage sur les lieux, Bonaventure Bonou a dû joindre certains promoteurs pour s’assurer qu’ils sont demandeurs du démantèlement en cours des matériaux dans leurs boutiques. Son souhait est que l’Ogsb prenne les choses en main, pour éviter que l’esplanade s’offre une mauvaise réputation avant le démarrage des travaux.