La Nation Bénin...

Vaste offensive mondiale contre le trafic environnemental: Près de 30 000 animaux vivants arrachés aux réseaux criminels

Environnement
L’opération Thunder 2025 a mis en lumière une hausse inquiétante du commerce illégal de viande de brousse L’opération Thunder 2025 a mis en lumière une hausse inquiétante du commerce illégal de viande de brousse

Une mobilisation internationale d’une ampleur sans précédent contre le commerce illégal d’espèces sauvages a permis la saisie de près de 30 000 animaux vivants et l’identification de 1 100 individus soupçonnés d’être impliqués dans ces trafics. L’opération conduite par Interpol et l’Organisation mondiale des douanes, avec l’appui du Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, s’est déroulée du 15 septembre au 15 octobre, impliquant les policiers, douaniers, gardes-frontières, et autorités chargées de la protection de la faune et des forêts de 134 pays.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 24 déc. 2025 à 10h13 Durée 3 min.
#trafic environnemental

4640 opérations de saisie dans le cadre de l’opération Thunder 2025. Ce chiffre record révèle l’ampleur d’un pillage organisé. Des dizaines de milliers d’animaux et de plantes protégés, plus de 30 tonnes d’espèces menacées, ainsi que des dizaines de milliers de mètres cubes de bois exploités illégalement, tous couverts par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), ont été saisis par Interpol.

L’objectif de l’opération était de frapper les trafiquants à chaque maillon de la chaîne, de l’extraction à la distribution, tout en désorganisant et en démantelant les réseaux criminels responsables de ces atteintes graves à l’environnement.

Si les saisies d’animaux vivants ont atteint un niveau inédit, l’essentiel du trafic mondial repose toujours sur des restes, parties ou produits dérivés d’animaux sauvages. Ces marchandises alimentent principalement la médecine traditionnelle et certains marchés culinaires.

La valeur annuelle de ce commerce illégal est estimée à 20 milliards de dollars, un chiffre probablement très inférieur à la réalité, tant cette économie souterraine échappe aux statistiques officielles.

L’opération Thunder 2025 a également mis en lumière une hausse inquiétante du commerce illégal de viande de brousse, issue d’animaux sauvages, principalement dans les régions tropicales. En Belgique, les autorités ont intercepté de la viande de primates. Au Kenya, plus de 400 kilogrammes de viande de girafe ont été saisis. En Tanzanie, les forces de l’ordre ont récupéré de la viande et des peaux de zèbre et d’antilope pour une valeur estimée à 10 000 dollars. Au niveau mondial, ce sont 5,8 tonnes de viande de brousse qui ont été confisquées, révélant une intensification des flux entre l’Afrique et l’Europe.

L’année 2025 a également été marquée par une recrudescence du trafic d’espèces marines protégées. Plus de 245 tonnes de spécimens ont été saisies à travers le monde, dont 4 000 ailerons de requin, illustrant la pression persistante exercée sur les écosystèmes océaniques.

Si les grands mammifères emblématiques concentrent souvent l’attention médiatique, les autorités alertent sur une menace tout aussi grave à savoir le commerce illégal d’espèces de petite taille et de plantes, longtemps sous-estimé. Thunder 2025 a ainsi révélé une explosion du trafic d’arthropodes exotiques. Près de 10 500 papillons, araignées et insectes, dont beaucoup protégés par la Cites, ont été saisis à l’échelle mondiale.

Malgré leur apparente insignifiance, ces espèces jouent un rôle clé dans l’équilibre des écosystèmes. Leur disparition fragilise les chaînes alimentaires et favorise la propagation d’espèces invasives ou de maladies, faisant peser des risques majeurs sur la biosécurité et la santé publique.

Enfin, les saisies de bois issu de l’exploitation illégale demeurent à un niveau alarmant. Plus de 32 000 mètres cubes et 14 000 pièces de bois ont été interceptés. Cette exploitation clandestine, aux lourdes conséquences économiques, sociales et environnementales, représenterait entre 15 et 30% du commerce mondial du bois, soulignant l’urgence d’une réponse internationale renforcée.