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Yannick Baglo, conseiller technique aux changements climatiques: Appel pour un accord équitable, inclusif et ambitieux
De nombreuses activités sont organisées dans le cadre de la Conférence des parties sur les changements climatiques (COP21). Au détour de l’une d’elles et à quelques jours de la grand’ messe de Paris qui mobilise toutes les attentions, Yannick A. Baglo, conseiller technique aux changements climatiques du ministère de l’Environnement, se prononce sur les attentes du Bénin et ce que les populations pourront en tirer.
« En allant à la COP21, il y a 3 points qui nous intéressent : l’adaptation, l’accord en lui-même et les problèmes de financement (les initiatives pour mobiliser le financement)», relève Yannick A. Baglo, conseiller technique aux changements climatiques du ministère de l’Environnement.
Au niveau de l’Afrique et du Bénin, poursuit-il, on souhaite que l’accord soit équitable, inclusif et ambitieux. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, retient-il, l’accord doit être contraignant parce qu’il doit concerner tout le monde. Autant les pays du Sud que ceux du Nord. «On sait comment les pays africains se sont battus pour qu’on puisse accepter l’inclusion de l’adaptation, il faut que ce soit contraignant pour que les pays du Nord puissent l’accepter et le mettre en œuvre», admet-il.
A côté de cela, il y a le problème du financement, fait-il remarquer. Pour s’adapter, poursuit Yannick A. Baglo, «il faut du financement. Mais il faut que ce financement, soit gouverné par des règles claires : le montant alloué, les formalités à accomplir pour en bénéficier et les règles subséquentes».
Il y a également le problème de formation ou de renforcement des capacités dont les acteurs ont besoin, analyse-t-il. Il faut donc que nous soyons aptes et prêts à capter les financements mis à notre disposition, déduit Yannick A. Baglo. Car si nous ne sommes pas préparés, conçoit-il, malgré la disponibilité du financement, nous pourrions être incapables de gérer ou de faire face aux problèmes de changements climatiques qui nous assaillent. Autrement, nous ne pourrions les capter parce que nous ne nous serions pas préparés à le faire, prévoit-il.
Il y a également le problème de transfert des technologies pour accompagner le financement. Voilà les principaux points qui nous occuperont à la COP21.
Toutefois, avertit le conseiller technique aux changements climatiques, il ne faut non plus pousser au loin la thématique atténuation. «Il est vrai qu’on entend souvent dire que l’Afrique n’est pas émettrice de gaz à effet de serre. Les gaz qui sont émis sont séquestrés grâce à nos forêts qui jouent ici un important rôle», justifie-t-il. Aujourd’hui, poursuit-il, si vous voyez nos contributions prévues et déterminées au niveau national (CPDN) notre émission est en moins, rappelle Yannick A. Baglo. Ce qui veut dire, déduit-il, que nous avons une séquestration supérieure à notre émission. Toutefois, cette séquestration va diminuant, donc l’atténuation sur laquelle nous allons nous engager, c’est de tout faire aujourd’hui pour que cette séquestration augmente, suggère-t-il. Renforcer la séquestration et l’augmenter pour séquestrer plus de gaz à effet de serre, propose-t-il.
Comment faire pour passer à l’énergie propre dans nos pays?, s’interroge le conseiller technique aux changements climatiques. Pour lui, l’Afrique dispose d’un fort potentiel en énergie renouvelable. Il faut que nous puissions le capitaliser, l’optimiser. Voilà selon lui, l’autre défi sur lequel nous devons nous aligner pour l’adaptation.
Par ailleurs, avertit Yannick A. Baglo, l’éternelle problématique de l'agriculture n’est pas à négliger. «Vous n’êtes pas sans savoir que les variations climatiques influencent les rendements agricoles. De sorte que nos agriculteurs ne savent plus quand planter ou semer pour ne pas être surpris par le temps, pour ne pas avoir des problèmes de rentabilité agricole», fait-il remarquer. Le domaine agricole a une corrélation avec l’autosuffisance alimentaire, précise-t-il. Et d’en déduire que «Ce sont des points très importants pour nous par rapport à notre participation à la COP21».
Avec la COP21, nous disposons d’une tribune internationale (plus de 96 pays ), de plusieurs délégations et organismes, pour faire part de nos problèmes et aptitudes et pour profiter des opportunités.
A part les thématiques évoquées plus haut, il est de notoriété que le président de la République s’est vraiment investi dans les préparatifs de cette réunion. «Cela entraine une sollicitude vis-à-vis de notre pays et offre un privilège, une certaine considération à notre sous-région. La délégation sera conduite par le chef de l’Etat même. Tous nos problèmes et difficultés seront exposés», informe-t-il.
Le gouvernement, selon lui, a besoin de l’appui de tout le monde. C’est l’affaire de tous. Les changements climatiques influencent toutes les couches sociales. Autant les paysans en subissent les revers, autant les scientifiques et autres en dénoncent les conséquences. Pour Yannick A.Baglo, nous devons tous nous donner la main pour la gestion de cette problématique de développement. «Nous avons besoin de l’engagement de tout le monde, y compris les médias et la Société civile surtout, pour la veille; il ne faut pas perdre de vue l’engagement de tout le gouvernement pour tout ce qui abonde dans le sens du bonheur pour les populations», retient-il.
Pour l’Afrique en général et le Bénin en particulier, il y a ce qu’on appelle les deux paradoxes. L’ Afrique au niveau énergie est le continent qui a le plus grand potentiel, mais qui en même temps a plus de problème d’énergie. Parallèlement, il est le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre, mais est le plus touché par les problèmes climatiques.
On parle de l’atténuation, mais ce n’est pas là le problème crucial. C’est la thématique d’adaptation qui intéresse aujourd’hui?