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Libye : inondations meurtrières

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Des milliers de familles ont perdu leurs maisons Des milliers de familles ont perdu leurs maisons

La tempête Daniel, a frappé la côte nord de la Libye, dimanche 10 septembre. La violence des conditions météorologiques a été telle que deux barrages ont cédé ce qui a entraîné la submersion de Derna. Officiellement, près de 4.000 morts ont été recensés. L'aide internationale commence lentement à atteindre la ville portuaire alors que des questions se posent sur le nombre de personnes disparues qui oscille entre 10.000 et 20.000 selon les sources. Le Chef de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a déclaré que des vies auraient pu être sauvées si des mesures adaptées avaient été prises. Depuis la guerre qui a succédé à la mort du Président Kadhafi en 2011, le pays est divisé entre un gouvernement, basé à Tripoli, reconnu par l’ONU et pouvoir qui contrôle l’est du territoire. Un appel d’aide internationale sera lancé dans les prochaines heures par le Bureau de Coordination des Nations Unies (OCHA).

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 14 sept. 2023 à 13h47 Durée 4 min.
#Libye #Inondations meurtrières
La catastrophe qui a brutalement touché la Libye a dévasté une zone de plus de 90 hectares. Derna est la ville la plus durement touchée, mais Albayda, Almarj, Benghazi, Bayada, Al Owailia, Taknes (AlJabal Al Akhdar), Talmeitha, Tobrouk, Toukra, Shahhat et Sousa ont également été touchées. Des milliers de familles ont perdu leur maison.
Ouragan annoncé
Le Secrétaire général de l’Organisation Météorologique Mondiale, Peteri Taalas, a déclaré durant un point de presse à Genève, que « la plupart des victimes aurait pu être évitées » entre autres, si l’alerte avait été lancée suffisamment tôt sur l’ensemble du territoire. En effet, l’OMM avait été en contact avec le service national météorologique libyen dès dimanche 10 septembre pour alerter de l’arrivée de la tempête Daniel qui après avoir traversé la Grèce, la Turquie, se transformait en ouragan au-dessus de la Méditerranée. Des vents à plus de 100km/h et des pluies diluviennes étaient prévues. Le Chef de l’OMM a aussi ajouté que la plupart des services de météo nationaux ne fonctionnent pas
Autorités mises en cause
La montée soudaine des eaux est aussi expliquées par le fait que deux barrages situés près de Derna, ville qui comptait 100.000 habitants, aient cédés sous la force des intempéries. Tant la maintenance de ces constructions que l’entretien du réseau routier n’ont pas été effectués depuis 2002. L’absence d’un gouvernement d’unité nationale est aussi un élément qui explique le manque de coordination sur le terrain tant pour l’alerte que maintenant pour coordonner l’aide internationale.
Bilan incertain
Le manque de données précises et fiables dans les régions touchées constitue un défi majeur. Le ministre de l’Aviation civile de l'administration qui dirige l'Est de la Libye. Le Croissant-Rouge libyen a déclaré que 10.000 personnes étaient considérées comme disparues alors que le directeur du centre médical d'al-Bayda, Abdul Rahim Maziq, a annocé le nombre de 20.000.
Victimes inconnues
Par leur proximité avec l’Italie et la Grèce, Derna et Susa sont des villes où de nombreux migrants vivaient dans des logements précaires en attendant de traverser la Méditerranée. On ne sait naturellement pas combien d’entre eux sont morts emportés par les flots. D’après l’OIM, 600.000 migrants principalement originaire d’Afrique Sub-saharienne sont en Libye.
Déplacés internes
L'ampleur de la dévastation semble être encore pire que les estimations. On observe un déplacement significatif des personnes dans les régions touchées, notamment à Derna, où selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) elles seraient au nombre de 30.000. L'OIM a ajouté que 6.085 personnes avaient été recensées comme déplacées dans d'autres zones touchées par la tempête, notamment à Benghazi.
Difficultés d’accès
Les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent bien que l'accessibilité reste un défi critique en raison des infrastructures endommagées ou totalement englouties. Les rapports contradictoires, de sources multiples, ajoutent encore aux difficultés pour coordonner et déployer efficacement l'aide humanitaire.
Dégâts
Un comité technique chargé d'évaluer les dégâts, formé par l'autorité des routes et des ponts, a annoncé que l'étendue du réseau routier effondré à Derna était estimée à 30 kilomètres. En dehors des routes et de ponts détruits, l’hôpital est inutilisable et l’électricité est encore coupée dans certaines zones.
Nations Unies
En réponse aux demandes d’aide, les Nations Unies fournissent une assistance dans les zones touchées. La Coordonnatrice résidente et humanitaire en Libye, Georgette Gagnon, a chargé une équipe d'intervention d'urgence de soutenir les autorités locales et les partenaires. Une équipe de 12 personnes du Groupe des Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe (UNDAC) a été déployée pour soutenir les opérations de réponse et de secours. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d'urgence, Martin Griffiths, a annoncé une allocation initiale de 10 millions de dollars du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) pour soutenir les personnes touchées par les inondations.
Aide internationale
Des pays tels que les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et la Turquie ont envoyés des équipes qui sont arrivées à Benghazi, à près de 300 kilomètres du lieu de la catastrophe. Paris a annoncé le 12 septembre, l’envoi d’un hôpital de campagne et 50 personnes pour soigner les survivants. De son côté l’Union Européenne compte envoyer des tentes, des lits de camp, de générateurs électriques, de denrées alimentaires et des d’hôpitaux de campagne.