La Nation Bénin...
Les
acteurs des espaces de dialogue Baatonou, Boo et Yoruba-Nago du Bénin et du
Nigeria renforcent leur niveau de résilience face aux défis actuels et futurs.
Ils ont entamé des pourparlers visant à élaborer leurs plans d’action
transfrontaliers de développement local. L’activité se déroule du 28 avril au 3
mai 2025 à Parakou, sous la conduite de l’Agence béninoise de gestion intégrée
des espaces frontaliers en collaboration avec la structure sœur du Nigeria.
Les espaces de dialogue des aires linguistiques Baatonou, Boo et Yoruba-Nago sont en concertation à Parakou, à travers un atelier diagnostique, en vue de l’élaboration de leurs plans d’action transfrontaliers de développement local et d’un mémorandum d’entente. Les travaux ont pour finalité le renforcement de la résilience des communautés face aux défis actuels et futurs.
En
effet, la montée du nationalisme, la croissance démographique et la criminalité
transfrontalière et d’autres types de crises exacerbent les différends entre
les communautés Baatonou, Boo et Yoruba-Nago situées de part et d’autre des
frontières bénino-nigérianes. Il n’y a pas de mois ou d’année sans tension. Or,
elles sont condamnées à vivre ensemble du fait de leurs relations
séculaires. Après plusieurs campagnes
conjointes de sensibilisation des autorités et populations des espaces frontalières
sur les enjeux de la délimitation et de la démarcation des frontières, et de la
coopération transfrontalière, les deux pays ont entrepris de formaliser chaque
espace de dialogue à travers la mise à disposition d’un plan d’action, d’un
mémorandum d’entente et des textes fondamentaux. Le présent atelier
diagnostique organisé par l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces
frontaliiers (Abegief) en collaboration avec la Commission nationale des
frontières (Nbc) du Nigeria et leurs partenaires, vise à élaborer les plans
d’action ainsi que le mémorandum d’entente.
Les
participants à la rencontre proviennent des ministères et agences du Bénin et
du Nigeria, des collectivités territoriales frontalières et aires linguistiques
communes aux deux pays. Dans leurs mots de bienvenue, Dr Youssoufou Adam,
directeur général de l’Abegief ; Adamu Adaji, directeur général de la Nbc, et
d’autres responsables ont souligné l’importance et la nécessité de la
coopération transfrontalière entre les deux pays.
Outil de paix, de cohésion et de développement
«
La rencontre qui démarre ce jour est le signe de cette union qui a toujours
existé et qui existera encore », s’est réjoui le directeur de l’Abegief. Pour
l’Association béninoise des communes frontalières (Abcf), la tenue de l’atelier
marque un tournant stratégique dans la gouvernance des frontières. C’est
pourquoi, l’Abcf, en tant que faîtière des communes frontalières, s'inscrit au
cœur de cette dynamique de dialogue intercommunal et transfrontalier. « Nous
avons pour ambition de faire de chaque frontière non plus une zone d'oubli ou
de tension, mais un espace de coopération, de prospérité partagée et
d'intégration locale », a déclaré Simon Adébayo Dinan, maire de Pobè et
président de l’Association. Selon lui, il est temps d'ancrer la gouvernance frontalière
dans les territoires eux-mêmes à travers une démarche décentralisée,
participative et ancrée dans les réalités linguistiques et sociales pour une
gouvernance frontalière décentralisée et participative. Et les conclusions de
l’atelier, ajoutent-ils, doivent, demain, se traduire en actions concrètes dans
chaque commune frontalière. Par exemple, « des plateformes locales de
concertation, des mécanismes de gestion des conflits, des initiatives
économiques transfrontalières et surtout une co-construction des politiques
locales de sécurité, d'éducation et de mobilité », suggère le président de
l’Abcf.
Alhaji
Dr. Idris Abubakar, Emir d’Okuta au Nigeria, et Djibril Mama Cissé, préfet du
département du Borgou, partagent les pistes de réflexions lancées par le
président de l’Abcf. L’autorité préfectorale rappelle qu'en partant du contexte
naturel qui lie les différentes communautés, il a été entrepris en mai 2024 à
Cotonou la signature de l'Accord-cadre entre le Bénin et le Nigeria sur la
coopération transfrontalière, et ce, après la mise en place des espaces de
dialogue des aires linguistiques Bo, Batonou et Yoruba-Nago, respectivement en
2011, 2012 et 2013. Une initiative qui, ajoute-t-il, émane de la Convention de
l'Union africaine sur la coopération transfrontalière dénommée « Convention de
Niamey », adoptée par les deux pays en Guinée équatoriale en septembre 2014.
Pour
les six jours de concertations, Djibril Mama Cissé invite les participants à
prendre activement part aux travaux de diagnostic des problèmes qui minent le
bon fonctionnement des espaces de dialogue en apportant des contributions avec
des critiques et recommandations qui permettront de renforcer la résilience des
communautés transfrontalières pour faire face aux défis de la criminalité transfrontalière
; d'élaborer des plans transfrontaliers de développement local dans les espaces
de dialogue des aires linguistiques Baatonou, Boo et Yoruba-Nago. Il doivent
aussi élaborer et valider les conventions des espaces de dialogue de ces aires
linguistiques et élaborer des feuilles de route pour la mise en œuvre des
actions transfrontalières des cadres de concertation des trois aires
linguistiques. Il a également rappelé aux maires de veiller à l'implication
active des communautés et au fonctionnement des espaces linguistiques
frontaliers en vue du succès de la lutte contre la criminalité transfrontalière
et du renforcement de la cohésion sociale, de la paix et de la sécurité dans
les régions frontalières.
La première communauté à finaliser ses documents, ce 29 avril, est celle de l’aire linguistique Baatonu. Les Boo et Yoruba-Nago feront le même exercice respectivement du 30 avril au 1er mai et du 2 au 3 mai 2025, toujours à Parakou.