Une pilule masculine pourrait-elle voir le jour dans un futur proche ? Ce n’est pas impossible si on s’en tient à la synthèse des travaux scientifiques.
C’est possible, mais complexe. « Les hommes produisent des milliers de spermatozoïdes en permanence. Ce qui signifie qu’il faut trouver un mécanisme capable de les neutraliser en permanence. Par ailleurs, tout comme son homologue féminine, la pilule contraceptive masculine doit être facile à prendre, son action, réversible (ne pas affecter la fertilité), et ses effets secondaires, raisonnables»,
clarifie l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de France dans le Canal Détox du 29 août 2022. Il s’agit d’une série de publications visant à combattre la désinformation et rendre la parole à la science.
En effet, si la mise au point de la contraception féminine fut un réel défi scientifique, nécessitant de créer des hormones de synthèse similaires aux hormones naturelles, celui de la conception masculine est autrement plus complexe. La plupart des femmes produisent chaque mois un ovule sous l’influence cyclique de plusieurs hormones (l’œstrogène et la progestérone, qui sont contrôlés par ce qu’on appelle « l’axe hypothalamus-hypophyse»). Pour bloquer la rencontre avec les gamètes masculins et, ce faisant, la fécondation, il « suffit » de modifier la production des bonnes hormones au bon moment.
Faut-il espérer ?
Une première approche, hormonale, a fait l’objet de plusieurs études. Il s’agirait notamment d’administrer une dose hormonale exogène afin de faire baisser le taux de testostérone dans les testicules et de diminuer, voire supprimer la production des spermatozoïdes. Selon l’Inserm, huit essais cliniques pour tester l’efficacité de ce type de contraceptif ont été menés avec près de 2 000 participants. « Les résultats ont indiqué que ces contraceptifs présentent une efficacité similaire à celle des contraceptifs hormonaux féminins, peu d’effets secondaires et un processus réversible. Un gros bémol toutefois : il est nécessaire de patienter quelques mois après avoir commencé à prendre cette pilule pour constater ses effets contraceptifs, mais aussi d’attendre quelques mois après son arrêt pour les voir se dissiper », renseignent les chercheurs. Mais jusqu’ici, précise l’Inserm, il a été difficile de développer des contraceptifs oraux, qui pourraient être pris sous la forme d’un comprimé d’hormones stéroïdiennes.
Autre piste
Et si l’on voyait du côté des pistes non hormonales ? Les scientifiques ont pensé aussi à l’approche mécanique. « L’idée d’une équipe de chercheurs américains a donc été de bloquer l’action des cellules musculaires à l’origine de cette contraction pour empêcher les gamètes de sortir. L’expérience, qui n’a toutefois pour le moment été menée que sur des rats, s’est avérée intéressante, avec l’apparition d’effets contraceptifs très rapides, en quelques heures seulement. Des essais sur l’homme seront, dans tous les cas, nécessaires pour confirmer cette preuve de principe », dévoile l’Inserm. Certaines études se sont penchées sur des molécules naturelles, qui possèdent des effets contraceptifs non hormonaux. Plus récemment, d’autres travaux ont été menés en Chine avec une molécule appelée triptonide, extraite d’une plante, mais qui peut aussi être synthétisée en laboratoire. « Si le travail des scientifiques a donc conduit à certaines avancées, il faudra encore plusieurs années de recherches pour élargir les options en matière de contraceptifs masculins efficaces et sûrs», insiste l’institut. Mais certains hommes ont recours à la vasectomie, une procédure chirurgicale qui consiste à couper ou à obturer les spermiductes?