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4e Forum des mines et du pétrole de la Cedeao: Un nouveau paradigme d’exploitation des ressources en débat

Société
L’Ecomof 2024 se penche sur les politiques et stratégies de  développement du secteur géo-extractif, à travers dix panels,  après les éditions de Ghana 2015, Côte d’Ivoire 2018 et Niger 2022 L’Ecomof 2024 se penche sur les politiques et stratégies de développement du secteur géo-extractif, à travers dix panels, après les éditions de Ghana 2015, Côte d’Ivoire 2018 et Niger 2022

De nouvelles politiques d’exploitation des ressources géo-extractives sont au cœur du quatrième Forum des mines et du pétrole de la Cedeao qui s’est ouvert, ce jeudi 22 février à Cotonou. L’accent est mis sur la coopération régionale et la mutualisation des potentiels afin d’accroître les investissements et la contribution du secteur au développement des Etats.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 23 févr. 2024 à 05h48 Durée 3 min.
#4e Forum des mines et du pétrole de la Cedeao
En unissant les forces et en mutualisant les ressources, les Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pourront libérer tout le potentiel des richesses naturelles et transformer les économies pour le bien-être des populations. C’est la conviction partagée par l’ensemble des participants à la quatrième édition du Forum des mines et du pétrole de la Cedeao (Ecomof 2024) qui se tient du 22 au 24 février au Palais des congrès de Cotonou.
Responsables gouvernementaux, investisseurs internationaux et nationaux, experts de l’industrie, délégués de la Cedeao, représentants d’organisations internationales et autres experts et bailleurs des secteurs des mines et du pétrole réfléchissent sur le thème « Ressources géo-extractives et technologies: quelles stratégies de mutualisation pour la création de valeur ajoutée en Afrique de l’Ouest ».
Cette thématique questionne les moyens d’aller vers davantage de coopération, laisse entendre Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat, chargé du Développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale, procédant à l’ouverture des travaux au nom du président de la République. Pour lui, « La mutualisation des ressources, des connaissances, des risques et des pertes s’impose de nos jours comme une démarche rationnelle de promotion de l’efficacité en matière de coopération et d’intégration ». Elle se présente ainsi comme une opportunité pour surmonter les défis et créer un environnement propice à l'investissement et à la croissance économique, ajoute-t-il.
La Cedeao qui a pour mission de promouvoir la coopération et l’intégration régionales et d’assurer le développement socioéconomique de la région soutient fermement cette démarche, assure Damtien Larbli Tchintchibidja, vice-présidente de la Commission de la Cedeao. L’initiative de l’Ecomof en 2012 et qui devrait se tenir tous les deux ans, s’inscrit dans cette perspective d’apporter une réponse durable aux défis du secteur géo-extractif, indique-t-elle. Le Forum constitue une plateforme unique pour identifier les possibilités de coopération, procéder à des évaluations globales et définir des perspectives de développement pour le secteur.
Paradoxe

Malgré son potentiel immense, l’Afrique continue de subir les conséquences d’une mauvaise exploitation de ses matières premières, signale Samou Séidou Adambi, ministre béninois de l’Energie, de l’Eau et des Mines. Cela se traduit, fait-il remarquer, par l’exportation de produits bruts à faible valeur ajoutée et l’importation de produits raffinés à forte valeur ajoutée. Il est impératif d’inverser cette « dynamique asymétrique » qui a perduré depuis des décennies et contribuant à l’appauvrissement collectif, en travaillant ensemble pour « renforcer la chaîne de valeur de nos ressources, tant au niveau régional que continental », indique Samou Séidou Adambi.

L’Ecomof offre l’opportunité de répondre aux attentes légitimes dans le contexte d’industrialisation de l’espace communautaire, les peuples fondant de grands espoirs sur les avantages de l’extraction et de la mise en valeur des ressources naturelles, estime la vice-présidente de la Commission. « Il devrait permettre aux parties prenantes d’identifier de manière inclusive les mécanismes appropriés pour assurer l’équité dans le développement, la gestion et la distribution optimale des avantages qui découlent du secteur minier et pétrolier », selon Mme Larbli Tchintchibidja. Elle rassure du ferme engagement de la Commission de la Cedeao à œuvrer au développement de l’industrie minière et pétrolière dans la région et à assumer son rôle de catalyseur dans le processus d’industrialisation afin de promouvoir le bien-être des citoyens.
Pour y parvenir, le ministre Abdoulaye Bio Tchané suggère une stratégie efficace de développement des mines dans la sous-région, laquelle doit être bien planifiée et inclure quatre piliers interdépendants à savoir la réglementation et la gouvernance, les infrastructures et la logistique, le développement des compétences et l’innovation et la responsabilité sociale et environnementale.
Défis majeurs

La méconnaissance du potentiel minier et pétrolier caractérisée par une cartographie géologique insuffisante, la faible capacité de financement de l’exploitation des ressources minières et pétrolières restent des défis majeurs, souligne Damtien Larbli Tchintchibidja. A cela s’ajoutent les possibilités limitées pour la transformation sur place des produits bruts, le manque des ressources humaines et de capacités à négocier favorablement des contrats complexes au bénéfice des Etats.
La nécessité d’avoir des infrastructures transfrontalières de transformation des ressources s’avère incontournable pour réaliser le potentiel économique de la région, préconise le ministre béninois en charge des Mines. Selon Samou S. Adambi, il faudrait encourager et soutenir les investisseurs africains, mais aussi et surtout créer et développer des institutions financières fortes en partenariat avec les banques privées et d’autres partenaires. L’objectif à terme est de réduire les coûts d’exploitation et de réaliser des économies d'échelle.
Aussi, il est question de s’assurer qu’une masse critique de citoyens engagés dans ce secteur, respecte les normes réglementaires pour les opérations artisanales à petite échelle et semi-industrielles. Le cas de l’orpaillage est un exemple qui constitue un véritable défi d’encadrement, d’organisation et de règlementation, fait remarquer la vice-présidente de la Commission de la Cedeao.
Mme Tchintchibidja insiste aussi sur l’application stricte et optimale des actes juridiques et autres cadres réglementaires adoptés par les Etats membres, la participation des citoyens nationaux à l’ensemble de la chaîne de valeur géo-extractive. Pour sa part, assure-t-elle, la Commission de la Cedeao s’engage à soutenir ses membres et à œuvrer au respect des textes qui peinent à être implémentés par tous.