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Amélioration des conditions de vie des femmes: Miser sur la budgétisation sensible au genre

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 15 mars 2018 à 08h04
[caption id="attachment_28394" align="alignnone" width="1024"]Amélioration des conditions de vie des femmes: Miser sur la budgétisation sensible au genre[/caption]

La budgétisation sensible au genre requiert encore des efforts au Bénin. La nécessité de tenir compte des besoins spécifiques des différentes composantes du pays, notamment des femmes dans la planification, est un pas vers le développement des communautés à la base. Le ministère en charge des Affaires sociales indique quelques pistes en la matière.

Seulement 13 % des besoins spécifiques des femmes sont pris en compte dans les budgets au niveau national et 11,10 % de la dimension sexo-spécifique dans les programmes, a révélé Bintou Taro Chabi Adam, ministre en charge des Affaires sociales, à l’occasion de la journée d’échanges des Ptf sur la budgétisation sensible au genre. Ainsi, en l’absence d’une évaluation genre dans les Plans de développement communaux (Pdc), les besoins réels des femmes ne sont pas bien spécifiés.

« J’ignore l’existence d’une ligne budgétaire dans le Pdc en faveur des besoins spécifiques aux femmes. C’est maintenant que la société civile a commencé par nous soumettre ces préoccupations », explique le chef service des Affaires domaniales et environnementales de la mairie de Tori, Gilbert Azonnassou.
Quinze ans déjà que le Bénin a amorcé le processus de la décentralisation qui suppose la promotion de la démocratie et du développement à la base avec en principe, l’implication des femmes aux côtés des hommes dans la gestion des affaires de la cité. Le genre reste peu visible dans le processus du développement à la base. Cette situation ne favorise pas la prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans les domaines les concernant.
Les données sur le degré d’implication des femmes dans la gestion des affaires de leurs localités indiquent que le Bénin a encore du chemin à faire. Jusque-là, la gestion des conseils communaux et municipaux est restée l’apanage des hommes. Très peu de femmes influencent donc leurs choix lorsqu’il s’agit de prendre d’importantes décisions pour le développement à la base.
Les données au niveau des différentes communes du Bénin, à l’exception de celles dirigées par des femmes, illustrent bien la faible implication des femmes dans la gestion des affaires de la cité et leur prise en compte dans l’élaboration du budget local.
Les principales actions prévues en faveur du genre au niveau des communes, sont relatives à la scolarisation des filles, à l’appui aux groupements féminins dans différents secteurs d’activités, à l’appui à la formation sur les techniques modernes de transformation agricole, à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles (Vff) et au soutien aux femmes au cours de la Journée internationale de la femme (Jif). Des préoccupations qui sont loin de combler les attentes de l’association des femmes’’ Nenyon’’ à Grand-Popo’’ et Aïdoté à Tori. Considérant ces actions insignifiantes, elles attendent des autorités locales des initiatives fortes en ce qui concerne leur accès aux soins de santé, notamment en matière de santé de la reproduction, l’appui aux activités génératrices de revenus ainsi que leur accès aux facteurs et moyens de production agricole : terres, eau, matériels agricoles.
Au niveau de la plupart des communes, les femmes continuent d’être considérées comme des assistées plutôt que des valeurs à exploiter. Une telle situation ne permet pas l’affectation de crédits aux domaines qui peuvent impacter positivement leur vie. Elle affaiblit aussi le développement des communautés.
La Banque mondiale indique que si « Les femmes étaient plus associées aux activités de développement, les taux de croissance dans les pays de l’Afrique au sud du Sahara, allaient doubler ».

Défis

Loin d’être un combat entre l’homme et la femme, la promotion de la femme devrait être considérée comme un facteur de croissance économique. Cela dans la mesure où l’implication des femmes, permettra de voir ce qui est occulté et de toucher à des systèmes fortement hiérarchisés, ainsi qu’à des pouvoirs établis, en vue de bousculer les habitudes sociales entre les sexes.
A l’instar d’autres pays, le Bénin s’est engagé dans le processus d’élaboration des stratégies de réduction de la pauvreté. Il s’agit de réduire la précarité dans laquelle vivent les populations les plus démunies et de relever le niveau de croissance du pays. Pour être efficace, toute politique de lutte contre la pauvreté doit s’attaquer aux inégalités structurelles entre hommes et femmes, en prenant en compte tous les aspects économiques, socioculturels et politiques des deux sexes.
Au nombre des défis à relever en faveur de la prise en compte des besoins spécifiques des femmes, le ministère des Affaires sociales évoque « la compétence des cadres des ministères et au niveau déconcentré pour réellement mettre en œuvre les actions genre planifiées dans les documents de base, l’allocation de ressources humaines et financières conséquentes, afin d’assurer une affectation équitable des budgets et si possible réserver des moyens pour des actions spécifiques ».
Les défis tiennent également compte de la définition d’un cadre stratégique de la budgétisation sensible au genre (Bsg) au Bénin, le renforcement des capacités des acteurs de la chaîne budgétaire notamment les décideurs et l’institutionnalisation des outils d’application de la Bsg de façon à les rendre obligatoires dans le processus de planification.