La Nation Bénin...

Coups mortels (25e dossier): Sambo Bapa recouvre la liberté

Société
Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 13 juin 2018 à 06h24

Le vingt-cinquième dossier inscrit, lundi 11 juin dernier, au rôle de la première session de la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou est une affaire de coups mortels. A la barre pour en répondre, Sambo Bapa a été condamné à 5 ans de réclusion criminelle. En détention depuis le 13 août 2012, il a recouvré sa liberté.

Condamné à 5 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou, lundi 11 juin dernier, pour coups mortels, faits prévus et punis par l’article 309 alinéa 4 du Code pénal, Sambo Bapa retrouve enfin les siens. Bouvier de profession, il était en détention depuis le 13 août 2012, après avoir été inculpé pour l’assassinat de Garba Boubé. Il n’a pas apprécié que ce dernier, sous prétexte de réclamer le remboursement de sa dot ou le retour de sa sœur qui l’a quittée pour se rendre au Niger avec son premier époux, menace sa mère.
Interpellé et poursuivi pour le chef de coups mortels, Sambo Bapa a reconnu les faits mis à sa charge. A la barre et sur interpellations-réponses du président de la cour, Edouard Ignace Gangny, et de l’avocat général, Alexis Mètahou, il n’a pas nié avoir porté un coup à la nuque de la victime, lequel lui a été fatal.
« N’as-tu pas trouvé une autre partie que la nuque qui est trop sensible ? En lui donnant ce coup, qu’est-ce que tu espérais», sont, entre autres, les questions auxquelles il devait répondre, au cours de son audition. Alors que la victime portait deux blessures à la tête et une autre à l’abdomen, Samba Bapa a soutenu lui avoir donné qu’un seul coup de bâton.
Prenant ses réquisitions, l’avocat général Alexis Mètahou démontrera que les éléments constitutifs du crime de coups mortels sont réunis. Il invitera alors la cour à entrer en condamnation contre Sambo Bapa qui, au regard de l’expertise psychiatrique, est accessible, selon lui, à la peine pénale. Le représentant du ministère public a proposé 10 ans de réclusion criminelle.

Trois hypothèses posées

« L’évidence dans ce dossier conduira à ce que Sambo Bapa rentre chez lui. Et il en sera ainsi, parce que les faits sont têtus», a fait observer Me Igor Cécil Sacramento, à l’entame de sa plaidoirie. Selon lui, la victime n’a pas été patiente, car promesse a été faite que sa dot de 200 000 F Cfa lui sera remboursée, après la vente d’une bête, au prochain marché de Guéné, à Malanville. Il appellera la cour à rendre «une justice juste ». « Qui a porté des coups. Avec quoi, ont-ils été portés ? Qui a été le premier à les donner ? Qui a porté le coup fatal ? », autant de questions qu’il a invité les membres de la cour à se poser. « Des réponses à ces questions, vous constaterez que la réquisition du représentant du ministère public n’aura été qu’une simple diatribe contre mon client », a-t-il laissé entendre.
Au principal, Me Igor Cécil
Sacramento plaidera la légitime défense. « Malgré les promesses de remboursement qui lui ont été faites, la victime s’est rendue trois fois dans la journée et une autre fois à 19 h au domicile de mon client et s’est mis à menacer sa mère qui a appelé au secours. Lorsque mon client a accouru, Garba Boubé l’a attaqué et blessé avec son coupe-coupe. Il a même blessé à la tête Bio Abdoulaye, un des amis de Sambo Bapa qui l’ont suivi », a raconté Me Igor Cécil Sacramento. Selon lui, la violence du coup de bâton de son client et les blessures portées à la victime seraient commandés par la légitime défense. Il demande alors l’acquittement pur et simple de son client puisque l’infraction de coups mortels n’est plus constituée. Au subsidiaire, il plaide l’acquittement au bénéfice du doute, en s’asseyant sur le principe de l’imputabilité. « Le ministère public n’est pas arrivé à démontrer que Sambo Bapa a donné un, deux ou trois coups, ou que c’est son seul coup qui a été fatal à la victime », a-t-il soutenu. Dans le cas où aucune de ses deux premières propositions ne rencontrerait l’assentiment de la cour, il exhortera ses membres à retenir l’excuse de provocation car, agressé à son domicile, son client s’est vu dans l’obligation de riposter.
Le président Edouard Ignace Gangny avait comme assesseurs Francis Bodjrènou et Ignace Adigbli. Au prononcé du résultat du délibéré de la cour, Sambo Bapa a poussé un grand ouf de soulagement, avant d’aller se confondre en remerciements auprès de son avocat-conseil, Me Igor Cécil Sacramento.
Les faits

Fanta Bapa, la sœur de Sambo Bapa, a épousé un homme qui l’a abandonnée pendant trois ans, pour se rendre en aventure. Saisissant l’occasion, Garba Boubé a procédé à son enlèvement. Ils ont disparu de la localité pendant sept mois environ. A leur retour au village, il est venu payer la dot et Fanta Bapa est restée dans les liens de mariage avec lui. Entretemps, le beau-frère, Sambo Bapa, a conseillé au couple de quitter le village Fianfounfoun, pour éviter toute dispute, s’il advenait que le premier époux venait à se présenter un jour. Un conseil qui malheureusement n’a pas été suivi.
Le samedi 30 juin 2012, l’ancien mari réapparu dans le village et s’est rendu dans sa belle-famille. La belle-mère lui a fait savoir qu’en son absence, son épouse s’est remariée à un autre homme. Il a répliqué de façon énergique et a réclamé soit de reprendre sa femme soit de se faire rembourser la dot, soupçonnant sa belle-mère de complicité.
Sollicitant une permission pour sa fille auprès de son second mari, pour un voyage, la mère en revint sans elle. Elle expliqua que c’est son ancien mari qui l’a retenue.
Le mercredi 4 juillet 2012, aux environs de 20 h, Garba Boubé s’est rendu au domicile de ses beaux-parents pour la réclamer. Une altercation s’en est suivie, puis il rendit l’âme des suites des coups à lui portés par son beau-frère Sambo Bapa.