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Criminalité transnationale organisée (CTO) et corruption:Une étude spéciale renseigne sur l’ampleur des phénomènes

Société
Par   LANATION, le 25 mars 2015 à 08h38

Si on a généralement déploré les affres de la corruption, quelle est la situation de la criminalité transnationale organisée au Bénin ? Avec l’appui financier de l’USAID, l’Autorité nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC), convaincue qu’une véritable lutte contre ce fléau nécessite que l’exemple vienne d’en haut et des agents publics, a réalisé une étude spéciale sur la criminalité transfrontalière et la corruption. Elle en a livré la substance hier mardi 24 mars à Cotonou.

L’état de la criminalité transfrontalière organisée et la corruption au Bénin préoccupe l’ANLC. Elle y a, d’ailleurs, diligenté une étude à cet effet. Justifiant cette initiative, son président, Guy Ogoubiyi, signale que l’étude a été réalisée en juin-juillet 2014, avec pour objectif d’inventorier la situation des CTO et de documenter les pratiques de la corruption en mettant en exergue leurs interrelations et interactions avec les CTO, d’analyser l’état de la corruption, des crimes organisés et des moyens utilisés, afin de mieux envisager la répression, tout en évaluant les obstacles et défis dans les procédures judiciaires et les questions de transparence…

Aussi, exprime-t-il la gratitude de l’ANLC à l’USAID pour avoir aidé à la réalisation de cette étude. Laquelle a permis de mettre en relief les perceptions des acteurs sur les différentes thématiques, après avoir scruté les réalités de pays voisins, puis fait des recommandations.
C’est alors que l’équipe de consultants du Laboratoire d’Analyse des Dynamiques sociales et du Développement, avec à sa tête le professeur Roch Mongbo, va livrer à l’assistance, la substance de l’étude spéciale sur la criminalité transfrontalière organisée (CTO) en lien avec la corruption qu’elle a coordonnée et conduite. Une étude qui a permis de relever que les contextes géo-socio-économiques de la sous-région ouest africaine sont porteurs de corruption et d’illégalité. Une faible rentabilité des activités économiques légales, une faible présence de l’Etat dans les marges frontalières, un affaiblissement systématique des capacités d’intervention de l’Etat, etc. Il en ressort aussi que l’incidence des CTO est croissante, ses manifestations visibles étant de plus en plus nombreuses ; et portant sur des objets inertes (drogue, armes, marchandises, argents, organes humains) avec pour victimes, souvent, des enfants, des prostituées qui en deviennent même les agents.

Trafic d’enfants, de produits pharmaceutiques et pétroliers

L’étude a, par ailleurs, consisté en une immersion pour s’intéresser aux trafics en tous genres : drogues, véhicules d’occasion, médicaments et produits pétroliers, cybercrime, trafic d’êtres humains, prostitution…
En s’attardant spécifiquement sur le cas du trafic transfrontalier d’êtres humains, notamment des enfants pour l’usage domestique et économique ou sexuel, l’étude révèle que ce trafic est la forme la plus élevée de crime transfrontalier avec le trafic de drogue, tous moyens de transport y concourant et, de plus en plus, les motos pour emprunter les pistes rurales. A noter que les pays limitrophes se nourrissent de ce phénomène, de même que certains pays pourtant éloignés du Bénin. Pourtant, renseigne l’étude, un arsenal juridique caractérisé par une série d’instruments nationaux et internationaux existe. Problème, ces textes sont contournés ou ont des effets limités. Toutes choses qui appellent comme défis, d’approfondir les interactions entre parents, enfants, trafiquants et acteurs locaux de lutte ; et de renforcer les capacités d’actions des forces de l’ordre.
L’autre cas qui a particulièrement retenu l’attention des consultants, est celui de la contrebande des produits pharmaceutiques et pétroliers. Il en est ressorti que le nombre d’étals de vente de produits pharmaceutiques dans le marché Dantokpa est passé de 144 en 1987 à 1000 en 2010 alors que les officines de vente desdits produits n’ont augmenté qu’en faible proportion. Et que l’évolution de la part de la consommation globale en produits pétroliers satisfaite par la contrebande est passée de 34% en 1987 à 85% en 2011. Des performances rendues possibles par la proximité du Nigeria, les disparités des politiques économiques et monétaires entre ce pays et le Bénin, les politiques nationales qui manquent d’efficacité…