La Nation Bénin...
Point
clé de tout scrutin, le fichier électoral fait actuellement l’objet de toutes
les attentions, en prélude aux élections de 2026. Obtenir l’unanimité autour de
cet instrument, ne peut qu’être bénéfique pour ce processus électoral aux
enjeux cruciaux, à en croire les acteurs politiques.
La
Liste électorale informatisée (Léi), devant servir pour les élections
législatives, communales et municipales, et l’élection présidentielle en 2026,
est-elle d’une fiabilité à toute épreuve ? L’opposition menée par les
Démocrates, jure que non. Et en appelle à son audit. Qu’à cela ne tienne, en a
convenu le chef de l’Etat, il y a de cela déjà un an.
Passé
un an, l’opposition s’approprie tardivement, est-on tenté de dire, cette
ouverture faite par le président Patrice Talon. Cependant, la plupart des
formations politiques de la Mouvance présidentielle font part de leurs réserves
quant à l’idée d’une révision du fichier électoral et renvoient au cadre
législatif. Pertinence ou refus stratégique ?
L’Union
progressiste le Renouveau rejette l’appel de l’opposition à participer à
l’audit de la liste électorale informatisée, arguant qu’aucune disposition
légale ne l’établit. Selon le communiqué qui sanctionne sa rencontre avec le
cadre de l’opposition, “L’Union progressiste le Renouveau, parti de la majorité
parlementaire et présidentielle, manquerait à sa responsabilité politique et
affecterait celle de l’opposition si elle s’associait, dans son positionnement
politique actuel, à une initiative fondée sur un manque de confiance dans le
dispositif électoral qu’elle a politiquement défendu et activement recherché”.
Se faisant l’allié indéfectible de la loi, l’Upr appelle l’opposition à
également l’observer. Toutefois,
“L’Union progressiste le Renouveau reste disponible à contribuer aux côtés de
l’Anip et de tous autres acteurs concernés, dit-il, dans le respect strict du
cadre légal établi, comme ce fut le cas à la veille des élections législatives
de 2023, à l’extraction et à la mise à disposition de la Cena d’une liste
fiable pour des élections transparentes, crédibles et apaisées en 2026.
Au-delà
d’un refus poli qui a pris la forme d’une profession juridique, il n'en demeure
pas moins que la Léi est extraite du registre national compilé par l’Agence
nationale d’identification des personnes (Anip), guidée par le souci de
transparence électorale.
Selon
les dispositions de la loi 2017-08 portant identification des personnes
physiques et de la loi 2019-43 portant code électoral, l’Anip transmet :180
jours avant la date du scrutin la statistique relative à la Léi, qui est une
estimation des citoyens en âge de voter. Ce, sans des indications portant sur
leurs centres de vote. Et 120 jours avant les élections couplées
législatives/communales, l’Anip procède à l’extraction de la Léi du registre
national avec cette fois-ci prise en compte des centres de vote. Celle-ci est
transmise à la Cena, 60 jours avant le 1er scrutin de l’année électorale après
publication pendant 15 jours.
Climat
de confiance
Le
législateur ne prévoit donc aucun rapport entre l’Agence productrice de la
Liste électorale informatisée et les formations politiques, qui ont des
fonctions et des missions distinctes de celles de l’agence administrative
consacrée par la Constitution et autres lois connexes.
En
dépit d’une telle considération, “La démocratie, c’est beaucoup plus que la
pratique des élections et le gouvernement de la majorité: c'est un type de
mœurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l'adversaire;
c'est un code moral”, disait Pierre Mendès France, ancien premier ministre de
la république française. Cette maxime a sans doute guidé le choix de Patrice
Talon, d’accéder à la requête d’une révision du fichier électoral formulée par
ses opposants politiques. En partant sans doute du principe défini par Mao Tse
Toung selon lequel “La politique est une guerre sans effusion de sang’’.
Moele-Bénin,
soutien du pouvoir, s’inscrit dans la démarche présidentielle et s’est engagé à
l’issue de ses échanges avec l’opposition : “à participer à toute initiative
saine visant à renforcer le climat de confiance au niveau des acteurs
politiques, mais aussi mettre en confiance et à l’aise l’ensemble de ses
concitoyens quant aux conditions d’organisation des élections générales de
2026”. Cette position tient, argumente Moele-Bénin, au fait que les difficultés
relevées ont ‘’créé du tort à tous les partis politiques en compétition”,
difficultés notamment à propos du positionnement des électeurs dans les bureaux
de vote.
Le Bloc républicain n’entend pour sa part s’associer à quelque opération d’audit portée par les partis du Cadre de concertation de l’opposition. L’initiative dudit cadre, ‘’risque de compromettre fortement la crédibilité des élections générales prochaines”, a indiqué le parti présidé par Abdoulaye Bio Tchané, exprimant des réserves sur la pertinence de l’audit de la liste ayant servi aux élections législatives de 2023. Le Bloc républicain “reste convaincu que le dispositif actuel constitue le meilleur outil pour garantir des élections pacifiques, crédibles et transparentes”■