Francophonie: Cap sur le développement d’une diplomatie scientifique
Société
Par
Ariel GBAGUIDI, le 08 déc. 2022
à
07h54
Près de 40 pays membres de la Francophonie ont consigné ou validé par accord de principe le Manifeste pour une diplomatie scientifique francophone, lors de la 6e Conférence ministérielle qui a eu lieu au Caire, le 26 octobre dernier. Le document promeut, entre autres, l’apport des systèmes éducatifs et universitaires aux décideurs politiques sur les problèmes complexes sociétaux.Les pays ayant le français et d’autres valeurs et points en partage ne s’affirment pas encore par une forte coopération scientifique. Idem en matière d’alignement efficace des ressources de l’intelligence collective. Pour pallier cet état de choses, ils ont opté pour la mise en place d’une diplomatie scientifique francophone dont la feuille de route est un Manifeste qu’ils ont approuvé lors de la 6e Conférence ministérielle, en octobre dernier, au Caire. « Ce manifeste inédit est un document de référence centré sur l’apport des systèmes éducatifs et universitaires aux décideurs politiques. Son originalité est de proposer une méthodologie et des thématiques prioritaires de coopération internationale et de partenariats dans l’espace francophone, qui soient portés par les gouvernements et soutenus par un réseau mondial d’experts et de scientifiques francophones », soutient l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf), initiatrice dudit Manifeste. En effet, face à la complexité sans cesse croissante des défis mondiaux, explique l’Auf, les décideurs politiques ont de plus en plus besoin de recourir à l’avis expert des scientifiques. « Le développement durable et inclusif ne pourra être atteint que s’il est conçu mondialement. Cette convergence internationale des préoccupations sociétales doit favoriser les approches gagnant-gagnant et non-idéologiques aussi bien au niveau local, national, régional qu’international », ajoutent les pays signataires du Manifeste. Cette convergence, à les en croire, doit profiter à la fois aux scientifiques, avec la diversité de leurs apports, et aux politiques publiques, avec la diversité de leurs orientations, aux pays du Sud, dont l’émergence exige un plus grand recours à la science, à la technologie et à l’innovation ; et aux pays du Nord, dont le développement est menacé par une complexité grandissante et l’aggravation des déséquilibres. La diplomatie scientifique ainsi acté offre cet espace d’échange, de dialogue et une interface entre les parties prenantes de cette problématique que sont les politiques et les diplomates ; les scientifiques en général et les chercheurs en particulier et l’écosystème éducatif et la société civile en général. « Ce Manifeste est donc une première à plus d’un titre, d’abord : c’est une première édition portée par des décideurs politiques et soutenue par un réseau mondial d’universitaires ; ensuite, il est dédié à un espace mondial géopolitique bien identifié ; et enfin, centré sur l’apport des systèmes éducatifs et universitaires aux problèmes complexes de nos sociétés », ont martelé les signataires. A travers ce document, ces derniers expriment leurs engagements à promouvoir l’expertise francophone et le réseautage politico-scientifique dans un contexte mondialisé et plurilingue, tout en garantissant la cohabitation du français et des autres langues de l’espace ; favoriser une coopération solidaire, inclusive, contextualisée et orientée résultats ; adopter une approche plus prospective pour anticiper les évolutions souhaitées des systèmes éducatifs et universitaires en réponse aux besoins spécifiques des pays et aux défis mondiaux.
Sept thématiques
Dans les politiques de coopération internationale en relation avec la science et l’éducation dans l’espace francophone, ils ont convenu de prioriser sept thématiques qui sont : institutionnaliser la mobilité des compétences ; professionnaliser le corps enseignant et les diplômes ; valoriser les publications scientifiques francophones ; normaliser la qualité des établissements scientifiques ; démocratiser le numérique éducatif ; développer l’employabilité des jeunes et promouvoir l’entrepreneuriat et diffuser la culture de la médiation et de la gestion de conflits. Pour opérationnaliser les engagements du Manifeste, un mode de gouvernance a été adopté. Il est basé sur l’institutionnalisation et la pérennisation de la Conférence des ministres en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans l’espace scientifique francophone. Celle-ci mettra en œuvre le document de manière itérative, co-construite et consensuelle. Le projet de Manifeste a vu le jour lors de la première Semaine mondiale de la Francophonie scientifique organisée par l’Auf à Bucarest (Roumanie) en septembre 2021. Depuis, l’Agence a entrepris un travail de concertation et de synthèse ayant débouché sur le document projet du Manifeste qui a été validé par près de 40 pays représentés à la 6e Conférence ministérielle du Caire, le 26 octobre 2022, organisé au cours de la 2e Semaine mondiale de la Francophonie scientifique. Le Manifeste a été présenté aux chefs d’État et de gouvernement lors du 18e sommet de la Francophonie à Djerba (Tunisie), les 19 et 20 novembre derniers.