La Nation : La cybercriminalité est si répandue aujourd’hui que les ‘’gay man’’ n’hésitent pas à faire recours à la main d’œuvre infantile pour accomplir leur sale besogne. Que savez-vous de l’implication des enfants dans ce phénomène ?
Jérémie Orou : L’utilisation des enfants dans la cybercriminalité est aujourd’hui une réalité dont on doit tenir compte parce qu’ils sont devenus une proie facile pour la cyberprédation. Un cybercriminel peut brandir l’image d’un enfant comme quelqu’un envers qui il est généreux. Il peut l’utiliser dans la pédophilie ou encore le cyber harcèlement. Les ‘’gay men’’ peuvent utiliser l’image des enfants pour se redonner confiance, pour montrer au monde qu’ils ont un lien parental avec l’enfant, alors qu’il n’en est absolument rien.
Les enfants sont une proie facile dont les cybercriminels peuvent également utiliser les organes du corps et le sang pour des sacrifices rituels. Ces individus sans foi ni loi abusent aussi de la naïveté des enfants pour accéder à des informations sensibles de leurs parents. Ils leur font miroiter toutes sortes de promesses afin de leur soutirer des informations relatives aux données personnelles de leurs parents. Ils peuvent les manipuler en leur proposant de l’argent ou les appâter sur les sites de jeu ou pornographiques. Ils peuvent proposer à l’enfant des informations sur la drogue, sur la fabrication des bombes et même sur la radicalisation (la formation sur le terrorisme).
A quoi cela sert-il alors pour un parent de laisser un téléphone portable dans les mains d’un enfant sous prétexte que nous sommes dans l’air du temps ?
L’utilisation du téléphone portable est un couteau à double tranchant. Après tout, c’est un outil de communication dont les parents ont besoin à des moments donnés pour communiquer avec leurs enfants. Si on doit l’interdire à un enfant à cause des cybercriminels, des cyberprédateurs, du cyberharcèlement, on risque malheureusement de l’isoler, le priver de beaucoup de choses de son âge et de sa génération. Cette interdiction risque de lui limiter encore l’ouverture d’esprit.
Quels sont les statuts des enfants, potentiels cybercriminels ?
Les tout petits, notamment les enfants de la rue peuvent facilement être enrôlés par les cyberprédateurs et les cybercriminels. C’est dangereux de laisser son enfant seul circuler dans une zone à risque. Le deuxième groupe d’enfants plus exposés à la cyberprédation, ce sont les adolescents. A l’adolescence, les enfants sont dans la zone d’influence des pairs. Du coup, ils considèrent tout ce qui vient de leurs camarades comme des modèles.
Le cybercriminel sait que dès qu’il réussit à emballer un seul adolescent, il peut rapidement créer un noyau autour de lui, parce que à cet âge, l’enfant est déjà tourné vers les associations, les groupes, les clubs, les équipes, vers tout ce qui vient de l’extérieur et ses pairs.
Certaines personnes lient l’intégration des enfants à ces réseaux au fait qu’ils ont reçu des chocs et blessures dans leurs familles et dans la société. Que répondrez-vous à cela ?
Toutes les déviances sont en fait le fruit d’un mauvais formatage psychologique de base. Tous les comportements déviants tiennent leur source de là. Le formatage psychologique de base se déroule dans la période de zéro à neuf mois. C’est là que les bases fondamentales psychologiques de la personne sont posées. Il est donc important que le formatage psychologique de base de tout enfant soit bien conduit en présence de son père et de sa mère dans des conditions de paix et d’harmonie. Si ce n’est pas le cas, son développement psychologique prend un coup.
Plusieurs gay men et personnes droguées veulent se reconvertir et n’y arrivent pas parce que tout part des ratés au niveau du formatage psychologique de base. Ce sont des gens dont le développement psychologique a été mal conduit. Le développement psychologique est divisé en plusieurs phases. De zéro à cinq ans, c’est la zone d’influence de la mère. Si la maman n’est pas là et l’enfant est confié à une tierce personne pour quelque raison que ce soit, l’enfant va connaitre un vide affectif. De six à onze ans, c’est la zone d’influence du père. Donc si l’enfant grandit sans son père dans cette période-là, il va porter un vide affectif et il aura plus tard, les stigmates d’une éducation monoparentale. Donc, ces personnes-là qui ont des vides affectifs, soit du père ou de la mère, risquent de connaitre beaucoup de déviances. Il n’est déjà pas facile pour les adolescents de traverser la zone d’influence des pairs sans turbulence. Si jamais un adolescent trempe son petit doigt dans la cybercriminalité, il va influencer ses camarades.
Le risque pour les enfants provenant des familles non harmonieuses est réel. Tous les enfants rêvent d’une famille harmonieuse qui constitue un havre de paix pour leur croissance, leur développement psychologique et pour leur éducation. Mais si tout le temps, les parents sont à couteaux tirés dans le couple, cela fatigue, perturbe et désoriente l’enfant. Il va chercher à avoir l’harmonie qu’il recherche en famille ailleurs. A partir de là, les cybercriminels peuvent devenir plus facilement une famille d’accueil.
On est souvent à mille lieues d’imaginer que les cybercriminels peuvent facilement opérer dans les internats. Nous avons beaucoup souffert avec des cas de drogue dans ces milieux.
Comment la drogue peut-elle entrer dans un internat alors que c’est un espace fermé et de protection pour l’éducation de l’enfant ?
La drogue y entre et y circule allègrement. Si la cybercriminalité trouve l'accès, elle va rentrer et s’installer véritablement. Les internats ne sont pas à l’abri de la cybercriminalité. Et pour cause, dans ce milieu, le regroupement des adolescents est plus aisé. Les parents doivent savoir que leur responsabilité envers les enfants reste entière même lorsqu’ils sont dans les internats.
Qu’en est-il des manœuvres de recrutement des cybercriminels ?
L’enrôlement des enfants par les cybercriminels est très facile. La différence entre l’enfant et l’adulte sur le terrain de l’apprentissage, c’est que l’adulte apprend tout ce qui l’intéresse alors que l’enfant apprend tout ce qui passe devant lui. Le cybercriminel va brandir à l’enfant tout ce qui peut facilement l’emballer ; la maturité n’y étant pas, l’enfant peut facilement tomber dans son piège. L’adolescent est tourné facilement vers les regroupements (musical, culturel, artistique, sportif…).
Quelles sont les conséquences de l’implication des enfants dans ce phénomène pour nos sociétés en plein développement ?
Les enfants dont nous parlons aujourd’hui deviendront des adultes. Nous risquons gros avec l’aisance de la manipulation des outils informatiques par les enfants.
L’autre risque, c’est la facilité pour gagner de l’argent. Les enfants exposés à la cybercriminalité ne vont pas souffrir pour gagner de l’argent. Ils resteront apprentis arnaqueurs. La société sera donc composée des gens qui ne veulent pas gagner leur argent à la sueur de leur front.
Etes-vous déjà parvenu à sortir des enfants de ce cercle vicieux et à les réinsérer ?
Nous faisons l’accompagnement de beaucoup de personnes initiées à la cybercriminalité. Le drame, c’est qu’elles pensent qu’elles ne peuvent rien faire dans la société. Ces individus trouvent que c’est plus facile d’arnaquer que d’apprendre un métier.
Il est fondamental que les parents disposent du temps pour leurs enfants, autrement, ils fabriquent des monstres. Le manque de temps des parents est un facteur aggravant de la cybercriminalité chez les enfants.
Au lieu de priver un enfant de l’usage des outils électroniques, il faut plutôt encadrer l’usage. Ce n’est pas chez le ‘’gay man’’ que l’enfant ira découvrir un téléphone portable pour la première fois.
Dans notre société, l’absence de la figure paternelle posait déjà un problème pour le développement psychologique de l’enfant. Aujourd’hui, tous les deux parents vont travailler, plus personne n’a le temps pour les enfants. Dans ces conditions, le formatage psychologique de l’enfant doit être fait par qui ? Les paradigmes fondamentaux de notre société ont changé. On court dans tous les sens aujourd’hui à la recherche de l’argent, des diplômes, des postes, en sacrifiant l’éducation des enfants. Mais des études ont montré qu’à la vieillesse, tous ceux qui ont couru ainsi regrettent de l’avoir fait, au détriment de leurs enfants.
Quel doit être le rôle de la société et de l’Etat vis-à-vis des enfants pour sauver les meubles ?
L’Etat peut faciliter la tâche aux mères. Je ne connais pas une salle d’entreprise ou de ministère au Bénin qui dispose d’une salle d’allaitement maternel. C’est gênant de voir les nourrices squatter les locaux ou les escaliers des immeubles au sein des entreprises pour allaiter leurs enfants. C’est plus gênant pour une femme de devoir allaiter son bébé dans un bureau qu’elle partage avec son collègue de sexe masculin. Il importe que l’Etat mette en place des cadres adéquats à l’allaitement maternel aux femmes fonctionnaires. Il faut ensuite repenser le travail de la femme, en copiant les bons exemples d’autres pays.