Marchés pharmaceutiques dans les pays du Sud: Un ouvrage éclaire sur les régulations et enjeux

De la production à la consommation, en passant par la distribution, la prescription et autres, les pays du tiers monde s’investissent de mieux en mieux dans la régulation des marchés du médicament. Cette tendance a poussé l’Institut de recherche pour le développement (Ird) à effectuer une étude comparative des systèmes pharmaceutiques de certains pays en Afrique et en Asie. Les travaux ont été réalisés sous la direction des anthropologues Dr Carine Baxerres et Dr Maurice Cassier. Les résultats des cinq années de recherches ont été consignés dans un ouvrage intitulé « Des marchés pharmaceutiques en mutation dans les pays du Sud : Entre régulations locales et globales », paru le 1er octobre 2022 et présenté aux acteurs nationaux du médicament, vendredi dernier. Le livre compare, en effet, différents systèmes pharmaceutiques nationaux en Afrique et en Asie tels que ceux du Bénin, du Ghana et du Cambodge s’agissant de la production, la distribution, la prescription, la consommation et les usages pharmaceutiques dans ces pays. Il permet de comprendre de manière globale les enjeux mondiaux qui animent aujourd’hui les marchés du médicament dans les pays du Sud, a laissé entendre Dr Carine Baxerres, ajoutant qu’il s’agit d’une recherche pluridisciplinaire qui associe la Sociologie, l’Anthropologie et l’Epidémiologie. Le document est organisé en trois parties et onze chapitres. La première partie parle « des choix différents de régulation étatique au moment de l’indépendance et leurs conséquences ». La deuxième se focalise sur « les marchés globaux et locaux des nouveaux antipaludiques notamment les combinaisons thérapeutiques à base d’Artemisia ». Dans cette partie, explique Dr Carine Baxerres, le livre dévoile la mise au point de ces produits à travers plusieurs acteurs de différents pays des Suds, les différents marchés publics et privés dans lesquels se retrouvent les producteurs de différentes parties du monde notamment en Afrique et en Asie et enfin les usages qui sont faits de ces médicaments en automédication et suite à une prescription. Un chapitre est également consacré à la phytothérapie standardisée dans la lutte contre le paludisme. La dernière partie du document, poursuit-elle, est placée sous la thématique « la pharmaceuticalisation : le médicament au cœur des systèmes de santé et des sociétés ».

Contributions

En outre, le livre propose à l’attention des puissances publiques des outils pour gouverner les marchés pharmaceutiques en privilégiant les aspects de sûreté, d’utilité thérapeutique et d’accessibilité des produits. 

Plusieurs chercheurs de l’Ecole doctorale pluridisciplinaire « Espaces, Cultures et Développement » ont contribué aux travaux. L’un de ces contributeurs, professeur Adolphe Kpatchavi, fait la genèse de l’étude, présente, entre autres, la démarche méthodologique du groupe dont il fait partie et se félicite des résultats obtenus. « Dans la littérature, c’est le tout premier ouvrage qui jette un regard global sur le marché des médicaments du point de vue de la politique, de la régulation, de la distribution, de la consommation et de ses usages dans la population », s’est-il réjoui. En termes, « de perspectives, nous pensons que cette démarche doit être répliquée par rapport à beaucoup d’autres pathologies comme les pathologies émergentes », suggère-t-il à l’endroit du monde scientifique. Professeur Placide Clédjo, directeur de l’Ecole doctorale, salue la publication du livre, l’apport de la sociologie à la compréhension du sujet et « réitère la nécessité pour les sciences sociales de prendre conscience de leurs propres mémoires, de leurs missions comme ce fut le cas en Europe au XIXe siècle où la sociologie s’est donné pour vocation d’analyser les crises et de leur trouver des solutions ». Il exhorte tous les acteurs à jouer leur partition, surtout en ces temps où le continent africain, le Bénin inclus, traverse une crise affectant tous les paliers à savoir l’économie, la politique, le social, l’environnement, le culturel et bien d’autres encore.