La Nation Bénin...
Les acteurs impliqués dans la production et la promotion du fromage peul Wagashi Gassirè ont échangé, vendredi 20 octobre dernier à Cotonou, sur les enjeux de la conservation et de la certification du produit. C’était à la faveur d’une journée de réflexion organisée par le consortium Aced-Gret-Cirad pour évoquer les enjeux de sa certification.
Le processus de la reconnaissance en Indication
géographique (Ig) du fromage peul Wagashi Gassirè amorce une phase cruciale.
Une feuille de route est définie à la faveur d’une journée de réflexion
organisée, vendredi dernier, à Cotonou sur les enjeux de la conservation et de
la certification de ce produit emblématique du Bénin. Elle s’inscrit dans le
cadre de l’initiative « Mise en place et développement de l’Ig Wagashi Gassirè
du Borgou-Alibori », financée par l’Agence française de développement (Afd) et
mise en œuvre depuis janvier 2023 par le Centre africain pour le développement
équitable (Aced) en collaboration avec le Groupe de recherche et d’échanges
technologiques (Gret) et le Centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement (Cirad).
Les acteurs impliqués dans la production et la promotion du
Wagashi Gassirè sont appelés à élaborer des solutions visant à améliorer la
stabilisation et la commercialisation du produit, en prenant en compte à la
fois ses aspects culturels et économiques, sans détériorer sa qualité
organoleptique et nutritionnelle et sans modifier les pratiques de production
qui confèrent son authenticité, indique Fréjus Thoto, directeur exécutif de
l’Aced. La certification est un moyen efficace pour garantir la qualité et la
clef d’accès à des marchés plus vastes, nationaux et internationaux, créant
ainsi des opportunités économiques substantielles pour les communautés,
notamment les femmes qui ont préservé ce patrimoine depuis des générations,
soutient-il.
Il est temps que le processus de labellisation démarré
depuis un certain temps avec l’Association nationale des organisations
professionnelles des éleveurs de ruminants du Bénin (Anoper-Bénin) et d’autres
acteurs connaisse un aboutissement, plaide Adamou Mama Sambo, haut-commissaire
à la sédentarisation des éleveurs.
Notoriété à préserver
La préservation de cette tradition culinaire n'est pas une simple préoccupation, mais un impératif. « Si nous traînons le pas, nous allons nous faire devancer», prévient Ebo Sacramento, directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Industrie et du Commerce. L’idéal, souhaite-t-il, c’est d’arriver à trouver les moyens de mettre le Wagashi Gassirè au même niveau de visibilité que d’autres produits comme le label ananas « Pain de sucre », la première Indication géographique protégée (Igp) du Bénin, enregistrée en 2020.
Pour ce faire, il faudra surmonter un certain nombre de
contraintes liées à la complexité des procédures, à l’amoncellement de
documents liés à l’obtention de la certification et au coût élevé de la
certification du label, fait savoir Youssouf Mama Sika. Le directeur en charge
de la normalisation et de la certification à l’Agence nationale de
normalisation, de métrologie et du contrôle qualité (Anm) insiste sur la
nécessité de disposer d’un document de base pour la certification et
l’engagement des acteurs à respecter les normes d’hygiène et autres règles
édictées afin de préserver les valeurs qui font du produit une référence. Cela
implique, entre autres, la traçabilité du produit depuis la vache jusqu’à la
transformation du lait, un approvisionnement responsable et régulier en
matières premières pour les unités de production et un suivi rigoureux des
prescriptions consenties par les différents maillons de la chaîne de valeur,
souligne-t-il.
Les caractéristiques physico-chimiques et nutritionnelles
du produit et les résultats des recherches universitaires sur les méthodes de
conservation, présentés lors de la journée de réflexion, sont peu connus des
acteurs à la base. Les participants plaident pour leur vulgarisation dans les
unités de production, notamment en ce qui concerne la technologie
traditionnelle de coagulant végétal utilisé, les bactéries pathogènes qui sont
parfois à la base du goût sucré, acide ou amer du produit. Le problème d’emballage
se pose également.