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Rencontres intergénérationnelles des médias: Noël Allagbada parle des défis de la presse béninoise

Société
Par   La Nation Bénin, le 20 juil. 2018 à 07h58
[caption id="attachment_30053" align="alignnone" width="1024"]Noel ALLAGBADA[/caption]

Le groupe de presse Éduc’Action a organisé, ce jeudi 19 juillet à Cotonou, la deuxième édition des Rencontres intergénérationnelles des médias (Rim) sous le thème « Les défis actuels de la presse béninoise ». Cette initiative vise à favoriser le brassage entre différentes générations de journalistes et à parler des problèmes et défis de la corporation.

L’acte 2 des Rencontres intergénérationnelles des médias (Rim) initiées par le groupe de presse Éduc’Action a eu lieu ce jeudi à Cotonou. Noël Allagbada, ancien journaliste à Daho-Express puis Ehuzu, ancêtres du quotidien La Nation, formateur, ancien directeur de l’Information et de la Propagande, est invité à partager avec la jeune génération ses expériences et surtout porté son regard critique sur l’exercice du métier. 

La rencontre visant à faire le pont entre l’ancienne et la nouvelle génération et devant constituer un ferment pour le brassage intergénérationnel, s’est déroulée autour du thème « Les défis actuels de la presse béninoise ».
Ulrich Vital Ahotondji, initiateur des rencontres et directeur général du groupe de presse Éduc’Action, explique qu’en décidant d’organiser les Rim, l’objectif est de créer une plate-forme d’échanges entre l’ancienne et la nouvelle génération de journalistes pour un partage d’expériences, terreau de la construction de médias plus crédibles et suffisamment professionnels. Pour lui, il s’agit de puiser de l’expérience des aînés et mieux exercer le métier.
Avant de porter son regard sur le métier, M. Allagbada est revenu sur son parcours, notamment dans un environnement que beaucoup qualifient de difficile. C’est par passion qu’il a choisi d’exercer ce métier et il ne s’est jamais senti menacé quand bien même nombreux sont ceux qui, pour évoquer cette époque, parlent de «dictature», fait-il savoir. Il affirme avoir bénéficié de la liberté d’exercer sa fonction quitte à répondre lorsque cela arrivait à gêner. Ce qui, signale-t-il, arrive par moments.
En cette période forte de l’histoire du pays, M. Allagbada affirme qu’il s’est toujours trouvé dans une posture où il faut prendre plus de risques que de subir la censure. Pour lui, il était beaucoup plus question de l’autocensure à cause de l’adhésion à la ligne éditoriale et à l’idéologie socialiste basée sur le marxisme-léninisme.
Noël Allagbada dit avoir pris fonction le 1er avril 1975, d’abord à la radio de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb), malgré sa résistance, car ayant une formation en presse écrite, avant d’être repêché à Daho-Express par Jérôme Carlos.
Aux dires de cet aîné de la profession, formé au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) à Dakar, dans le débat de liberté, il est beaucoup plus question de la responsabilité du journaliste. « Le journaliste lui-même est interpellé », affirme-t-il, ajoutant qu’il faut établir le lien avec la ligne éditoriale de l’organe.

Interroger l’avenir pour anticiper

Parlant des défis qui se présentent à la presse béninoise, Noël Allagbada appuyé par des anciens comme Mama Agueh, Paul Douakoutché, Ali Idrissou Touré et autres, affirme qu’il s’agit plutôt d’interroger l’avenir pour anticiper. Mais cela ne saurait être possible si un regard n’est pas jeté sur ce que la presse a été, ce qu’elle est actuellement pour mieux se positionner demain.
À l’unanimité, le rôle de l’argent a été déploré dans la situation actuelle dans laquelle se trouvent les médias béninois. « Tout se fait aujourd’hui comme si la presse béninoise n’avait pas une histoire », s’étonne Mama Agueh, ancien journaliste, secrétaire général de la Haac, par ailleurs formateur. Pour lui, la presse est envahie beaucoup plus par la communication que par l’information. « Ce sont les journalistes qui ont fait que la Haac est devenue la hache », explique-t-il parlant des manquements observés dans l’exercice du métier.
Mais, les aînés du métier qui s’y accrochent par passion et par vocation insistent sur le défi de positionnement dans l’espace social qui doit faire du journaliste un informateur et non un communicant. En dehors de la corruption, les anciens avertissent que le plus grand défi qui se présente actuellement est la fracture numérique. Ce qui risque, affirme Mama Agueh, d’affecter les manières de produire des reportages et les manières d’exercer même le métier, etc. seront remises en cause.