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Réparation des préjudices de la colonisation: Le Parlement panafricain mobilise médias, diaspora et société civile

Société
Lucia Dos Passos 3e vice-présidente du Parlement panafricain Lucia Dos Passos 3e vice-présidente du Parlement panafricain

Le Parlement panafricain a organisé à Dakar au Sénégal, du 5 au 8 décembre dernier, des consultations avec des représentants des médias, de la diaspora et de la société civile africaine pour mobiliser toutes les forces vives du continent à l’accompagner dans son ambition de travailler à faire réparer le préjudice subi par les pays africains pendant la colonisation.

 

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 10 déc. 2024 à 07h47 Durée 2 min.
#Parlement panafricain

Le Parlement panafricain (Pap), organe délibérant de l’Union africaine, prend le lead de travailler à permettre aux pays africains de réclamer justice, dignité et réparation des dommages causés au continent pendant la période coloniale. Il a organisé à cet effet, à Dakar au Sénégal, du 5 au 8 décembre dernier, des consultations avec des représentants des médias, de la société civile, de la jeunesse et de la Diaspora africaine autour du thème : « Favoriser les synergies panafricaines pour la justice et les réparations ».

Les travaux ont été officiellement ouverts par la 3e vice-présidente du Parlement panafricain, Lucia Dos Passos. « Nous sommes réunis aujourd’hui pour relever un défi historique : celui d’affronter les blessures profondes des injustices du passé tout en œuvrant pour la guérison collective », a précisé d’entrée de jeu Lucia Dos Passos. Selon elle, en tant qu’organe délibérant de l’Union africaine, le Parlement panafricain qui célèbre ses 20 ans d’existence cette année, a un rôle crucial à jouer dans ce processus de justice réparatrice. La députée capverdienne indique que le Parlement panafricain est avancé dans sa démarche de faire réparer les torts et atrocités subis par le passé par l’Afrique qui a vu notamment ses bras valides déportés manu militari et ses biens culturels pillés. La 3e vice-présidente du Parlement panafricain annonce qu’une loi modèle panafricaine est en élaboration au niveau du Parlement panafricain pour concrétiser cette ambition. Cette loi-type imminente, à en croire Lucia Dos Passos, servira de cadre de référence pour harmoniser les démarches des pays africains dans leurs négociations avec leurs anciens colonisateurs. Il s’agit, précise-t-elle, de travailler sur une loi modèle qui poussera les anciens colonisateurs à une restitution digne de la justice. Cette loi sera partagée avec tous les pays représentés au sein du Parlement panafricain, a assuré la 3e vice-présidente du Pap. Pour elle, les réparations ne sont pas seulement une question de réparations matérielles ou financières. Elles représentent un acte officiel de reconnaissance, un engagement à corriger les inégalités structurelles et une promesse de construire un avenir plus équitable pour les générations à venir. 

Une loi-type imminente

Cela est primordial, estime Lucia Dos Passos, pour la correction des inégalités héritées de l’ère coloniale et la réhabilitation des victimes et de leurs descendants par des mesures concrètes et durables. Chaque pays, détaille la députée capverdienne, devra élaborer un plan clair pour mener des négociations avec son ancien colonisateur, afin de garantir une restitution juste et équitable. Le relèvement de ce défi nécessite la mobilisation de toutes les forces vives du continent principalement les médias, la société civile, la jeunesse et la diaspora africaine reconnue comme la sixième région de l’Afrique. Selon elle, le Parlement panafricain attend beaucoup de ces acteurs stratégiques clés pour l’atteinte des objectifs.

« La diaspora africaine, porteuse d’une riche histoire de lutte et d’innovation, est une force indispensable pour amplifier nos aspirations continentales. Les médias, quant à eux, jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation, la diffusion des idéaux panafricains et le renforcement de la responsabilité des institutions. Enfin, la société civile est le cœur battant de nos nations, assurant que les besoins des citoyens, en particulier les plus marginalisés, soient au centre de nos politiques et actions», a expliqué la 3e vice-présidente du Parlement panafricain. Chacun de ces acteurs est invité à jouer sa partition pour que soient une réalité ces réparations pour le développement et la souveraineté du continent. C’est à juste titre, a fait savoir Lucia Dos Passos, que l’Union africaine a placé l’année 2025 sous le thème : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations». L’initiative du Pap a été saluée par tous les acteurs présents. Les quatre jours d’échanges ont été meublés de plusieurs communications suivies tant de travaux en plénière qu’en groupe. Ce qui a permis à chaque participant de prendre sa part de responsabilité pour accompagner le Parlement panafricain dans sa démarche visant à faire réparer les dommages causés aux pays africains lors de la colonisation. Cette justice réparatrice est la pierre angulaire de l’agenda de transformation de l’Afrique dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine : “L’Afrique que nous voulons”.

Le Parlement panafricain, déjà 20 ans !

Le Parlement panafricain (Pap), également connu sous le nom de Parlement africain, a été créé en mars 2004 par l’article 17 de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Il est l’organe législatif de l’Union africaine. Le Pap est composé des députés élus ou désignés par leurs Parlements nationaux respectifs ou par tout autre organe législatif national de l’Organisation continentale. Et tenant compte de leurs configurations politiques. Tous les États membres bénéficient d’une égale représentation au Parlement, soit cinq membres dont au moins une femme. Les mandats des députés courent pendant tout le temps qu’ils siègent au parlement de leurs pays. Jusque-là, le Pap a une fonction de supervision des politiques de l’Union africaine. Le but ultime du Parlement panafricain est de devenir une institution dotée de pleins pouvoirs législatifs dont les membres seraient élus au suffrage universel pour garantir une certaine stabilité à l’institution. Au départ, le siège du Pap était à Addis-Abeba en Ethiopie, mais il a été ensuite déplacé à Midrand en Afrique du Sud. 

Depuis 20 ans, le Pap œuvre pour une intégration et une unité en Afrique. En lien avec sa mission, il favorise la coopération entre les nations africaines et veille à ce que les voix des citoyens soient entendues et prises en compte dans les projets de réformes et de développement mis en route sur le continent ainsi que les problèmes et les défis auxquels l’Afrique est confrontée. Le Parlement panafricain a été créé afin d’assurer le plein épanouissement des peuples africains, le développement économique et l’intégration du continent.