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Réussir sa carrière: Les soft skills, leviers invisibles mais décisifs

Société
Ariel Djomakon, expert en employabilité Ariel Djomakon, expert en employabilité

De plus en plus valorisées par les employeurs, les compétences comportementales (communication, leadership, adaptabilité) pèsent désormais plus lourd que les diplômes dans l’évolution de la carrière. Ariel Djomakon, expert en employabilité, aborde les raisons de cette montée en puissance et livre des conseils pratiques aux jeunes professionnels.

Par   Lhys DEGLA, le 29 août 2025 à 08h46 Durée 2 min.
#soft skills

Pourquoi parle-t-on de plus en plus des soft skills dans le monde du travail, notamment en Afrique ?

Il se trouve que les demandeurs de compétences se plaignent de plus en plus de la qualité des offreurs de compétences, notamment des trois plus grandes catégories d’offreurs de compétences, à savoir les bénévoles, les employés et les prestataires. Et cette qualité tient en général dans la catégorie des capacités pour l’employabilité qu’on appelle les soft skills ou encore compétences douces. Il y a plusieurs synonymes. Ainsi, une famille ne recherchera pas juste une nounou compétente, elle préfèrera une nounou compétente et fiable. Elle préfèrera même une nounou fiable qui deviendra compétente, qu’une nounou compétente qui abusera de sa confiance. Quelle entreprise peut trouver un collaborateur compétent et correct ! Il a plus de valeur pour elle que plusieurs collaborateurs juste compétents. C’est humain. Vous convenez donc avec moi qu’en Afrique où déjà on se plaint souvent de pas avoir assez de profils d’offreurs de compétences alignées sur les besoins du marché, s’il faut y ajouter la qualité, on est en face d’un problème continental.

En quoi se distinguent-elles des compétences techniques (hard skills) ?

Les hard skills sont ceux qu’on appelle communément les compétences techniques, ce que je sais faire dans un corps de métier donné, le savoir-faire qui s’y rattache. D’où justement l’utilisation souvent faite de l’expression compétences métier ou sharp skills, Mais les soft skills sont des compétences personnelles, comportementales propres à chacun de nous. Elles peuvent s’appliquer à tous les corps de métier et utilisées dans tous les domaines de la vie. On parle donc aussi de smart skills. Plusieurs couturiers peuvent bien coudre une tenue, mais un couturier qui accueille avec sourire ses clients, livre à temps, présente de vraies excuses en cas de retard de livraison, sait apaiser les clients difficiles, a l’audace d’aller présenter ses confections à une foire, ça demande des aptitudes assez particulières.

 

Quelles qualités de leadership sont aujourd’hui les plus recherchées par les employeurs ?

La résolution de problèmes et la prise de bonnes décisions ! Un employeur ne recrute que parce qu’il a des problèmes à résoudre, donc il attend de tout employé que ses compétences quelles qu’elles soient, solutionnent ces problèmes chaque jour. Si vous savez clairement pour quel problème à résoudre vous êtes recruté.e, et que vous vous en rappelez, vous prendrez presque chaque jour des décisions allant dans ce sens comme être à l’heure, faire le travail avec excellence, dans les délais, faire le km de plus. Ce faisant, vous donnez forme à la vision de l’employeur et à la vision qu’il avait du profil qu’il recherchait, vous communiquez ainsi une forme de passion aux autres pour ce que vous faites, et subitement ils ont envie de vous imiter, de faire comme vous, de travailler sous votre responsabilité. Toutes ces qualités se retrouvent bien dans la définition du leadership de Myles Munroe que j’aime utiliser, soit que « le leadership est la capacité d’influencer les autres par l’inspiration, motivée par la passion, générée par une vision, produite par une conviction, poussée par un but ».

Pourquoi l’adaptabilité est-elle considérée comme essentielle dans un contexte de changements rapides (technologie, économie, société) ?

Avec l’évolution rapide des technologies, le chômage et le sous-emploi grandissants, les exigences des employeurs, et plein d’autres paramètres hors de notre contrôle, l’adaptabilité devient la norme. Aujourd’hui moins qu’hier, nous ne pouvons plus nous enfermer dans ce que nous savions faire, avions toujours fait ou pensions être la bonne manière de procéder. Nous devons constamment nous réinventer, faire preuve de créativité, nous adapter rapidement, sinon notre employabilité prend un coup. De personnes qui hier savaient dénicher des opportunités, voire en garder, on pourrait ne plus être très pertinent si on ne sait pas s’adapter aux évolutions diverses que subissent notre secteur, notre industrie, etc.

Selon vous, quel est le rôle des soft skills dans l’évolution de carrière par rapport aux diplômes et expériences techniques ?

Sur une échelle de 1 à 5, les évaluations de compétences valorisent à près de 4/5 le poids des soft skills dans l’évolution de carrière par rapport aux compétences techniques et aux diplômes ou certifications. Honnêtement, comme je l’ai dit, et vous pouvez le demander à n’importe quel employeur, entre un collaborateur très compétent mais imbu de sa personne et un collaborateur moyen mais serviable, on ne réfléchit pas beaucoup si on vise le long terme.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes professionnels pour développer et mettre en valeur leurs soft skills ?

Je leur dis d’apprendre à découvrir leurs soft skills, à les connaître, à savoir les nommer, les développer et les valoriser. Malheureusement beaucoup de formations aujourd’hui les engagent à développer des soft skills qu’ils ne connaissent pas préalablement. C’est une chose de dire à un jeune professionnel de développer sa communication interpersonnelle, son leadership ou son adaptabilité. C’en est une autre de l’aider à se faire une idée plus ou moins précise de sa mesure de communication interpersonnelle, de leadership et d’adaptabilité, pour qu’il soit conscient du niveau d’investissement à y apporter en fonction de son environnement, ses expériences et sa capacité d’apprentissage, pour faire la différence dans son domaine.