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Sit-in à la Faculté des sciences de la santé: Les étudiants en odontostomatologie réclament une meilleure formation

Société
Par   La Nation Bénin, le 09 mai 2018 à 07h36
[caption id="attachment_29093" align="alignnone" width="1024"]Quotidien- Pour une relève de qualité, il faut une formation de qualité[/caption]

Les étudiants de l’Unité de formation et de recherche en odontostomatologie, du moins ce qu'il en reste après la fermeture des inscriptions, sont mécontents. Ils l’ont fait savoir, ce mardi 8 mai à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Abomey-Calavi.

À la faveur d’un sit-in suivi d’un appel lancé au président de la République, les trois promotions des étudiants de l’Unité de formation et de recherche en odontostomatologie autorisées à poursuivre leur formation à la Faculté des sciences de la santé (Fss) de l’Université d’Abomey-Calavi crient au secours. Ils exigent leur droit à une formation de qualité. Sur les pancartes de fortune brandies à l’occasion, il est facile de lire, entre autres : « Pour une relève de qualité, il faut une formation de qualité », « Formation bâclée égale patient en danger. Nous disons non ! », « Stop à l’à peu près dans le domaine de la santé» et « Plus jamais de création de filière sans feuille de route dans notre pays ». 

Fortement soutenus par les étudiants des autres filières de la Fss, les trente-six étudiants encore en formation dans cette unité portent à la connaissance du premier des Béninois leur situation, appellent au secours et prennent à témoin l’opinion publique.
Oscar Adja, président de l’Association des étudiants en odontostomatologie, explique que ces manifestations ont conduit la Fss à référer la situation au gouvernement à travers le ministère de tutelle. Lui et ses camarades s’étonnent alors que depuis mars 2018, ils soient indéfiniment dans une attente qui ne les rassure guère.
Oscar Adja et compagnie affirment être mal formés du fait de quatre facteurs prépondérants, alors qu’ils sont soumis aux mêmes obligations financières que les autres étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi depuis sept ans. Il cite : « l’inexistence sur le territoire béninois d’enseignants de rang magistral dans le domaine ; le sous-équipement criard du seul laboratoire, qui de surcroît n’est pas fonctionnel, et l’inexistence de plusieurs autres laboratoires devant servir de cadre pour les travaux pratiques; l’inexistence de la clinique universitaire en odontostomatologie pour servir de cadre aux stages hospitaliers et ; la quasi-
inexistence de coordination des activités académiques entraînant une lenteur terrible et une navigation à vue dans la formation, comme entorses à une formation de qualité ».
Poursuivant son plaidoyer, M. Adja affirme que cette situation dure depuis la création de cette filière, au cours de l’année académique 2011-2012. Ce qui, affirme-t-il, n’a pas permis aux étudiants inscrits de faire ni les travaux pratiques, ni les stages hospitaliers exigés de la deuxième année en sixième année de formation. Il souffle que ce sont les protestations qui ont abouti à la suspension des inscriptions nouvelles dans cette unité de formation et de recherche, au reversement année pour année des étudiants de les deuxième et troisièmes année d’odontostomatologie en médecine générale.
Mais, ce qu’ils attendent est qu’ils soient transférés vers une autre université bien équipée pour rattraper les cours et travaux pratiques en attendant la mise en place des infrastructures et équipements de l’Unité de formation de Cotonou.
Sauver la filière au Bénin

L’odontostomatologie est en effet une spécialité médico-chirurgicale qui traite des affections de la dent et de la bouche. C’est une science moderne qui réunit en son sein plusieurs branches. Au regard de son utilité et de l’opportunité qu’elle présente, certains pays africains ont ouvert cette filière avant le Bénin et ont su mettre en place de façon progressive les dispositions nécessaires contenues dans le programme de formation harmonisée de l’Ooas. À titre illustratif, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, à leurs débuts, formaient sur place les étudiants jusqu’en 3e année d’odontostomatologie. Mais la suite de la formation se faisait dans les universités occidentales partenaires jusqu’à ce que ces pays aient le minimum de ressources humaines qualifiées et d’infrastructures techniques pour l’ouverture de tout le cursus sur le territoire national.
Il va sans dire donc qu’il existe désormais une expertise dans ces pays de la sous-région. D’ailleurs, la plupart des professeurs qui dispensent les cours aux apprenants de la filière Odontostomatologie au Bénin, arrivent de la Côte d’Ivoire. « Nous ne demandons pas être envoyés dans les pays occidentaux comme l’ont fait le Sénégal et la Côte d’Ivoire à leurs débuts. Tout ce que nous espérons, c’est d’aller continuer les études à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan d’où sont venus la plupart des enseignants de spécialité qui nous ont dispensé certains cours théoriques », a exprimé le président de l’association des étudiants en Odontostomatologie du Bénin Oscar Adja. À propos, il fait savoir qu’un projet assorti du budget estimatif de transfert des étudiants des trois premières promotions est sur la table du ministre en charge de l’Enseignement supérieur depuis plus d’un mois.
Le sort des premiers spécialistes en Odontostomatologie au Bénin est désormais dans les mains du Gouvernement.

Anselme Pascal AGUEHOUNDE