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L'Editorial de Paul AMOUSSOU: Les racines du mal

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Paul AMOUSSOU Paul AMOUSSOU

Plus le temps passe, plus le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger devient problématique. D’autant plus que le spectre de l’intervention militaire préconisée par la Cedeao s’éloigne face à la division de la communauté africaine et des occidentaux sur le principe. C’est bien inutile de rappeler les voix discordantes au sein même de la Cedeao, de l’Union africaine... Présent militairement au Niger, l’aigle américain fait curieusement profil bas et fait entendre une sonorité qui tient davantage d’une colombe que d’un rapace. Bref, l’option de la force a du plomb dans l’aile.

Par   Paul AMOUSSOU, le 21 août 2023 à 09h10 Durée 3 min.
#L'éditorial de Paul Amoussou
Consciente de cet état de choses, la junte nigérienne bombe le torse. Et nargue la Cedeao. Elle avait déjà choisi la veille du dernier sommet de la conférence des chefs d’État à Abuja pour former un gouvernement. Elle vient de choisir le jour où son chef daigne recevoir la délégation de la Cedeao maintes fois éconduite pour annoncer une transition qui tient sur la même durée que ses congénères du Mali et du Burkina : 3 ans !
Au cours de l’allocution dont il a profité pour faire cette annonce, le chef de la junte nigérienne déroule également une feuille de route qui indique clairement à ceux qui nourrissent l’espoir d’un rétablissement de l’ordre constitutionnel qu’ils se bercent plutôt d’illusions ! C’est par un pied de nez permanent que s’illustre cette junte comme celles malienne ou burkinabè.
Au-delà de ces éléments factuels, il faut s’interroger sur les racines du mal. Comment en est-on arrivé à cette forme de défiance narquoise ?
Ce peu de considération manifesté à l’égard de l’instance communautaire est révélateur d’un mal-être profond. La pâte de l’intégration régionale n’a pas suffisamment moussé, faute d’une pénétration des peuples non impactés par ses règlements et mesures dont la plus emblématique, symbole du fiasco d’une ambition d’intégration, reste la circulation des personnes et des biens. C’est juste consternant la traduction que font douaniers et policiers de l’idéal de l’intégration, d’Abuja à Monrovia !
Vous avez dit intégration ? Loin de la bureaucratie institutionnelle, les peuples cherchent désespérément sa signification dans leur vie quotidienne. A défaut d’un raccordement ombilical qui fait sens, pourquoi s’étonner du déficit d’adhésion populaire actuellement perceptible face au cas nigérien ? 
D’autant plus que sur l’échiquier régional, pointe un autre déficit : celui d’un leadership qui fait cruellement défaut.
Quand bien même le phénomène n’est pas propre à l’Afrique de l’ouest ou au continent africain, lorsque la voix d’autorité vient à manquer de façon aussi criante, tout part en vrille. Au sein d’une famille comme d’une communauté d’États. Cette faille fait le lit de l’émergence de ces seconds couteaux qui s’imposent en profitant d’un vide, aidés par des armes. Pour autant, leur destin ne peut être que celui d’Iznogoud, du nom de ce personnage de bande dessinée, Vizir qui manœuvre pour devenir Calife à la place du Calife. Quête vaine !