La Nation Bénin...
De
jeunes bacheliers et étudiants ont visité la Centrale thermique de Maria-Gléta
2 pour constater le fonctionnement du site de production d’électricité mais
surtout comprendre le mécanisme mis en œuvre pour assurer la durabilité de
l’infrastructure. C’était dans la matinée du mercredi 11 septembre, à
Abomey-Calavi.
Érigée
sur domaine d’environ 21 ha, la centrale thermique de Maria-Gléta n’a pas
failli depuis sa mise en service en août 2019. Cinq ans après, une centaine de
jeunes bacheliers et étudiants constatent ses performances et son rôle
essentiel dans la fourniture de l’énergie électrique au Bénin, couvrant de fait
50 % des besoins.
De
l’aire de dépotage où sont gardés les combustibles (fiouls lourds, le gasoil,
les huiles de lubrification) destinés à l’usage des moteurs, à l’aire des
pompes d’alimentation permettant d’acheminer lesdits hydrocarbures, passant par
la salle des séparateurs pour leur traitement, et celle des compresseurs
contenant des équipements à pour la production d’air comprimé utile au
démarrage des moteurs, les visiteurs se sont ensuite rendus à la salle de
l’incinérateur qui permet d’incinérer les déchets solides et liquide à
l’intérieur de la centrale.
Alliant
curiosité et émerveillement, les jeunes pouvaient s’interroger sur le pourquoi
de la présence de telle machine ou telle autre face à une guide visiblement
aguerrie et passionnée par son métier. Dans les moindres détails, Daki
Tokoudagba, ingénieur en génie électrique, responsable Hygiène, sécurité,
environnement (Hse) de la centrale s’est prêtée à l’exercice. « Vous avez ici
un conteneur qui permet de faire face au risque d’incendie et là, un autre qui
permet de faire les traitements d’eau à l’intérieur de la centrale (l’eau de
refroidissement des moteurs dépourvu du calcium et l’eau en besoin sanitaire de
la maison). Ensuite, nous avons ce bassin qui recueille l’eau pluvieuse pour
éviter l’inondation à l’intérieur, et pour nous assurer de la qualité de cette
eau, nous y élevons des poissons ».
Après cette étape de la visite, le groupe conduit par Daki Tokoudagba s’est rendu sur l’aire des chaudières, ces équipements qui produisent de la vapeur, très essentiels pour le fonctionnement de la centrale. Car, explique la guide, la vapeur permet de garder le fioul lourd à une température donnée afin de faciliter son transport vers les moteurs, et aussi de garder le moteur à une certaine température pour faciliter son démarrage. Il s’ensuivra la découverte de la salle des moteurs dans un grand bâtiment. « Nous avons 7 moteurs qui sont de marque Man, qui peuvent tourner jusqu’à 500 tours/minutes et dispose de 18 cylindres. Chaque moteur est connecté à un alternateur qui peut déployer une puissance de 18.5 MW, soit une capacité totale 129 MW environ », a indiqué la responsable Hygiène, sécurité, environnement (Hse) de la centrale thermique de Maria-Gléta 2. La visite s’achève à la salle de commande où s’assure la supervision de l’ouvrage. «Nous avons beaucoup de visite d’école mais à chaque fois, c’est le même émerveillement. Je suis content de voir cette jeunesse qui comprend ce que l’on fait et qui pose les bonnes questions », a déclaré Christophe Pringault, directeur de Bwsc Bénin, gestionnaire de la Centrale. Il va ajouter : « Après cinq années de fonctionnement, nous avons 36 000 heures de marche des moteurs. Techniquement, c’est un bon succès. Et l’ensemble du personnel béninois fait tout le travail associé à cette centrale, c’est-à-dire toute la révision importante. Nous n’avons eu aucun incident sérieux ces 5 dernières années. Nous avons coupé cette centrale, une fois 35 minutes et une fois une heure, en 5 ans ». Il rassure sur le respect des normes environnementales, expliquant que la centrale tourne à 85 % sur la base du gaz, qui est beaucoup moins polluant que le Hfo diesel (carburant marin le plus exploité, le moins cher, mais c'est aussi celui qui contient la plus haute teneur en soufre. C'est un liquide très visqueux, à la limite goudronneux qui doit être préchauffé avant son utilisation). Aussi, selon Christophe Pringault, les moteurs sont capables de tourner des produits verts. «Demain, si l’on arrive à trouver des produits verts à un prix cohérent, on aura une centrale qui sera 100 % vert. Il n’y a aucun pesticide ici, et nous avons des oiseaux qui viennent migrer », assure-t-il.
Des propos qui seront renchéris par Voltaire Dahounto, directeur de la Maintenance de la centrale thermique de Maria Gléta 2 : «Nous tournons principalement au combustible gazeux, et cela nous permet d’avoir des coûts de production assez raisonnables. Nous sommes raccordés au gazoduc qui quitte le Nigeria et qui nous alimente. Nous avons également un combustible de back-up qui est le fioul lourd. Et nous avons une capacité qui nous permet de tourner en cas de rupture d’approvisionnement du gaz provenant du Nigeria, pendant 10 jours sur nos réservoirs ». Pour lui, la qualité de l’infrastructure est telle qu’il faut rassurer le contribuable béninois sur son fonctionnement. Des systèmes de traitement du combustible aux systèmes de filtration, de contrôle de la qualité des émissions, de même que toute l’armoire de distribution basse tension et moyenne tension, ainsi que les systèmes de protection et le système de contrôle de dernière génération qui permet de piloter l’ensemble des équipements, tout est mis en œuvre pour faire de cette centrale une référence, à en croire directeur de la maintenance.
«
C’est avec beaucoup de joie que nous avons fait cette visite parce que
l’infrastructure que nous avons inaugurée, il y a 5 ans, est bien entretenue et
est dans un état de propreté, de conservation tel que lorsque vous savez que ces équipements ont
fonctionné pratiquement pendant 36 000 heures, vous êtes sidéré et cela
témoigne du fait que la centrale remplit ses obligations. Cela veut dire aussi
que nous sommes en train de fonctionner avec une disponibilité supérieure 95 %
», a indiqué Emeric Tokoudagba, directeur de la Société béninoise de production
d’électricité, assurant que les équipements sont capables de passer d’un
combustible à l’autre sans être mis à l’arrêt notamment en cas de soucis d’approvisionnement
en gaz provenant du Nigeria. «J’ai compris comment on produit et distribue le
courant électrique. Cela me motive davantage à beaucoup travailler, et ainsi
j’aurais la chance de travailler un jour à la Ceb, à la centrale ou à la Sbee.
Notre guide était une femme, et j’ai aussi noté que les femmes peuvent tout
faire. Il n’y a pas de filière réservée exclusivement aux garçons », a confié
Estelle Sèhou, étudiante en 2e année d’Electro-technique dans un établissement
supérieur privé à Abomey-Calavi