La thématique a déchainé les passions et les langues se sont déliées. ‘’Promotion d’une démocratie au service du développement : une question des droits de l’homme’’ était au cœur des échanges organisés par l’Institut des artisans de justice et de paix Chant d’oiseau (Iajp/Co), jeudi dernier. Et le casting des panélistes s’y prêtait aussi. Jean-Baptiste Elias, président du Front des organisations nationales de lutte contre la corruption (Fonac), Dodji Amouzouvi, sociologue-anthropologue, et Mariama Baba-Moussa de l’Association d'aide pour le développement des femmes du Bénin (Aadef Bénin). Étaient aussi présents, des cadres politico-administratifs, des universitaires et des acteurs de la Société civile.
Après la définition des concepts, les panélistes se sont attardés sur les principes de la démocratie. Il s’agit notamment de la participation des citoyens, de l’égalité, de la responsabilité, de la transparence dans la gestion, de la tolérance politique, du système du multipartisme, du contrôle de l’abus de pouvoir, de la liberté économique, de la déclaration des droits, des élections libres et équitables, de l’indépendance de la justice, de l’acceptation des résultats des élections, et de l’Etat de droit.
Selon Jean-Baptiste Elias, le Bénin peut mieux faire en matière de déploiement, de mise en œuvre des principes démocratiques et de leur respect, à l’instar des 128 autres pays reconnus par l’Organisation des Nations unies comme étant des pays démocratiques.
Quant au sociologue-anthropologue Dodji Amouzouvi, il rétorque : « nous ne faisons pas de la démocratie au Bénin; aucun peuple ne fait de la démocratie dans la pratique. » Il fait observer que la démocratie est un vœu, c’est une pétition de principes, un horizon, un rêve. « Et si nous parvenons à concocter cette sauce, nous allons réussir le vivre-ensemble », croit-il. Des propos que Mariama Baba-Moussa tempère en répondant que «le Bénin applique la démocratie avec malheureusement quelques insuffisances ». Elle évoque les avancées que les différents régimes ont pu engranger depuis 1990.
Internaliser la démocratie
Partis sur la base de ce que les grandes démocraties se sont construites sur les valeurs endogènes des pays où elles ont émergé, les débatteurs ont, dans leur majorité, convenu qu’il faudra repenser la démocratie en Afrique et sous les tropiques. A la lumière de ses analyses, Dodji Amouzouvi pense que la démocratie est en perpétuelle construction. Elle repose certes sur des valeurs universelles. Mais il ajoute : « L’humanité commet la grave erreur de penser que les référents des Etats-Unis doivent être les référents du Bénin ». D’où son appel à loger les valeurs démocratiques dans les réalités propres à chaque Etat. Mieux, il estime que la démocratie n’est pas le moteur du développement, bien au contraire. « C’est le développement qui assure la démocratie », postule-t-il. Voilà pourquoi il émet le vœu que des moyens soient véritablement donnés aux forces et responsables indiqués afin que le développement avance, et ne soit plus freiné de façon fantaisiste.
Une position appuyée par Mariama Baba-Moussa qui insiste sur les valeurs endogènes qui doivent être prises en compte dans le cadre de la mise en œuvre du chantier de la démocratie. Les vecteurs que proposent les panélistes tournent essentiellement autour de la bonne gouvernance et de l’éducation à la citoyenneté, afin d’avoir des peuples formés, et des moyens d’assurer une démocratie qui conduit au développement et au respect des droits humains...
Au nom du directeur, c’est l’abbé Hermann Agboffo, directeur adjoint de l’Iajp-Co, qui a procédé à la clôture des travaux. Selon lui, « ce fut un panel riche en enseignements ». Il a ensuite salué la disponibilité des participants aux différentes activités de l’Institut avant d’annoncer que la prochaine conférence est prévue pour le 14 septembre 2023?