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Christophe Agbodji à propros de la gestion des collectivités locales: « L’objectif de dépolitisation de la gestion des communes atteint »

Décentralisation
Christophe Agbodji, conseiller communal à Houéyogbé Christophe Agbodji, conseiller communal à Houéyogbé

La réforme de l’administration territoriale était annoncée pour dynamiser la gestion des collectivités territoriales et accélérer leur processus de développement. Même s’il s’observe encore quelques retards dus au fonctionnement interne de certaines communes, la réforme a donné un véritable coup d’accélérateur à la gestion des collectivités locales. Dans cet entretien, Christophe Agbodji, conseiller communal à Houéyogbé partage sa lecture de la nouvelle expérience et fait des propositions qui pourraient, à l’entendre, permettre de booster le développement local. 

Par   Désiré G. TCHOKPONHOUE (Stag.), le 20 sept. 2023 à 07h26 Durée 4 min.
#Christophe Agbodji
La Nation : En votre qualité de conseiller communal, quel regard portez-vous  sur la mise en œuvre de la réforme de l’administration territoriale ? 

Christophe Agbodji : Permettez-moi, s’il vous plaît, de saluer le génie qui est à l’arrière-plan de cette noble initiative. L’idée est de remettre nos entités décentralisées sur les rails dans un environnement où la politique à outrance et l’amateurisme avec leur cortège de mal gouvernance ont pris le pas sur le bon sens et la prise au sérieux du mandat électif. 
Le gouvernement a atteint l’objectif de dépolitisation de la gestion des communes, à mon avis. Désormais, ce sont des fonctionnaires venus, pour la plupart, d’autres horizons qui assurent l’administration des communes. Et c’est une bonne chose. Il y a une sorte de facilités pour ceux-ci à régler des problèmes qui pourraient être difficiles à résoudre par un maire qui a reçu mandat de sa population. Ce sont ses frères et sœurs, ses pères et mères, ses parents. La personnalité nouvelle ou l’image d’étranger qu’affiche le Secrétaire exécutif redonne de la vigueur à l’administration et impose aux populations de se reprendre et de faire face à leurs responsabilités vis-à-vis de la communauté. La vision est bonne. Mais curieusement, on observe une sorte de tentative de sabotage de la réforme. Et c’est triste.

Qu’entendez-vous exactement par là ?

A peine venons-nous d’amorcer la réforme qu’on constate déjà un relâchement de la part des nouveaux gestionnaires des entités décentralisées. Des excès de zèle sont constatés ici et là ; on note une forme de propension à la violation des textes. La plupart des administrateurs désignés affichent leurs tares relativement aux missions qui leur sont confiées. En fait, ils ne semblent pas seulement négligents. Ils expriment ouvertement aussi leur incompétence pour ces postes auxquels ils ont pourtant postulé et auxquels ils ont été recrutés.
Qu’est-ce qui n’a pas marché alors ?

Il est possible que le mécanisme de sélection des administrateurs ait manqué de rigueur. J’ai l’impression que nous n’avons pas les meilleurs profils aux différents postes. Ce que je dis ne concerne pas la totalité des cadres recrutés. Toutefois, la plupart d’entre eux fonctionnent comme je l’ai décrit plus haut. Il vous suffit de vous renseigner un peu ici et là pour vous en rendre compte. Il est également possible que les cadres recrutés et mis à disposition des collectivités territoriales n’aient pas suffisamment compris leurs cahiers des charges. Ils peinent toujours à se retrouver dans leur rôle, se voyant presque obligés d’improviser. Le risque est grand que les bonnes décisions ne soient pas prises pendant une période relativement longue. Ce qui est déplaisant reste pourtant que nos populations doivent payer pour cette gestion hasardeuse.

Que faire, d’après vous, pour résoudre ces problèmes ? 

J’ai évoqué certaines de ces solutions, plus haut. Il faut, pour commencer, éclairer à nouveau les cadres recrutés sur le contenu précis de leurs cahiers des charges. Ils n’ont pas l’air, selon moi, de comprendre la philosophie de la réforme. Elle est moins destinée à créer des emplois qu’à faire décoller les communes. Il faudra également intensifier les formations, les mises à niveau, actualiser les connaissances des cadres qui sont déjà en poste. 
Par ailleurs, il faudra être plus rigoureux lors des prochaines sélections. C’est, à mon avis, le seul chemin pour réussir le pari du succès de la réforme de l’administration territoriale.