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Ibrahim Baparapé Taïrou, 2e adjoint au maire de Kouandé: « Avec cette réforme, le maire est plus disponible »

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Ibrahim Baparapé Taïrou, 2e  adjoint au maire de Kouandé Ibrahim Baparapé Taïrou, 2e adjoint au maire de Kouandé

La réforme sur la décentralisation est une aubaine pour les communes et les autorités locales. Grâce à elle, les activités politiques du maire se déroulent sans flottement et l’administration communale fonctionne sans discontinuité. Dans cet entretien, Ibrahim Baparapé Taïrou, deuxième adjoint au maire de Kouandé, apprécie les impacts de la réforme, après un an de mise en œuvre.

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 26 sept. 2023 à 05h12 Durée 4 min.
#Ibrahim Baparapé Taïrou #2e adjoint au maire de Kouandé

La Nation : La commune de Kouandé, à l’instar des autres communes du Bénin, a intégré la réforme sur la décentralisation. Un an après, quelle appréciation en faites-vous ?

 

Ibrahim Baraparé Taïrou : Mon appréciation sur cette réforme est positive. Depuis son avènement, nous avons un chef d’équipe à la mairie, qui est disponible, contrairement à ce qui se faisait. Auparavant, c’est le maire qui doit être sur le terrain, aller écouter sa population, suivre tout ce qui se fait au niveau de la commune et penser à la fois à la politique et à l’administration… Tout cela constitue assez de charges pour l’autorité communale. Avec la mise en œuvre de cette réforme et surtout l’avènement des secrétaires exécutifs, le maire n’a plus à s’occuper de l’exécution des travaux et des tâches administratives et techniques de la mairie, qui demandaient assez d’énergie. Il ne s’occupe désormais que de la politique communale, la politique de développement et aussi de la recherche de nouveaux partenariats pour booster le développement de sa commune. C’est l’appréciation que je peux donner de la réforme. 

Quels sont les enjeux de cette réforme pour votre commune ?

 

Les enjeux pour le développement de la commune de Kouandé, c’est d’abord la mobilisation des ressources propres. Nous savons qu’il y a de grandes potentialités à Kouandé que nous n’arrivons toujours pas à saisir. Avec l’arrivée de la Secrétaire exécutive qui se positionne comme moteur de recouvrement et n’ayant pas été investie d’un mandat politique, elle peut faire cette mobilisation sans arrière-pensée, contrairement aux maires qui n’y mettent pas la rigueur parce qu’on a besoin de l’électorat.

Mais l’une des préoccupations essentielles à Kouandé, c’est le manque de cadres compétents. Il faut dire que depuis le début de la décentralisation, Kouandé n’a pas bénéficié d’un service technique avec des cadres qui sont à la hauteur de la tâche, des cadres vraiment compétents. Kouandé a beaucoup souffert de ce manque de cadres compétents, ce qui fait que pour les infrastructures réalisées, la qualité laisse à désirer. Le défi pour la commune de Kouandé, c’est donc la disponibilité de cadres compétents, pour exécuter les tâches de développement de la commune suivant la politique que les élus locaux ont définie. 

Quels sont les acquis, un an après la mise en œuvre de cette réforme ?

 

Ce serait trop tôt de faire une comparaison de la période d’avant la réforme avec celle de sa mise en œuvre. Mais les résultats frappent déjà à l’œil. Cette mandature a fait de la mobilisation des ressources, le vecteur principal de sa gouvernance. Ce qui fait que l’année passée, Kouandé s’est positionnée comme la première commune en termes de mobilisation de ressources propres et d’accroissement de ressources pour le développement. Au regard de cette réalité, on peut dire que l’action des Se n’est pas restée sans conséquence quant à cette réussite.

Ce qui a changé après la mise en œuvre de cette réforme ici dans la commune de Kouandé, c’est que même les organes infracommunaux s’animent désormais. Les conseils d’arrondissement se tiennent régulièrement, les conseils de village aussi par endroits et au niveau de la commune même, les différents conseils se sont tenus avec moins de réclamations. Il faut le souligner, avant, les maires étaient confrontés aussi à cette réalité où chacun cherche à tirer le drap de son côté ; même lors de la répartition des ressources au moment de l’élaboration du budget, chacun tire de son côté. Aujourd’hui, c’est suivant les priorités que les choses se décident. 

Que suggérez-vous pour parfaire la réforme afin qu’elle atteigne ses objectifs ?

 

Si nous avons une suggestion à faire, c’est par rapport à la diminution du pouvoir du conseil communal où, avec cette réforme, tous les conseillers ne se retrouvent pas dans la politique de décision. C’est d’abord le conseil de supervision qui valide avec seulement sept membres, dont le maire, les adjoints et les présidents des quatre commissions permanentes. Le conseil communal ne se charge que de valider ce qui a été adopté par le conseil de supervision. C’est mal vu des autres conseillers, car, au niveau du conseil communal, c’est là où on a le grand lot de conseillers. Donc c’est seulement sept personnes qui adoptent la politique et les autres n’ont pour options que de valider ou de demander à ce que ce soit revu avec de nouvelles propositions concrètes. A ce niveau, le conseiller communal, sans tâche assignée, se trouve dénudé de son ‘’ pouvoir de décideur’’. Il reste à revoir cet aspect de la réforme pour que le conseiller se sente véritablement impliqué dans la gestion de sa commune.

L’autre chose, c’est que les agents des mairies relèvent directement des Se et non des maires. Si à Kouandé, la collaboration entre le maire et la Se est sans anicroche, ailleurs où des Se pourraient se montrer très ‘’arrogants’’, cela peut créer des difficultés dans la mise en œuvre des politiques de développement au niveau de la commune. Les Se ont plein pouvoir dans certains domaines, par exemple celui de la signature de la demande de partenariat dans le cadre des coopérations, ce qui relève du domaine du maire qui décide de la politique de développement de sa commune. 

Que conseillez-vous aujourd’hui aux différents acteurs pour accompagner la réforme sur la décentralisation ?

 

Pour que la réforme sur la décentralisation connaisse du succès, il faut que chacun maitrise son domaine d’intervention, ce qu’il a à faire, les responsabilités qui sont les siennes et que chacun essaie de respecter les attributions de l’autre. C’est ainsi qu’une bonne collaboration peut naître entre les deux acteurs pivots du développement de la commune. Quant à la population, elle doit comprendre que les communes sont dans une nouvelle ère. Ce qui fait le poids de la commune, c’est la mobilisation des ressources propres, et qui dit mobilisation des ressources, dit contribution des citoyens qui sont dans la commune. C’est l’heure pour nous d’inviter chacun à s’acquitter de son devoir. C’est à ce prix que l’objectif de développement de la commune sera atteint, à la satisfaction de tout le monde?