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Un an d’exercice des secrétaires exécutifs: De l’embellie dans le Mono, le Couffo et l’Atlantique

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Odjo Dominique Ogoudele, Se Lokossa, a pris des mesures nécessaires pour un recouvrement optimal des recettes de la commune Odjo Dominique Ogoudele, Se Lokossa, a pris des mesures nécessaires pour un recouvrement optimal des recettes de la commune

Les secrétaires exécutifs, chevilles ouvrières de la réforme de la décentralisation opérée en 2021, et entrés en fonction au mois d’avril 2022, s’activent dans la plupart des communes à tenir la promesse des fleurs. Bilan un an après dans les départements du Mono et du Couffo.

Par   Paul AMOUSSOU/ Arnaud DOMANHOUN, le 29 août 2023 à 06h03 Durée 10 min.
#SE
L’avènement des secrétaires exécutifs dans le dispositif de gestion de l’administration communale fait bouger les lignes. C’est du moins le constat fait à Lokossa, Bopa, Klouékanmè, Houéyogbé, Djakotomey, Athiémé, Lalo, Grand-Popo…
Grâce aux actions déployées depuis son installation comme Secrétaire exécutif (Se) de la mairie de Klouékanmè, Albert N’Tcha indique qu’il y a eu des embellies. Pour preuve, sa commune a été distinguée par la préfecture, première commune du département du Couffo en matière de mobilisation de ressources, avec plus de 100 % de taux de mobilisation en 2022 contre 82 % en 2021. 
En 2021, la prévision des ressources propres était de l’ordre de 140 millions, et de 159 millions en 2022. Klouékanmè a aussi décroché le prix de la commune la plus propre.
Localité agricole à plus de 80 %, avec comme production des agrumes et des tomates, la taxe relative à la Contribution au développement local (Cdl) constitue une part substantielle du budget communal. Les recettes propres, dans la commune de Bopa, sont aussi passées à environ 97 % de taux de mobilisation, après un premier bond de 60 % à 70 % selon le Se, Sime Bio Issa. Pour l’atteinte de ces résultats, une nouvelle dynamique a été impulsée. Les poches d’évasions fiscales ont été notamment fermées, la revalorisation de certaines valeurs inactives enclenchée,  et de nouvelles sources explorées pour l’élargissement de l’assiette fiscale. Aussi, des réponses mieux ciblées sont apportées aux préoccupations essentielles des communautés à la base. 
« La mairie arrive aujourd’hui à supporter certaines charges sur ressources propres. Ceux qui demandaient, à quoi servent les tickets dans les marchés, nous appuient désormais les jours de marché. Aussi bien les agents que les élus, chacun s’implique. Il y a une transparence dans la gestion, les gens savent à quoi servent les fonds collectés… », fait observer David Amoussouvi, président de l’association de développement de l’arrondissement de Gbakpodji, commune de Bopa. 
Indubitablement, dans les départements du Mono et du Couffo, la mayonnaise prend, et les acteurs sont optimistes quant à l’atteinte des objectifs visés par la réforme.
Selon Yébé Houéfa Bérénice Cyrillia, Se de Grand-Popo, l’assiette issue de la Contribution au développement local s’est améliorée grâce à la sécurisation des ressources. Notamment celles issues des marchés et de la gare routière de Hilacondji ainsi que des champs maraichers. Une prise en main rigoureuse des acheteurs en bord champs qui s’arrangeaient pour faire leurs opérations nuitamment près les maraichers, a contribué également à cette amélioration ayant permis un résultat de 
111 % en termes de mobilisation de ressources à Grand-Popo de mai 2022 à avril dernier.  
A Djakotomey, dans le département du Couffo, la tendance baissière observée dans la mobilisation des ressources les trois dernières années d’exercice avant l’implémentation de la réforme a été régulée. « Nous avons pris les rênes de la mairie pratiquement au mois de mai, et en décembre 2022, il y a eu une amélioration de plus de 15 millions francs Cfa, par rapport au taux global mobilisé l’année précédente », a indiqué Wenceslas Lokonon, Se Djakotomey. Il en déduit que les réformes engagées dans le cadre de la revalorisation ou de l’élargissement des régies ont commencé par porter leurs fruits dans cette commune. 

Une meilleure collaboration

Pour une meilleure mobilisation des recettes au niveau des marchés, les Secrétaires exécutifs ont procédé, à Grand-Popo comme à Djakotomey, au renforcement des capacités des agents collecteurs. Si à Grand-Popo, Yebe Houefa Bérénice Cyrillia se targue d’avoir limité les échappées belles par un contrôle plus rigoureux du mécanisme de collecte, son collègue Albert N’Tcha de Klouékanmey indique: « On m’a fait savoir que les agents collecteurs n’étaient pas de bonne moralité, et qu’ils ne font pas le travail comme cela se doit. J’ai lancé le recrutement d’une soixantaine d’agents collecteurs. Nous leur avons donné des formations, des uniformes afin de les distinguer de loin dans les marchés mais malgré cela il y a toujours des gangrènes parmi eux », déplore-t-il. 
En dépit des difficultés qui subsistent à ce propos, il est apparu qu’un nouveau rythme a été imprimé à la collecte des taxes dont celles ayant trait aux manifestations bruyantes, aux cérémonies d’inhumation, à la Contribution au développement local (Cdl), aux taxes sur les produits agricoles et les activités marchandes, et sur l’exploitation des carrières. 
Fier du résultat obtenu au bout de 8 mois d’exercice, Assan Aoudou Moutawakilou, Se de la commune de Houeyogbé se réjouit d’avoir atteint environ 4 millions à fin 2022, alors qu’il a hérité à sa prise de fonction d’une ressource communale de seulement 200 mille francs Cfa.
Pourtant, ce pari n’était pas gagné d’avance. « Aujourd’hui, il y a un grand changement en ce qui concerne la mobilisation des ressources. Nous faisons régulièrement le point, en tant qu’acteurs de développement à la base, et nous apprécions les avancées… », confie Rémi Soussou, président de l’association de développement de l’arrondissement de Lokossa. Il approuve la nouvelle forme de collaboration avec les acteurs à la base. De 2021 à 2022, les recettes propres se sont accrues à Lokossa. La Taxe professionnelle synthétique est passée de 29 330 641 F cfa à 37 330 605 F Cfa. La Taxe foncière unique de 62 870 693 F cfa à 82 675 835 F cfa. La Taxe sur la publicité de 
2 777 000 Fcfa à 28 438 900 F Cfa , et la Taxe sur Stationnement de 0 F à 2 885 000 F Cfa. 

Changer de statut 

Au titre des actions mises en œuvre pour réaliser ces exploits, Odjo Dominique Ogoudele, Se Lokossa, mentionne le recouvrement de la Contribution au développement local (Cdl) par les aides collecteurs, la signature d’une convention mairie-impôts pour la mobilisation des ressources fiscales. Un accent a été également mis sur la perception de la Cdl au cubage à un montant de 1000 F/m³ aux transporteurs. Un cadre de concertation pour la mobilisation des ressources propres et un comité de trésorerie sont mis en place, et une étude d’évaluation du potentiel économique de la commune commanditée. « Le Secrétaire exécutif prend les mesures nécessaires pour un recouvrement optimal des recettes de la commune ». Telles sont les dispositions de l’article 137 de la loi portant code de l’administration territoriale. Les Se s’y attellent dans les communes de Lokossa, Bopa, Klouékanmè, Houéyogbé, Djakotomey, Athiémé, Grand-Popo et Lalo. 
Cyriaque Domingo, maire de la commune de Houéyogbé, vice-président des maires du Bénin note: « il y a beaucoup de changements en ce qui concerne les recettes parce que nous, étant politiques, nous sommes parfois limités. Mais les Se peuvent tout faire. Par exemple, quand on fermait une boutique pour défaut de paiement d’impôt, on venait voir le maire pour pleurer, et il intervient. Aujourd’hui, tout cela est fini. Les recettes sont mieux mobilisées ». Il espèce voir à cette allure, sa commune franchir la barre des 500 millions de recette, afin de passer de son statut actuel de commune ordinaire, à celui de commune intermédiaire. Des efforts sont donc consentis avec des résultats probants et les acteurs entendent maintenir le cap. 
« En avril 2022, nous avons hérité d’une recette mensuelle du mois de mars d’environ 12 millions.  Nous nous sommes mis à identifier les goulots d'étranglement pour apporter des réponses. A partir du mois d’octobre où les mesures ont commencé par porter, les recettes sont passées à environ 15 millions, puis à 18 millions en novembre et 22 millions en décembre 2022 », détaille l’ex-Se de la commune de Houéyogbé. Il ajoute que d’autres mesures sont mises en place en fin d’année 2022. « Ces mesures ont permis de collecter jusqu’à 33,5 millions en février 2023. Tout compte fait, depuis octobre 2022, nous n’avons pas mobilisé moins de la recette mensuelle de 12 millions héritée au dernier mois avant notre installation », soutenait Assan Aoudou Moutawakilou avant de passer le témoin. Cette dynamique va se poursuivre, assure Elie Kokou Tchatchabloukou, Se de la commune d’Athiémé. 
La Secrétaire exécutive de Grand-Popo inscrit clairement son action dans cette dynamique. Elle entend de ce fait doter la commune d’une gare routière plus moderne, notamment pour éviter la fuite des ressources, et œuvrer pour le développement du tourisme, une manne que Grand-Popo ne capte pas encore en raison de l’absence de dispositifs adéquats à cet effet. Il s’agit selon Yebe Houefa Bérénice Cyrillia, de capitaliser les attraits touristiques encore inexploités, afin d’élargir l’assiette des recettes de la commune.