Conditions monétaires dans l’Uemoa: Détente progressive, vigilance accrue

La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a poursuivi sa politique de soutien à l’économie en satisfaisant les besoins de liquidité exprimés par les banques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Cette orientation s’inscrit dans le prolongement de la décision du Comité de politique monétaire, intervenue en juin 2025, de réduire de 25 points de base ses taux directeurs afin de stimuler le crédit et soutenir la croissance. Depuis le 16 juin 2025, le taux minimum de soumission aux adjudications de liquidité est resté fixé à 3,25 %, tandis que le taux du guichet de prêt marginal est demeuré à 5,25 %. Ce cadre monétaire accommodant a contribué à une amélioration progressive de la liquidité bancaire à l’échelle de l’Union. Sur le troisième trimestre 2025, le déficit de liquidité propre des banques de l’Uemoa s’est réduit de 78,5 milliards Fcfa pour s’établir à -3.567,6 milliards Fcfa. Cette évolution favorable est principalement liée aux versements nets de billets aux guichets bancaires (+234,0 milliards Fcfa) ainsi qu’aux transferts nets reçus par les banques (+181,7 milliards FCfa). Toutefois, cette dynamique a été partiellement atténuée par les transactions avec les Trésors publics et d’autres facteurs nets, qui ont retranché 337,2 milliards FCfa à la liquidité globale. En cohérence avec cette amélioration, le recours des banques au refinancement de la Bceao a diminué de 122,6 milliards Fcfa sur le trimestre, pour s’établir à 7.919,9 milliards Fcfa à fin septembre 2025.

Les banques de l’Union ont continué à afficher une situation confortable au regard des exigences de réserves obligatoires. Sur la période de constitution allant du 16 août au 15 septembre 2025, les réserves requises se sont élevées à 1.319,5 milliards FCfa, tandis que les réserves effectivement constituées ont atteint 3.995,5 milliards Fcfa, soit un excédent de 2.676,1 milliards FCFA. Ce niveau reste élevé, bien qu’en léger recul par rapport à l’excédent observé au trimestre précédent.

Baisse généralisée des taux d’intérêt

L’assouplissement monétaire s’est traduit par un recul des taux d’intérêt sur le marché monétaire. Le taux moyen pondéré des adjudications à une semaine de la Bceao est ressorti à 4,16 %, contre 4,75 % au trimestre précédent. Sur le marché interbancaire, le taux moyen pondéré a également reculé, s’établissant à 4,92 %, contre 5,32 % trois mois plus tôt. Cette tendance baissière s’est accompagnée d’une diminution modérée des volumes de transactions, qui se sont établis en moyenne à 809 milliards Fcfa par semaine, contre 830 milliards FCfa au trimestre précédent. Le taux débiteur moyen, hors taxes et charges, s’est établi à 6,67 % au troisième trimestre 2025, en baisse de 6 points de base. Cette détente a principalement bénéficié aux ménages (-10 pdb) et aux sociétés non financières (-4 pdb), renforçant ainsi l’accès au financement pour les acteurs économiques. Toutefois, certains segments ont connu un renchérissement du coût du crédit, notamment l’immobilier, l’équipement et d’autres utilisations spécifiques, traduisant une approche plus sélective des banques face aux risques sectoriels. Si le cadre monétaire régional demeure globalement favorable, il est observé une légère hausse des taux débiteurs au Bénin, qui appelle ainsi à une attention particulière. Elle pourrait refléter des facteurs spécifiques liés à la structure de la demande de crédit, au profil de risque des emprunteurs ou à des ajustements prudentiels opérés par les banques. La politique monétaire accommodante de la Bceao continue de jouer son rôle de stabilisateur, tout en appelant à une gestion prudente et différenciée selon les réalités nationales.